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Assemblée, un début de mandature au diesel


Tahiti, le 7 juin 2023 - Les premiers pas de la nouvelle majorité Tavini et du gouvernement de Moetai Brotherson sont attendus. Depuis la victoire du camp indépendantiste, le 30 avril dernier, les désirs d'un changement de gouvernance et de cap pour la Polynésie française sont largement relayés par la population. Mais depuis leur prise de fonction, ministres et élus de l'assemblée prennent leurs marques.
 
À peine élu, Moetai Brotherson s'envolait pour la Corée du Sud puis la France, laissant quelque part orphelins une équipe ministérielle et les élus de Tarahoi. Une absence que n'a pas pu combler le président de l'assemblée de la Polynésie française, Tony Géros, frappé par un deuil familial.
 
En attendant se tiennent des conseils des ministres d'où aucune information ne sort. La presse n'est pas destinataire des comptes rendus et les dossiers sur lesquels travaille le gouvernement ne transparaissent pas. Au Journal officiel, quelques nominations, beaucoup de départs de services et des délégations de signatures remplissent les maigres pages de l'action gouvernementale.

Les élus au chômage technique

Seuls quelques communiqués font état d'un ministre qui a rencontré tel service, que tel autre ministre a rencontré tel autre service. Une communication ronronnante et une assemblée de la Polynésie française en mode sommeil.
“Jeudi dernier, nous devions avoir une séance à l'assemblée”, explique l’élue A Here Nicole Sanquer. “Elle a été reportée”. “Jeudi prochain, nous devrions en avoir une autre, mais le président sera à peine rentré et il y a fort à parier que celle-ci soit encore reportée.”
 
Croisé dans l'assemblée, un autre élu peste sur la lenteur du démarrage. “Nous sommes au chômage technique. C'est un peu la catastrophe dans les services. C'est très inquiétant. Dans les cabinets ministériels, il n'y a personne de nommé. En tant qu'élus, nous n'avons aucun dossier. C'est grave. Ce n'est pas comme cela que l'on prépare une bonne gouvernance.”

Des comptes en latence

Deux sujets préoccupent particulièrement. Le compte administratif qui est la validation des comptes du Pays de l'année précédente. Le statut du Pays prévoit que les comptes doivent être transmis au plus tard le 1er juin pour un vote au plus tard fin juin. L'autre point d'inquiétude est la mise au point d'un collectif budgétaire, qui devrait poser les premiers jalons de la politique du gouvernement nouvellement élu. Là encore, rien n'est prêt.
 
Vendredi 9 juin, cependant, se tiendront les premières séances de commission à l'assemblée. La première à 9 heures – la commission du logement, des affaires foncières, de l’économie numérique, de la communication et de l’artisanat – où il sera question d'artisanat et des comptes de l'OPH , et la seconde à 11 heures – la commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien – où seront étudiés le projet de loi du Pays renforçant le pilotage et la déconcentration de la politique touristique de la Polynésie française, le projet de loi du Pays portant réglementation en matière d’hébergement de tourisme en Polynésie française et le projet de loi du Pays relative aux aides en faveur des pensions de famille. Tous ces projets de textes sont issus de l'ancien gouvernement.

De même, lundi prochain, la commission de la santé se réunira à l'assemblée de la Polynésie française. Peut-être l'occasion de voir ressortir, notamment, le dossier du Schéma d'organisation sanitaire qui dort dans les cartons de la présidence depuis près de neuf mois.

​“Passer la première”

Tempérant les propos alarmistes de certains élus, une autre élue, rompue à la chose politique, trouve des circonstances atténuantes à ce départ balbutiant. “C'est assez normal. C'est une toute nouvelle équipe. Il y a beaucoup de nouveaux élus qui doivent prendre leurs marques. Je peux comprendre… Mais c'est vrai qu'à un moment donné, il va falloir passer la première.”
 
Depuis 2013, l'assemblée de la Polynésie française n'a que très peu changé de visages. De nombreux élus étaient même déjà présents lors des précédentes mandatures et avaient fait les gros titres de l'actualité du Taui de 2004 à 2013, à l'époque des bascules de majorité quasi semestrielles. Selon cette élue, il faut donc leur laisser le temps, même si “j'espère qu'au mois de juillet, quelque chose va enfin sortir.”

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 7 Juin 2023 à 20:15 | Lu 5519 fois