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Artisanat : Les māmā de Bora Bora dans la détresse


Bora Bora, le 10 février 2021 - Comme partout en Polynésie française, suite à l’annonce le mois dernier du gouvernement central de la fermeture des frontières, le monde touristique de la Perle du Pacifique est en souffrance. Les artisans n’ont quasiment plus de clients à satisfaire, hormis les résidents du fenua.
 
À l’arrivée des visiteurs à Bora Bora, sur le quai de Vaitape, lieu de rencontre traditionnel où se mêlent douceurs des fleurs et saveurs des fruits tropicaux, se dresse le centre artisanal Te Pu Rima’i Bora Bora i Te Fanau Tahi, lieu d'accueil des prestataires pour la promotion des activités artisanales. C'est depuis longtemps le lieu incontournable pour les touristes en quête d'un souvenir, collier de coquillage, bijouterie d’art ou pāreu.
 
Maara Haati, présidente de la Fédération des artisans de l’île, ne peut que constater la chute drastique  du chiffre d’affaires de ses adhérents. Depuis le début de la pandémie l'année dernière, la fréquentation touristique a beaucoup baissé, mettant à mal les comptes de 2020. Et si les frontières ne devaient pas rouvrir avant plusieurs mois, les māmā ne veulent pas pour autant fermer leurs stands. Pour certaines, les ventes représentent les seules ressources pour subvenir aux besoins de leurs familles et le début d'année, privé des touristes internationaux, est vécu comme une catastrophe malgré le soutien de tous les acteurs du tourisme et du comité du tourisme. "Apparemment on peut avoir une petite aide selon le comité du tourisme, en attendant je fais le bilan financier car pour bénéficier des aides du pays, nous devons prouver qu’à cause de la crise notre chiffre d’affaires a baissé" déclare Maara Haati, qui a reçu la visite du chef de la subdivision des Îles Sous-le-Vent avec qui elle a dressé le bilan. Elle lui aurait annoncé vouloir apporter une aide administrative aux acteurs de l’artisanat. "La tāvana hau des Raromatai s’est engagée à aider tous nos artisans et a pu assurer à nos māmā qu’elle fera tout pour nous aider".
 

Des prix bas pour survivre

Auparavant, les māmā pouvaient gagner jusqu'à 20 000 Fcfp par semaine, mais aujourd'hui, elles sont contraintes de brader leur marchandise. C'est une question de subsistance. "Les māmā pouvaient bien vendre avant, mais aujourd'hui c'est la politique des prix bas pour liquider les stocks. Chacune est libre de fixer son prix car elles sont gestionnaires de leurs stands. Si elles arrivent à vendre, c’est pour pouvoir acheter du pain en rentrant, elles s’arrêtent au magasin pour du riz et du sucre et tout ce dont elles ont besoin pour la famille" affirme Maara Haati. "Je compte sur les locaux, les résidents, parce que tous les jours le fare artisanat est ouvert. Tous ceux qui ont besoin d‘un petit collier ou pendentif, seront reçus par les māmā.Pour les prochains mois on pense, malgré cette fermeture frontalière, continuer notre activité car les mama ne veulent pas fermer. La fête de la Saint Valentin est toute proche, une visite de nos stands s'avère indispensable car il y aura des prix bas ; nous devons nous adapter à la situation".

Rédigé par P. Tamatea le Mercredi 10 Février 2021 à 11:19 | Lu 1344 fois