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Après le psychodrame en Paca, la droite secouée par l'affaire Peltier


Paris, France | AFP | mardi 01/06/2021 - Après le psychodrame des régionales en Paca, les propos très droitiers de Guillaume Peltier font une nouvelle fois tanguer Les Républicains qui, à trois semaines des régionales, doivent éviter l'explosion entre le RN et le parti d'Emmanuel Macron.

Le vice-président de LR a fait des vagues dimanche en assurant "porter les mêmes convictions" que le maire de Béziers Robert Ménard, proche du RN, et en demandant "le rétablissement de la Cour de sûreté" dans les dossiers de terrorisme.

Deux jours après les réactions restaient vives, la ministre LREM Marlène Schiappa condamnant une proposition "mise en place sous Vichy". Refuser le front républicain, "c'est meurtrier pour la République", a lancé la présidente PS de la région Occitanie Carole Delga.

"Le problème, ce n'est pas moi mais le terrorisme", a répliqué Guillaume Peltier. "Parce que je suis fier d'être de droite et pense différemment de la caste qui gouverne, le système me salit. Je maintiendrai", a-t-il lancé avant une réunion de son groupe parlementaire où il est intervenu en visio.

Une réunion "très utile" car elle a permis "qu'on lave notre linge sale en famille", a commenté le patron des députés Damien Abad. 

Car la grogne gagne chez LR, au point que le président Christian Jacob a publiquement recadré son numéro 2 dimanche en l'appelant à "jouer collectif", tandis que le numéro 3 Aurélien Pradié dénonçait une "annonce dingue".

Guillaume Peltier a "fait une faute" en s'exprimant "à titre personnel" et il devra "s'en expliquer", a affirmé mardi l'ex-négociateur pour le Brexit Michel Barnier.

"Quand on est numéro deux du parti, on ne tient pas ce genre de propos qui n'ont fait l'objet d'aucune validation par les instances" a déclaré au Figaro le président du Sénat Gérard Larcher.

Certains s'interrogent en coulisses sur la place de M. Peltier, ancien membre du Front national de la jeunesse (FNJ), dans l'organigramme: "est-il opportun qu'il continue à mener les travaux pour le prochain congrès des idées?" demande une élue.

Pour le député Julien Aubert, "ce n'est pas le moment de poser" la question alors que "nous sommes confrontés à des sujets beaucoup plus importants. "Je souhaite qu'il reste, mais il ne faut plus que ça se reproduise", a abondé M. Abad.

"Digue"

L'affaire intervient trois semaines après la crise déclenchée par un éventuel soutien en Paca de la majorité présidentielle au candidat LR Renaud Muselier, refusé par la direction du parti au nom de la différenciation avec LREM.

Les plaies à peines pansées, c'est la frontière avec le RN qui est cette fois mise en doute -- d'autant que des déclarations d'Eric Ciotti et de Nadine Morano ont semé le trouble ces dernières semaines.

"Il y a, à droite, la tentation de rejoindre Marine Le Pen", a affirmé mardi le patron des députés LREM Christophe Castaner.

Depuis dimanche, les responsables LR, inquiet de cet étau mortifère, prennent leurs distances avec le RN, "parti de peurs" selon le député Eric Woerth, avec qui existe une "digue infranchissable", selon M. Abad.

Mais pour le candidat RN en Paca Thierry Mariani, "Les Républicains n'ont plus d'espace politique".

La question risque de se reposer au deuxième tour des régionales là ou le RN a ses chances -- Paca mais aussi Bourgogne-Franche Comté qui fait partie du "top 3" de Marine Le Pen.

L'enjeu est de taille: "Si une région tombe dans l'escarcelle du RN, et que LR entre dans une crise profonde où le siège n'est plus en capacité d'introduire un cordon sanitaire, il y a de très grandes chances d'un éclatement des Républicains", selon le politologue Jérôme Fourquet interrogé par LCI.

Pour sortir du marasme, dans un parti qui n'enverra pas son propre président à la présidentielle, des voix appellent à accélérer le tempo. Il faut lancer "en urgence" le processus de choix du candidat pour 2022, selon le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, qui ne cache pas lui-même son intérêt pour l'Elysée.

"Après l'affaire Muselier, on a perdu deux-trois points", soupire un élu. "Il nous reste 15 jours pour arrêter nos conneries", ajoute un autre.

le Mardi 1 Juin 2021 à 05:26 | Lu 272 fois