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Après le "Ségur", Véran promet d'"accélérer la transformation" du système de santé


Paris, France | AFP | mardi 21/07/2020 - Une semaine après ses annonces sur les salaires, le gouvernement a dévoilé mardi une série de mesures destinées à "accélérer la transformation du système" de soins, dont la création de 4.000 lits "à la demande", lors de la clôture du "Ségur de la santé".

Investissement, gouvernance, organisation territoriale... "Nous avons voulu changer de braquet et accélérer dans tous les domaines de la modernisation de notre système de santé", a expliqué Olivier Véran, en concluant cette concertation de près de deux mois, animée par l'ex-responsable de la CFDT Nicole Notat.

"Il s'agit de remettre de l'humain, mais aussi de remettre des moyens et du sens" dans l'organisation des soins, a ajouté le ministre de la Santé, disant vouloir "sortir des dogmes et des guerres de position".

A la suite du rapport remis par Nicole Notat, 33 mesures ont été retenues. Avec un objectif: "libérer les établissements de santé et personnels d'un certain nombre de contraintes" et "redonner du pouvoir d'initiative et de décision à celles et ceux qui soignent".

Une enveloppe annuelle de 50 millions d'euros a ainsi été débloquée pour financer l'ouverture ou la réouverture de 4.000 lits "à la demande" au sein des hôpitaux. Cela permettra de "s'adapter à la suractivité saisonnière ou épidémique", a expliqué Olivier Véran.

Le manque de places à l'hôpital est régulièrement dénoncé par les soignants, alors que près de 100.000 lits ont été supprimés au cours des 20 dernières années.

Une refonte du mode de financement des établissements de santé est par ailleurs envisagée, avec la mise en oeuvre expérimentale de dotations fondées sur les besoins des territoires. Cela permettra d'"accélérer la réduction de la part de T2A" (tarification à l'activité), a insisté le ministre.

La T2A, qui fixe les ressources des hôpitaux en fonction des actes effectués, est souvent accusée de pousser à la "course au volume".

De plus grandes marges de manoeuvre et responsabilités seront également accordées aux équipes médicales au sein des établissements de santé, et des mesures seront prises pour mettre fin au "mercenariat" de l'intérim hospitalier, qui a "donné lieu à trop d'abus, trop longtemps", selon M. Véran.

"Faire bouger les lignes"

Ces différentes mesures, qui viennent compléter les accords salariaux à 8,2 milliards d'euros signés la semaine dernière avec les syndicats, s'intègrent au plan d'investissement de 6 milliards d'euros annoncé par le Premier ministre Jean Castex lors de son discours de politique générale.

Sur cette enveloppe, "une partie très importante doit venir financer les investissements courants", a souligné M. Véran, en jugeant "inacceptable" que "dans les hôpitaux, on n'arrive pas à renouveler les moniteurs, les pousse-seringues, les chariots, les brancards, les lits".

Dans le détail, 2,1 milliards seront consacrés aux établissements médico-sociaux, dont les Ehpad, où "au moins un quart des places pourront être rénovées". Près de 1,4 milliard d'euros sera par ailleurs consacré à combler le "retard sur le numérique en santé".

En intégrant les 13 milliards d'euros de reprise de dette promis à l'automne par le gouvernement, "ce sont au total 19 milliards d'euros qui vont être mobilisés" pour permettre la modernisation du système de soins, a insisté M. Véran.

Un geste salué par la Fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics), pour qui les propositions issues du "Ségur" sont "de nature à faire bouger les lignes d'un système de santé aujourd'hui traversé par de nombreux dysfonctionnements".

"On semble sortir d'une logique purement comptable, aussi bien dans la gestion des lits que dans la gestion des établissements (...) pour aller vers une approche beaucoup plus pragmatique", s'est réjoui le président de la FHF, Frédéric Valletoux.

Ces annonces "témoignent d'une réelle prise en compte des attentes des professionnels", a estimé de son côté Lamine Gharbi, président de la Fédération des hôpitaux privés (FHP), disant espérer "une nouvelle dynamique pour le monde de la santé".

Un enthousiasme tempéré par l'Unsa Santé, qui a salué dans un communiqué la "sortie progressive du tout T2A" mais regretté l'absence de "mesure réellement concrète" sur l'accès aux soins pour tous.

"La concertation ne s'arrête pas" avec la fin du "Ségur", a assuré de son côté M. Véran, en promettant de nouvelles discussions à l'automne sur les questions de santé publique. "Les changements se verront, progressivement, mais ils se verront et surtout, ils se vivront", a-t-il promis.

le Mardi 21 Juillet 2020 à 07:34 | Lu 115 fois