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Après l’incendie, l’inquiétude s’installe à Tavararo


Tahiti, le 4 février 2025 – Les administrés de Tavararo cherchent leur tāvana. Ils se sentent “délaissés” face aux conséquences environnementales de l’incendie du hangar d’Agritech. Selon les riverains, les agents de la Direction de la santé les auraient mis en garde contre toute consommation de “fruits et légumes du jardin”. À ce jour, aucune mesure de prévention n’a pas été prise par la commune.
 
Une riveraine de Tavararo, Mareva, habite juste derrière l’entrepôt de Agritech. Pour l’instant, elle a déserté sa maison, préférant déménager chez ses enfants, à trente mètres en contrebas. Elle est asthmatique.
 
Lors de l’incendie, mercredi dernier, Mareva était tranquillement allongée. Elle témoigne : “Je n’avais pas compris que c’était un incendie. C’est mon mootua qui a vu arriver cette fumée. Et tout de suite ma fille a pensé à moi. Elle m’a appelé et m’a dit qu’il fallait que je m’en aille car le feu arrivait. Elle a pensé à moi car j’ai des problèmes de santé.”
 
Mareva raconte ensuite que toute sa petite famille, enfants et mootua sont sortis de la maison. Et quelques minutes seulement après “Agritech s’est tout embrasé et il y avait de la fumée ; c’était vraiment insupportable, surtout pour moi avec ma santé […]. Je ne pouvais pas rester.” Elle a quitté son domicile pour gagner celui de ses enfants.
 
Mareva raconte également que le soir de l’incendie, mercredi 29 janvier, la police municipale et les gendarmes sont venus à la rencontre du voisinage de l’entrepôt en feu pour leur demander de quitter provisoirement leur domicile. “Mais pour aller où ? On s’est retrouvé au bord de la route à attendre qu’ils nous disent ‘Ok, c’est bon vous pouvez retourner chez vous’.”
 
L’attente a été très longue pour sa petite famille et les administrés de Tavararo puisque, selon Mareva, ce n’est que vers trois heures du matin qu’on est venu leur dire qu’ils pouvaient regagner leur domicile. “De 21 heures jusqu’à trois heures du matin, on a attendu. Et moi je suis retournée chez mon fils et ma belle-fille.”
 
Depuis jeudi dernier, les enfants de Mareva ne cessent de nettoyer sa maison où règne une très forte odeur suite à l’incendie de l’entrepôt mitoyen. “On voyait des cendres, de la fumée avec l’odeur qu’il y a en ce moment c’est insupportable”, déplore la riveraine.
 
N’ayant pas de nouvelles des élus de la commune de Faa’a, Mareva est allée à leur rencontre. Elle s’est entretenue avec une des secrétaires qui lui a avoué que “la commune de Faa’a ne peut rien faire. Elle m’a dit qu’elle allait basculer ma demande à l’État”. Pas satisfaite de cette réponse, Mareva et son mari se sont rendus à la présidence où ils ont été reçus. Selon Mareva leur interlocuteur leur a promis de les aider dans le cadre d’un relogement. “Je lui ai répondu que ce n’est pas un logement que je veux. C’est juste de renouveler ma maison car elle a été parfumée par l’incendie de Agritech, comme ça je peux revenir chez moi.” 

“On se sent délaissés”

Selon une des filles de Mareva, la Direction de la santé a mis en garde le voisinage de l’entrepôt sinistré contre toute consommation de “fruits et légumes dans le jardin” : “Tout ce qui a été touché par l’incendie de mercredi soir. Ils sont aussi venus voir s’il n’y a pas eu de drainage d’eau de notre côté parce que les produits sont toxiques […]. Cela nous a choqué mais c’est logique car la fumée, ce soir-là, avait une forte odeur de produit chimique. Après, c’est sûr qu’avec l’eau que les pompiers ont utilisée pour éteindre le feu qu’il y aura des répercussions […]. Pas étonnant que les puhi soient morts. Alors imagine sur nous cela pourrait être pire […]”, estime Mareva. “On se sent délaissés.”
 
Elle se rappelle également que la police municipale est passée les voir vendredi dernier et leur a demandé “d’évacuer un petit moment parce qu’il y encore de la fumée toxique qui se propage”. Pour la fille de Mareva, cette situation est très inquiétante. Elle insiste sur le fait que sa maman est “gravement malade. Elle est asthmatique. Si on n’avait pas vite réagi ce soir-là on l’aurait peut-être perdue. Après, la maison c’est du matériel ; c’est plus sa santé qui m’inquiète.”
 
Malgré nos nombreuses sollicitations, du côté de la municipalité de Faa’a personne ne souhaite communiquer pour l’instant. Mardi, le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, est quant à lui resté injoignable. Après l’incendie de l’entrepôt d’Agritech, la justice a ouvert deux enquêtes afin de déterminer les causes du sinistre et les conséquences environnementales qu’il a pu causer.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 5 Février 2025 à 05:00 | Lu 2706 fois