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Après Santo 2006 : une nouvelle expédition française pour recenser la biodiversité en Papouasie Nouvelle-Guinée


Après Santo 2006 : une nouvelle expédition française pour recenser la biodiversité en Papouasie Nouvelle-Guinée
PARIS, lundi 24 septembre 2012 (Flash d’Océanie) – Un collectif de scientifiques français se prépare à mettre le cap, mi-octobre 2012, sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée en vue d’y mener une nouvelle expédition visant à faire un état des lieux de la biodiversité marine et terrestre.
Cette opération, qui comporte notamment des composantes du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris et de l’Institut de Recherche pour le développement (IRD), ainsi que l’organisation non-gouvernementale Pro-Natura, s’inscrit dans la continuité des premières opérations, menées à partir de l’été 2006, sur l’île d’Espiritu Santo (Nord Vanuatu), dans le cadre d’une série baptisée « La Planète Revisitée ».
Était ensuite venue une autre expédition au Mozambique et à Madagascar (2009-2010).

« Nous sommes la première génération à avoir pris conscience d'un fait majeur : voilà des siècles que les hommes sillonnent le monde et paradoxalement, seules deux millions des 10, 20 ou peut-être 30 millions d'espèces existantes nous sont connues », a expliqué à la presse Thomas Grenon, directeur général du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), lors d’une conférence de présentation, jeudi 20 septembre 2012.


Après Santo 2006 : une nouvelle expédition française pour recenser la biodiversité en Papouasie Nouvelle-Guinée
Cette région de l’île de Nouvelle-Guinée est considérée comme un « point chaud » de la biodiversité mondiale.
De précédentes expéditions scientifiques, notamment américaines, y avaient découvert de nouvelles espèces d’oiseaux.
Pour cette mission, qui devrait débuter mi-octobre 2012, la durée prévue est de trois mois sur le terrain, avec sur place près de deux cent chercheurs de vingt et une nationalités différentes, dont certains de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les zones visitées iront des fonds de la Mer de Bismarck (où une société canadienne, Nautilus Inc., s’apprête à lancer, pour la première fois au monde, l’exploitation sous-marine de nodules polymétalliques) jusqu'au sommet du Mont Wilhelm, son point culminant, à quelque 3.700 mètres d’altitude.
« Bien que ne constituant pas une étude d'impact, les données sur les habitats marins rapportées par l'expédition pourront aussi être utilisées comme point de départ pour évaluer les conséquences des projets industriels prévus dans la région de Madang et la Baie de l'Astrolabe. Parmi ceux-ci, la construction du Parc marin industriel de Madang qui consistera en l'établissement, dans le nord du lagon, de conserveries, et deux projets de compagnies minières visant à des implantations offshore », précisent les organisateurs de ce volet marin de l’expédition.

Au plan marin, cette destination papoue est considérée par la plupart des scientifiques comme une sorte de Graal.
L’appui logistique sera notamment fourni par l’IRD et son navire scientifique « Alis ».

«La Papouasie Nouvelle-Guinée appartient au triangle de Corail, la région de la planète la plus riche en biodiversité marine », expliquait jeudi 20 septembre 2012 Philippe Bouchet, responsable des grandes expéditions au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), lors d’une conférence de presse de présentation.
Selon lui, l’un des accents de cette expédition sera mis sur ce qu’il est convenu d’appeler la « biodiversité négligée » et qui concerne aussi bien les invertébrés marins que terrestres, certaines plantes, champignons ou algues.
Tout comme pour Santo 2006 (dont les résultats commencent seulement donner lieu à des publications, jusqu’ici un peu plus d’une centaine de nouvelles espèces décrites), l’esprit de la mission consiste en une récolte intensive d’un maximum d’échantillons, qui sera suivie d’un long travail, au cours des dix à vingt années à venir, pour analyser cette masse d’informations.
Une base-vie sera mises en place, hébergée par la Divine Word University de Madang, constituera une sorte de laboratoire de campagne, avec une trentaine de stations de travail pour jouer le rôle d’un centre de triage des échantillons récoltés.

« La Papouasie-Nouvelle-Guinée est exceptionnelle à plus d'un titre : abritant le troisième plus grand bloc de forêts tropicales intactes après ceux des bassins de l'Amazone et du Congo, on estime qu'elle contient à elle seule environ 5 pour cent de la biodiversité mondiale, alors qu'elle ne représente que 0,5 pour cent des terres émergées. Considérée comme un véritable « mini-continent », suffisamment grande pour générer sa propre diversité, elle possède un taux d'endémisme très élevé : plus de 70 pour cent de ses plantes ne poussent nulle part ailleurs », précisent les organisateurs.
Or, cette biodiversité se trouve menacée par l’activité humaine, du fait de l’exploitation forestière, minière ou de la mise en place de plantations d’huile de palme.
« Entre 1972 et 2002, ce sont ainsi 15 pour cent des forêts de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui ont disparu, dont plus de la moitié à cause de l'industrie forestière. Exploitées par des compagnies étrangères, le bois de Papouasie-Nouvelle-Guinée est exporté partout dans le monde. À ce rythme, on estime que la quasi-totalité des forêts accessibles auront vu leur surface dramatiquement réduite, ou auront purement et simplement disparu, d'ici 10 à 20 ans », soulignent les chercheurs.

Les participants http://laplaneterevisitee.org/ressources/pdfs/Listes_des_participants_Papouasie_Nouvelle_Guinee_29.pdf
représentent les pays suivants :

Australie, Belgique, Canada, Allemagne, Chine, France Irlande, Italie, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pays-Bas, Philippines, République Tchèque, Russie, Singapour, Suède, Taïwan, États-Unis, Venezuela.


Budget de l’opération : environ un million et demi d’euros


Budget de l’opération : environ un million et demi d’euros, qui seront notamment apportés par des mécènes comme la Fondation TOTAL, la Stavros Niarchon Foundation, la Fondation Prince Albert II de Monaco et, pour cette expédition papoue, la Fondation EDF, ENTREPOSE Contracting et, côté institutionnel et étatique, le Fonds Pacifique du gouvernement français et le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Médiatiser les recherches

Outre l’aspect purement scientifique de l’exercice, les chercheurs affichent aussi la volonté de visibilité pour leurs aventures, avec en filigrane l’ambition de sensibiliser l’opinion publique sur l’importance de la biodiversité dans un contexte de profondes mutations des équilibres écologiques de la planète.

pad


Tous les détails de cette opération sur le site officiel de l’expédition :
http://laplaneterevisitee.org/

Rédigé par PAD le Lundi 24 Septembre 2012 à 05:29 | Lu 775 fois