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Affamé, il enfonce le mur de sa cellule au tribunal


Tahiti, le 5 décembre 2022 – Le tribunal correctionnel a jugé, lundi, un jeune sans domicile fixe de 24 ans qui avait enfoncé le mur de la souricière du palais de justice au motif qu'il avait faim. L'homme a écopé de deux mois de prison assortis d'un mandat de dépôt. Un autre jeune homme, poursuivi pour avoir insulté le juge des libertés et de la détention, a quant à lui été condamné à quatre mois ferme.
 
Coups de poing, outrage à magistrat et menaces envers les gendarmes au menu des comparutions immédiates lundi après-midi. Un homme de 24 ans, sans domicile fixe, a été jugé par le tribunal correctionnel pour répondre de faits de “dégradation ou détérioration d'un bien destiné à l'utilité publique”. Le 1er décembre dernier, l'homme, qui devait être jugé en comparution immédiate pour des cambriolages, avait mis de nombreux coups de poing sur le mur de la souricière jusqu'à l'enfoncer. 
 
À la barre du tribunal lundi, le prévenu, déjà condamné à neuf reprises pour des vols, a expliqué qu'il s'était emporté car il avait “faim”. “Vous deviez avoir très très faim au point d'enfoncer le mur”, a commenté la présidente du tribunal avant de rappeler que l'intéressé venait de recevoir un sandwich avant sa crise de nerfs. “Un ! Ce n'était pas suffisant pour moi, il m'en fallait deux ou trois” lui a rétorqué le jeune homme qui dit souffrir d'une “addiction à la nourriture”. “Il m'en faut plein, un tas. Peut-être que ça vous fait rire mais pas moi Madame la juge”, s'est défendu le prévenu qui a par ailleurs expliqué qu'il vivait principalement dans la rue et qu'il ne faisait que “voler, voler et voler”. Alors que le procureur de la République avait requis quatre mois de prison ferme, l'avocate du prévenu, Me Ayoun, a avancé deux hypothèses lors de sa plaidoirie : “Peut-être que mon client souffre d'un diabète pas diagnostiqué et qu'il était en crise d'hypoglycémie lors des faits. Ou bien peut-être qu'il a manqué de nourriture pendant son enfance et que c'est une sécurité pour lui d'avoir assez à manger”. L'homme a finalement été condamné à deux mois de sursis assortis d'un mandat de dépôt.
 
Respect de l'institution
 
Autre coup de sang jugé en correctionnelle lundi après-midi : des insultes proférées à l'encontre du juge des libertés et de la détention. Un prévenu, lui aussi âgé de 24 ans, était en effet poursuivi pour avoir traité le magistrat de “connard” lors d'une audience le 28 novembre dernier et pour avoir dit aux gendarmes qu'en qualité de “boxeur”, il allait “tous leur casser la gueule”. Ce jour-là, le jeune homme, employé dans le BTP, devait être jugé pour le cambriolage d'une station-service commis alors qu'il venait de bénéficier d'une libération conditionnelle.
 
Bien plus calme face au tribunal lundi, le jeune homme a présenté de plates excuses pour les insultes proférées à l'encontre du magistrat. Il a en revanche nié avoir menacé les gendarmes pour avancer qu'il s'adressait en fait aux autres prévenus qui étaient avec lui. Avant de requérir six mois de prison ferme à son encontre, le procureur de la République a rappelé que les outrages à magistrat étaient “extrêmement rares” en Polynésie où l'on a le “respect de l'institutions judiciaire”. Pour l'avocate du jeune homme, Me Ayoun, ce dernier a perdu son sang-froid car il venait de se faire arrêter pour un cambriolage alors qu'il avait parallèlement trouvé un travail et une copine. “Il était énervé contre lui-même car il s'est rendu compte qu'il avait tout gâché”. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à quatre mois de prison là aussi assortis d'un mandat de dépôt. 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 5 Décembre 2022 à 18:27 | Lu 2082 fois