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Affaire des bonbonnes toxiques : Le directeur du Port mis en examen


Tahiti, le 12 avril 2022 – Le directeur du Port autonome, Jean-Paul Le Caill, a été mis en examen dans l'affaire dite des “bonbonnes toxiques” immergées avec le navire Kura Ora II en 2019. C'est la cinquième mise en examen du dossier après celle, lundi, de la directrice de l'environnement.
 
Au lendemain de la mise en examen de la directrice de l'environnement, Miri Tatarata, le directeur général du Port autonome, Jean-Paul Le Caill, a été mis en examen à son tour mardi par le juge d'instruction Frédéric Vue dans l'affaire dite des “bonbonnes toxiques” du Kura Ora II. Le directeur du Port autonome a été entendu par le magistrat et s'est également vu reprocher des infractions au code de l'environnement. Selon nos informations, il est notamment reproché à Jean-Paul Le Caill d'avoir été avisé par son ancien commandant, François Chaumette, de l'avancée des opérations de chargement des déchets toxiques à l'intérieur du navire à immerger. Toujours selon nos informations, le directeur du Port autonome conteste néanmoins avoir pris connaissance des mails qui lui ont été transmis pour l'informer de ces opérations.
 
Immersion illégale
 
Rappelons que dans cette affaire, plusieurs bonbonnes vides de bromure de méthyle appartenant à la direction de la biosécurité avaient été retrouvées flottantes entre Tahiti et Moorea après l'immersion du navire Kura Ora II le 11 janvier 2019. Avant cette opération, autorisée par les autorités du Pays, l'épave du navire avait subi une dépollution complète. Mais entre la dépollution et l'immersion, le commandant du Port autonome, qui gérait cette opération d'immersion, a pris attache de plusieurs entreprises de la zone portuaire pour qu'elles se débarrassent de leurs déchets métalliques. Des déchets pour la plupart dépollués et chargés sur l'épave du Kura Ora II, avec l'aval de la direction de l'environnement.
 
Sauf que parmi ces déchets, la direction de la biosécurité s'est débarrassée de 87 bonbonnes de bromures de méthyle, 69 vides et 18 pleines, utilisées pour ses opérations de fumigation à la cellule phytosanitaire de Motu Uta. Or le bromure de méthyle, interdit en métropole depuis 2005 mais toujours autorisé en Polynésie française, est un gaz particulièrement toxique pour l'environnement marin et pour l'homme. Une information connue de la Diren, qui a pourtant autorisé à l'époque cette immersion illégale faute, selon elle, de filière de traitement disponible localement.
 
Depuis le début de cette affaire de pollution marine en janvier 2019, cinq personnes ont donc été mises en examen. L'ancien directeur adjoint de la biosécurité, Rudolph Putoa, l'ancien responsable des immersions à la Diren, Claude Serra, l'ancien commandant du Port autonome, François Chaumette, et depuis cette semaine la directrice de l'environnement et le directeur du Port autonome. Notons par ailleurs que le directeur du Port autonome, Jean-Paul Le Caill, a déjà été condamné le mois dernier pour “négligence” à une faible amende dans l'affaire des marchés de l'Équipement à Taha'a, pour avoir dénoncé trop tardivement les détournements commis dans ses subdivisions lorsqu'il était directeur de l'Équipement.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 12 Avril 2022 à 21:18 | Lu 3024 fois