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Affaire de l'Equipement : "Pas de fausses factures" pour Michael Vanaa


Tahiti, le 15 septembre 2020 - Longuement interrogé par le tribunal mardi sur son rôle central dans l’escroquerie en bande organisée qui lui était reproché, l’ancien directeur de la subdivision de l’Équipement de Moorea, Michael Vanaa, a nié l’intégralité des faits. Confronté aux preuves matérielles et aux déclarations accablantes des acteurs du dossier, il a souvent botté en touche en réfutant fermement l’existence de fausses factures.
 
Mauvaise foi ? Déni ? Amnésie ? Durant les longues heures de son audition par le tribunal correctionnel mardi, l’ancien directeur de la subdivision de l'Équipement de Moorea, Michael Vanaa, a nié l’intégralité des faits de faux, usage de faux, d’escroquerie et de corruption passive qui lui étaient reprochés. "Quand vous entendez que l’on vous met lourdement en cause sur diverses pratiques, et notamment sur le fait que l’on vous a remis des enveloppes, comment expliquez-vous donc cette cabale ? Vous avez tout de même été dénoncé par votre directeur !" lui a demandé Nicolas Léger, le président du tribunal, visiblement agacé par le fait que Michael Vanaa ne réponde jamais aux questions en préférant changer de sujet. "Je répète qu’il n’y a pas de fausses factures" a répondu l’intéressé avant de se lancer sur le thème des "autorisation de programmes". "Pourquoi ces gens vous accusent d’avoir sollicité des paiements en espèces ? Pourquoi inventeraient-ils ?", a renchéri le président du tribunal. "Je ne sais pas mais la manière dont les enquêteurs ont exposé les faits durant nos gardes à vue était spéciale. Même moi, à un moment, ça m’a fait douter sur ce que j’avais fait."

"Jeune patron intègre"

Face aux dénégations de Michael Vanaa, le magistrat n’a eu de cesse d’insister. "Je répète ma question. Il y a les enveloppes, les témoignages et les éléments matériels, est-ce que ces gens vous en veulent ?". "Il y avait une mauvaise ambiance quand je suis arrivé à ce poste" a avancé le prévenu. Réponse cinglante du président : "Vous étiez donc un jeune patron intègre qui voulait remettre de l’ordre au sein d’un milieu de gens corrompus.
 
Dernier prévenu à avoir été entendu par le tribunal, l’ancien directeur de l’Équipement et actuel directeur du Port autonome de Papeete, Jean-Paul Le Caill, a dénoncé les faits commis par Michael Vanaa comme étant "inadmissibles". Tel que l’a précisé Nicolas Léger, dans ce dossier, Jean-Paul le Caill se trouve dans une situation "particulière" car il est poursuivi pour négligence mais il est aussi celui qui avait dénoncé les faits en 2016. Il était jugé mardi car il lui était reproché de ne pas avoir mis en place de processus de contrôle, d’audits ou d’avoir sollicité un contrôleur de gestion. Face à ces accusations, Jean Paul Le Caill a évoqué plus généralement le système en lui-même en indiquant que cette pratique des malversations était fréquente, mais qu’elle n’avait jamais donné suite à des procédures judiciaires bien qu’il ait fait des signalements lorsqu’il dirigeait l’Équipement. Un système brièvement résumé par le président du tribunal en fin d’audience : "Si je comprends bien, on se sert un peu partout…"
 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 15 Septembre 2020 à 22:43 | Lu 5533 fois