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Affaire Ramin : "M. Haiti n’a pas simplement qu’un côté noir", assure son avocat


Arihano Haiti en discussion avec son avocat Me Vincent Dubois, le 13 mai 2014 à Papeete
Arihano Haiti en discussion avec son avocat Me Vincent Dubois, le 13 mai 2014 à Papeete
PAPEETE, 13 mai 2014 – Me Vincent Dubois a la délicate charge, avec Me Vaitiare Algan, de défendre Arihano Haiti, accusé d’avoir volontairement le 9 octobre 2011 à Nuku Hiva, donné la mort à Stefan Ramin d’un coup de fusil au visage puis d’avoir tenté de dissimuler sa dépouille en la brûlant avant de rendre visite à Heike Dorsch, la concubine du touriste allemand, pour l’agresser sexuellement sous la menace d’une arme.

La cour d’assises de Papeete consacre quatre jours pour l’instruction à l’audience de cette affaire, jusqu’à vendredi 16 mai. Le guide marquisien de 33 ans risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Qu’allez-vous vous attacher à démontrer lors de ce procès ?

Me Dubois : Depuis trois ans, nous sommes couverts par le secret de l’instruction alors que certaines choses ont été déballées dans la presse, j’imagine par le biais de communications du ministère public. Ces quatre jours d’audience vont vraiment permettre de savoir ce qui s’est passé, ce dont on est sûr et les points sur lesquels demeurent des incertitudes.
Un point est certain : M. Haiti a bien tiré un coup de fusil sur M. Ramin. Il l’a toujours reconnu. Il indique qu’il s’est fait agresser sexuellement antérieurement et que cet acte est sa réponse à cette agression. Ce sera aux jurés de déterminer si cette hypothèse leur parait cohérente ou non. Je pense qu’elle l’est. On verra au cours des débats. Tout n’est pas si évident que cela, lorsque l’on nous dit : « oui, oui, c’est un menteur ! » : il y a des incertitudes de tous les côtés et pas uniquement de celui de Arihano.


Vous suggérez que l’enquête qui a donné lieu à l’acte d’accusation aurait pu être menée à charge ?

Me Dubois : Il faut être réaliste à un moment donné : la procédure pénale française est une procédure à charge, c’est un fait. Il n’y a qu’à lire l’ordonnance de renvoi qui, pour étayer que M. Haiti est un menteur, fait l’inventaire de certains points sur lesquels il aurait éventuellement effectivement menti, mais qui ne retient pas d’autres auditions qui disent l’inverse. Donc on choisi volontairement de noircir la personnalité de M. Haiti pour laisser penser aux jurés que c’est un menteur, que c’est un violent, etc.

Vous allez donc vous attacher à démontrer que l’accusé a été agressé sexuellement et que pour se venger il a tué Stefan Ramin ?

Me Dubois : C’est ce que soutient M. Arihano Haiti depuis le début. C’est sa première version ; il l’a répétée à plusieurs reprises. Il y a un point sur lequel il a divergé sur ce viol mais qui peut s’expliquer tout simplement : est-ce que cela vous ferez plaisir que les autres sachent que vous avez été sodomisé par un autre homme ? Non ! Il a estimé qu’il en avait honte et c’est ce qui peut expliquer ce changement de version isolé, parce que pendant toute l’instruction il va confirmer que ça c’est bien passé. Un point sur lequel il a toujours maintenu ses déclarations est qu’il a tué Stefan Ramin après avoir été agressé antérieurement, que ce soit sexuellement ou non. Nous verrons au cours de ces quatre jours d’audience si nous avons des éléments supplémentaires. Le but de ce procès est de montrer de M. Haiti n’a pas simplement qu’un côté noir. Le ministère public le présente comme un monstre alors que beaucoup d’auditions sont concordantes pour dire que c’est quelqu’un d’aimable, de serviable, certes solitaire mais qui à chaque fois qu’il pouvait aider le faisait sans contrepartie et que, lorsqu’elles reconnaissent qu’il peut être violent, toutes sans exception précisent que c’est lorsqu’il est agressé et jamais le premier.

Rédigé par JPV le Mardi 13 Mai 2014 à 15:39 | Lu 4478 fois