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Affaire Narumi: Zepeda, le suspect extradé par le Chili, est arrivé à Besançon


Besançon, France | AFP | vendredi 24/07/2020 - Le Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné d'avoir assassiné son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki à Besançon en 2016, est arrivé au Palais de justice de la cité bisontine vendredi après-midi pour y être entendu par la juge d'instruction chargée du dossier.

Il va être présenté à la juge d'instruction Marjolaine Poinsard "en vue de sa mise en examen éventuelle du chef d'assassinat", a précisé le procureur de Besançon, Etienne Manteaux. "S'il est mis en examen, le parquet demandera à ce qu'un débat contradictoire se tienne pour un éventuel placement en détention".

L'homme de 29 ans, extradé par le Chili, a atterri à l'aéroport de Roissy en fin de matinée et a été conduit directement par les enquêteurs de la police judiciaire à Besançon, où il est arrivé à 16H40.

Cette procédure d'extradition relance un feuilleton judiciaire qui tient en haleine les médias japonais depuis plus de trois ans et demi.

Nicolas Zepeda est l'unique suspect de l'assassinat de Narumi Kurosaki, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Il a toujours nié avoir tué la jeune femme et sera défendu par Me Jacqueline Laffont, ancienne avocate de Nicolas Sarkozy.

"Hurlements de terreur"

Narumi Kurosaki, une étudiante de 21 ans, vivait sur le campus universitaire de Besançon, où elle a été vue pour la dernière fois le 4 décembre 2016. Nicolas Zepeda, fils d'une riche famille chilienne, était son ancien petit ami.

Ils s'étaient rencontrés en 2014 au Japon, où il étudiait. Ce fils d'un magnat des télécoms en était tombé éperdument amoureux et l'avait même présentée à sa famille.

Selon l'enquête, peu avant la disparition de Narumi, les deux jeunes gens avaient toutefois pris leurs distances et l'étudiante japonaise avait débuté une nouvelle relation, suscitant la jalousie de Nicolas Zepeda qui se trouvait alors dans son pays.

M. Manteaux s'était rendu en avril 2019 au Chili avec un magistrat instructeur et deux enquêteurs. 

Sept mois plus tard, il avait annoncé que l'enquête était "close" et justifiait "la demande d'extradition de Nicolas Zepeda pour qu'il comparaisse devant la cour d'assises de Besançon pour l'assassinat de Narumi Kurosaki".

"La rapidité avec laquelle la justice chilienne, en plus dans un contexte de Covid, a répondu à notre demande d'extradition est exceptionnelle", a salué M. Manteaux.

D'après les enquêteurs, Nicolas Zepeda s'était rendu début décembre 2016 à Besançon pour y voir la jeune femme. Le soir du 4 décembre, ils étaient rentrés ensemble dans le logement de Narumi.

Cette nuit-là, selon le procureur, plusieurs étudiants ont entendu "des hurlements de terreur, des cris". Mais "personne n'a prévenu la police".

"Profil envahissant et inquiétant"

D'après la géolocalisation de sa voiture de location, le 6 décembre 2016 à l'aube, le suspect s'était rendu dans une zone boisée, à l'est de Dole (Jura), où les enquêteurs pensent qu'il s'est débarrassé du corps.

Quelques jours plus tôt, le jeune homme avait acheté des allumettes et un bidon de produit inflammable.

Malgré d'importantes recherches, le corps n'a jamais été retrouvé.

L'ancienne procureure de Besançon Edwige Roux-Morizot avait évoqué à l'époque des faits un "profil envahissant et inquiétant" à propos du suspect.

Celui-ci, dans un courrier envoyé aux autorités chiliennes, avait raconté être allé voir Narumi à Besançon début décembre 2016 et qu'ils s'étaient alors "rendu compte qu'ils étaient toujours amoureux". Il disait avoir passé une partie de la nuit du 4 au 5 décembre avec elle, mais affirmait être ensuite reparti seul.

La famille de Narumi "espère qu'il aura une ligne de défense différente", "retrouver le corps de Narumi, c'est tout ce qui leur importe", avait déclaré à l'AFP leur avocate, Me Sylvie Galley, à l'annonce en mai de l'extradition du Chilien.

Narumi était une étudiante brillante issue d'un milieu très modeste. Elle bénéficiait d'une bourse pour ses études au Centre linguistique appliqué (CLA) de Besançon. Le CLA a d'ailleurs rassemblé 4.500 euros de dons via une cagnotte en ligne afin d'aider financièrement la famille de la jeune femme à se rendre en France pour l'éventuel procès lequel, qui quoi qu'il arrive, ne se déroulera pas avant l'année prochaine.

le Vendredi 24 Juillet 2020 à 07:15 | Lu 265 fois