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Accusée de diffamation par le père Sergio Tefau, Polynésie la 1ère relaxée


Tahiti, le 21 février 2023 – Poursuivie en diffamation par l'ancien prêtre de la paroisse Sainte-Thérèse, Sergio Tefau, qui estimait qu'elle avait porté atteinte à son honneur en publiant plusieurs articles à son sujet, Polynésie la 1ère a été relaxée par le tribunal correctionnel mardi matin. Sergio Tefau doit par ailleurs être jugé le mois prochain pour des agressions sexuelles sur deux mineurs de plus de 15 ans. 
 
Le tribunal correctionnel s'est penché mardi sur la plainte en diffamation déposée par l'ancien prêtre de la paroisse Sainte-Thérèse de Taunoa, Sergio Tefau, contre Polynésie la 1ère au motif que la filiale de France Télévisions avait porté atteinte à son honneur en utilisant le terme de “pédophilie” pour qualifier l'affaire dans laquelle il est impliqué. Pour comprendre ces accusations de diffamation, encore faut-il revenir aux origines de cette affaire qui implique le père Sergio. 
 
En février 2019, deux adolescents avaient porté plainte contre le prêtre de la paroisse Sainte-Thérèse en dénonçant des attouchements sexuels pour l'un et le visionnage d'un film pornographique pour l'autre. À la suite de l'ouverture d'une information judiciaire, le prêtre avait été placé sous le statut de témoin assisté. Deux ans après, le magistrat instructeur avait rendu une ordonnance de non-lieu qui avait ensuite été infirmée par la chambre de l'instruction. Cette dernière avait aussi ordonné le renvoi en correctionnelle du père Sergio. À l'époque, cette affaire avait été abondamment relayée dans les médias et notamment chez nos confrères de Polynésie la 1ère dans des articles dont les titres comportaient, pour certains d'entre eux, le mot “pédophilie”.
 
Présomption d'innocence
 
Or, tel que l'a expliqué le père Sergio par la voix de son avocat, Me Thibaud Millet, lors de l'audience mardi, il estime que ces articles ont porté atteinte à son honneur et à la présomption d'innocence alors que l'ancien prêtre de Sainte-Thérèse n'a pas encore été jugé. Pour l'avocat, il ne s'agit pas de reprocher à Polynésie la 1ère d'avoir “évoqué les faits” mais d'avoir utilisé des termes “inappropriés” afin de faire du “sensationnalisme”et d'avoir utilisé le terme de “pédophilie” alors que les plaignants – âgés de plus de 15 ans – n'étaient pas des “enfants”.
 
Face à ces affirmations, l'avocat de Polynésie la 1ère, Me Robin Quinquis, a rappelé que le terme de pédophilie n'était pas “défini dans le code pénal” et qu'il désignait les personnes ayant une attirance pour les enfants et donc, pour tous les mineurs. Il a par ailleurs affirmé que le sujet des articles présentait un “intérêt légitime”. Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé Polynésie la 1ère que le terme de “pédophilie” recouvre une “acceptation large” impliquant une “attirance pour les mineurs”.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 21 Février 2023 à 18:45 | Lu 4469 fois