Minsk, Belarus | AFP | mardi 25/05/2021 - L'isolement international du Bélarus grandissait mardi avec l'entrée en vigueur de restrictions contre son espace aérien, en représailles contre le régime d'Alexandre Loukachenko accusé d'avoir détourné un avion de ligne européen pour arrêter un opposant à bord.
Nombre de compagnies aériennes ont suivi la recommandation de l'Union européenne de contourner le Bélarus et ont suspendu leur vols, l'espace aérien européen ayant en outre été fermé aux appareils bélarusses.
Selon plusieurs sources diplomatiques, le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir mercredi une réunion informelle à huis clos sur le sujet tandis que des dirigeants européens continuaient mardi d'exprimer leur colère et leur exaspération.
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a assuré qu'Alexandre Loukachenko devait "payer le prix fort" pour son "acte infâme", le président français Emmanuel Macron estimant lui que "la politique des sanctions" était arrivée à ses "limites".
En cause, la décision bélarusse dimanche d'envoyer un chasseur dans le ciel et de "recommander" à un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair d'atterrir à Minsk, prétextant une alerte à la bombe attribuée au Hamas.
Mais à l'arrivée, deux passagers --Roman Protassevitch, un journaliste d'opposition de 26 ans et sa compagne russe, Sofia Sapega ont été arrêtés.
Minsk juge avoir agi dans la légalité, qu'il ne s'agissait pas d'un coup monté et que la présence de l'opposant, recherché pour "terrorisme", était un hasard.
Mardi, le ministère des Transports a en outre invité à une date non précisée les représentants des organisations internationales de l'aviation (IATA et OACI), des autorités américaines et de l'Union européenne.
"Bombe à bord"
Le ministère a publié un échange entre le pilote du vol et un contrôleur aérien, dans lequel ce dernier annonce au commandant de bord qu'il a "une bombe à bord" et lui "recommande" d'atterrir à Minsk. La veille, l'armée de l'air avait pourtant assuré que le choix de l'aéroport était celui du pilote.
Silencieux sur l'événement depuis dimanche, Alexandre Loukachenko s'exprimera mercredi devant le Parlement.
De son côté, l'opposition bélarusse, dont la plupart des représentants sont exilés ou emprisonnés, a réclamé de nouvelles représailles. Exilée en Lituanie, l'ex-candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa a appelé "les Etats-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions".
Elle a aussi réclamé "la participation des forces démocratiques bélarusses au G7" du 11 au 13 juin au Royaume-Uni, Emmanuel Macron s'y disant favorable. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui dit "soutenir fermement une action via toutes les institutions internationales possibles", y compris l'Otan.
L'opposant arrêté est l'ancien rédacteur en chef du média Nexta, acteur important de la mobilisation des Bélarusses lors du vaste mouvement de contestation post-électoral en 2020.
La télévision bélarusse a diffusé lundi soir une vidéo du jeune homme, détenu à Minsk, dans laquelle il avoue avoir organisé des "troubles" dans le pays.
Les autorités ont toutefois l'habitude de diffuser des confessions de détracteurs filmées sous la contrainte. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a jugé ces images "pénibles à regarder", réclamant comme l'ONU une libération immédiate.
Confessions sous la contrainte
Selon Svetlana Tikhanovskaïa, Roman Protassevitch "est victime de tortures" tandis que son père, joint par l'AFP, est persuadé que son fils a été battu: "On peut voir des traces de coups sur le visage", a estimé Dmitri Protassevitch.
La compagne du militant a elle été placée en détention pour deux mois, a annoncé à l'AFP son avocat. Elle est accusée de "crimes commis en août et septembre 2020", période la plus intense de la contestation.
Moscou, allié stratégique de M. Loukachenko, jugeait lundi "raisonnable" l'approche de Minsk depuis le début de la crise et a "regretté" mardi la mise sur liste noire de l'espace aérien bélarusse par l'UE, estimant que les passagers en paieraient le prix.
D'importantes compagnies aériennes comme Air France, Singapore Airlines ou Lufthansa ont annoncé éviter le ciel bélarusse. Près de 2.000 appareils effectuant des vols commerciaux empruntent chaque semaine cet espace aérien, a précisé l'organisation Eurocontrol.
Chez des partisans de l'opposition interrogés à Minsk par l'AFP, l'isolement du pays est un mal nécessaire. "Je ne pourrai pas partir voir mes proches ou aller quelque part cet été mais c'est un prix à payer", juge sous couvert d'anonymat Kristina, une traductrice.
D'autres craignent que cela place définitivement le Bélarus dans l'emprise de Moscou: "Au final, le Bélarus pourrait disparaître", estime Natalia, une architecte.
Le régime d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, est déjà ciblé par de multiples sanctions occidentales pour avoir durement réprimé la contestation historique ayant mobilisé des centaines de milliers de Bélarusses après la présidentielle d'août 2020, jugée "truquée" par les Européens.
Le régime n'a cependant fait qu'accroître la répression, emprisonnant ou forçant à l'exil ses détracteurs. Mardi encore, sept opposants ont été condamnés à des peines de quatre à sept ans de prison pour leur rôle dans des "troubles massifs" lors de la vague de manifestations.
Nombre de compagnies aériennes ont suivi la recommandation de l'Union européenne de contourner le Bélarus et ont suspendu leur vols, l'espace aérien européen ayant en outre été fermé aux appareils bélarusses.
Selon plusieurs sources diplomatiques, le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir mercredi une réunion informelle à huis clos sur le sujet tandis que des dirigeants européens continuaient mardi d'exprimer leur colère et leur exaspération.
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a assuré qu'Alexandre Loukachenko devait "payer le prix fort" pour son "acte infâme", le président français Emmanuel Macron estimant lui que "la politique des sanctions" était arrivée à ses "limites".
En cause, la décision bélarusse dimanche d'envoyer un chasseur dans le ciel et de "recommander" à un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair d'atterrir à Minsk, prétextant une alerte à la bombe attribuée au Hamas.
Mais à l'arrivée, deux passagers --Roman Protassevitch, un journaliste d'opposition de 26 ans et sa compagne russe, Sofia Sapega ont été arrêtés.
Minsk juge avoir agi dans la légalité, qu'il ne s'agissait pas d'un coup monté et que la présence de l'opposant, recherché pour "terrorisme", était un hasard.
Mardi, le ministère des Transports a en outre invité à une date non précisée les représentants des organisations internationales de l'aviation (IATA et OACI), des autorités américaines et de l'Union européenne.
"Bombe à bord"
Le ministère a publié un échange entre le pilote du vol et un contrôleur aérien, dans lequel ce dernier annonce au commandant de bord qu'il a "une bombe à bord" et lui "recommande" d'atterrir à Minsk. La veille, l'armée de l'air avait pourtant assuré que le choix de l'aéroport était celui du pilote.
Silencieux sur l'événement depuis dimanche, Alexandre Loukachenko s'exprimera mercredi devant le Parlement.
De son côté, l'opposition bélarusse, dont la plupart des représentants sont exilés ou emprisonnés, a réclamé de nouvelles représailles. Exilée en Lituanie, l'ex-candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa a appelé "les Etats-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions".
Elle a aussi réclamé "la participation des forces démocratiques bélarusses au G7" du 11 au 13 juin au Royaume-Uni, Emmanuel Macron s'y disant favorable. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui dit "soutenir fermement une action via toutes les institutions internationales possibles", y compris l'Otan.
L'opposant arrêté est l'ancien rédacteur en chef du média Nexta, acteur important de la mobilisation des Bélarusses lors du vaste mouvement de contestation post-électoral en 2020.
La télévision bélarusse a diffusé lundi soir une vidéo du jeune homme, détenu à Minsk, dans laquelle il avoue avoir organisé des "troubles" dans le pays.
Les autorités ont toutefois l'habitude de diffuser des confessions de détracteurs filmées sous la contrainte. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a jugé ces images "pénibles à regarder", réclamant comme l'ONU une libération immédiate.
Confessions sous la contrainte
Selon Svetlana Tikhanovskaïa, Roman Protassevitch "est victime de tortures" tandis que son père, joint par l'AFP, est persuadé que son fils a été battu: "On peut voir des traces de coups sur le visage", a estimé Dmitri Protassevitch.
La compagne du militant a elle été placée en détention pour deux mois, a annoncé à l'AFP son avocat. Elle est accusée de "crimes commis en août et septembre 2020", période la plus intense de la contestation.
Moscou, allié stratégique de M. Loukachenko, jugeait lundi "raisonnable" l'approche de Minsk depuis le début de la crise et a "regretté" mardi la mise sur liste noire de l'espace aérien bélarusse par l'UE, estimant que les passagers en paieraient le prix.
D'importantes compagnies aériennes comme Air France, Singapore Airlines ou Lufthansa ont annoncé éviter le ciel bélarusse. Près de 2.000 appareils effectuant des vols commerciaux empruntent chaque semaine cet espace aérien, a précisé l'organisation Eurocontrol.
Chez des partisans de l'opposition interrogés à Minsk par l'AFP, l'isolement du pays est un mal nécessaire. "Je ne pourrai pas partir voir mes proches ou aller quelque part cet été mais c'est un prix à payer", juge sous couvert d'anonymat Kristina, une traductrice.
D'autres craignent que cela place définitivement le Bélarus dans l'emprise de Moscou: "Au final, le Bélarus pourrait disparaître", estime Natalia, une architecte.
Le régime d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, est déjà ciblé par de multiples sanctions occidentales pour avoir durement réprimé la contestation historique ayant mobilisé des centaines de milliers de Bélarusses après la présidentielle d'août 2020, jugée "truquée" par les Européens.
Le régime n'a cependant fait qu'accroître la répression, emprisonnant ou forçant à l'exil ses détracteurs. Mardi encore, sept opposants ont été condamnés à des peines de quatre à sept ans de prison pour leur rôle dans des "troubles massifs" lors de la vague de manifestations.