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Accident de la route : « En une seconde, vous transformez la vie de quelqu’un »


PAPEETE, le 9 novembre 2018 -Une infirmière comparaissait ce vendredi en audience de juge unique pour avoir renversé un jeune pompier à Papara. L’homme, grièvement blessé, ne possédait pas d’assurance pour son deux-roues. Pour ce manquement, il a été condamné à 30 000 francs d’amende avec sursis. La conductrice avait remué ciel et terre pour que soit enlevé le poteau électrique d’EDT qui obstruait la vue sur le carrefour de l’accident. Elle a été relaxée par le tribunal qui a estimé qu’elle n’avait commis aucune négligence.

Le 22 mai 2017, une infirmière libérale fait sa tournée à Papara. Arrivée à un carrefour, elle marque un stop puis s’engage avec «prudence » tel que le relatera un témoin visuel de l’accident. Quelques instants après, un deux roues heurte violemment la voiture. Le conducteur, un jeune pompier qui se rendait au travail, souffre d’une fracture ouverte de la jambe. Lorsqu’il réalise qu’il est gravement blessé, l’homme commence à « péter les plombs » en se disant que sa vie est « foutue. » Deux jours plus tard, il devait en effet passer un entretien pour un emploi à l’aéroport. Son véhicule n’est pas assuré et la mairie qui l’employait ne l’a pas assuré non plus en qualité de pompier volontaire.

Cette triste affaire a été présentée ce vendredi devant un juge unique. La conductrice était poursuivie pour des blessures involontaires, le pompier pour défaut d’assurance. Dès le début de l’audience, le magistrat a souligné la particularité de ce dossier qui concerne « deux professionnels de santé et de secours. » Affaire qui dénote également une certaine humanité puisque durant les mois qui ont suivi l’accident, l’infirmière avait elle-même fait les soins de la victime, père de deux nourrissons. Une relation qualifiée d’ « échange nourri » par le juge unique ce vendredi.

« Un danger réel pour les usagers de la route »

Autre aspect particulier de cette affaire : la ténacité de la conductrice pour faire disparaître le poteau EDT qui se trouvait au carrefour de l’accident, et qui obstruait la vue de nombreux conducteurs. Traumatisée par l’accident, l’infirmière avait écrit au Président du Pays, Edouard Fritch, qui lui avait répondu avec un rapport à l’appui. Ce document prouvait en effet que ce poteau représentait un danger réel pour les usagers de la route. En février dernier, un homme avait d’ailleurs perdu la vie au même endroit. A force de volonté, l’infirmière avait finalement obtenu que ce poteau soit déplacé par EDT.

A la barre ce vendredi, la conductrice réaffirme ce qu’un témoin visuel a confirmé : avant de s’engager sur la route, elle a bien vérifié de chaque côté. Mais elle n’a pas vu le scooter arriver. Comme elle n’a cessé de le répéter juste après l’accident, elle ne « comprend » pas : « en une seconde, vous transformez la vie de quelqu’un pour toujours ». Lorsqu’elle se met à sangloter, le jeune pompier, qui apparaît très abattu, se met lui aussi à pleurer. L’homme n’a plus d’emploi. Alors que la CPS réclame 39 millions pour les soins dont il a été l’objet, il n’a pas encore été indemnisé et le chemin s’annonce sinueux puisqu’il n’était pas assuré. Après en avoir délibéré, le juge unique relaxe la conductrice car il estime car elle n’a commis aucune faute ou négligence. Pour son défaut d’assurance, l’homme écope d’une amende avec sursis de 30 000 francs. Il quitte le tribunal avec sa femme et leurs enfants, âgés de quelques mois.







Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 9 Novembre 2018 à 15:32 | Lu 5160 fois