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"A faatura mai ia'u" contre le harcèlement


Tahiti, le 12 novembre - "A faatura mai ia'u" est une association créée en 2007 pour lutter contre le harcèlement qui "est un meurtre psychologique", selon les termes de sa présidente Mateata Gatien. L'association est "apolitique" et n'est affiliée à aucun syndicat. Elle est là pour aider les victimes à se reconstruire et à reprendre confiance en elle.


A faatura mai ia'u, association fondée en 2007, prône le bien-être au travail et se bat contre “le harcèlement moral qui est un meurtre psychologique (...) qui détruit vraiment une personne”. Le constat est de Mateata Gatien qui a monté cette association. Elle-même ainsi que certains de ses amis ont été victimes de harcèlement pendant plusieurs années, aussi bien dans le public que dans le privé. "On s'est dit qu'il fallait monter une association apolitique mais surtout où il y a zéro syndicat. On n'est pas là pour défendre une opinion publique ou un syndicat, mais on est là pour réveiller la conscience de la victime qui est dans un tourbillon de la mort".  

"Les chefs ne sont pas des leaders"     

La présidente de A faatura mai ia'u regrette que les chefs ne soient pas des leaders alors qu'on en a besoin. "Un chef va être là pour dire que tu dois faire ci, faire ça. Il va donner à chaque fois des ordres sans avoir le côté humain. On lui a donné une petite délégation donc 'je me sens au dessus de tout le monde'. Mais un vrai chef doit être un leader. Il doit discuter avec les employés, obtenir un consensus. On travaille ensemble pour faire avancer ce Pays et les entreprises". 
"On est là pour réveiller la conscience
de la victime qui est dans un tourbillon
de la mort."
Mateata Gatien
Présidente de l'association

Mateata Gatien explique qu'un chef peut craindre d'avoir sous ses ordres une personne plus compétente et que sa réaction sera d'avoir peur de cet employé, qui sera dans ce cas mis "au placard". "C'est pour cela que notre Pays tombe, on a plein de chefs et peu de leaders". 

Ayant été victime de harcèlement, Mateata Gatien explique que "les harceleurs vont aller jusqu'à nous faire sentir coupable, jusqu'à nous faire dire 'est-ce que c'est ma faute ?'". Aujourd'hui elle apporte son soutien aux victimes. La présidente de A faatura mai ia'u explique aussi que le harcèlement a des conséquences sur la vie familiale de la victime "souvent il y a des ruptures". Un de ses maîtres-mots est de ne pas mourir avec le harcèlement. Elle conseille de suivre des formations, ou tout simplement de mettre en exergue ses dons. "Il faut continuer à faire marcher sa psychologie (...). Il ne faut pas qu'une, deux, trois ou quatre personnes vous enterrent".  

Le soutien familial
  
Pour Mateata Gatien, il n'y a pas de secret pour se relever d'un harcèlement. "Le premier soutien est le soutien familial".  Elle appelle aussi à ne pas douter de la parole de la victime, qui souvent va continuer à aller au travail tout simplement pour "nourrir sa famille". "Quand tu es dans ce tourbillon de la mort, plus rien n'existe. Même en étant en arrêt psy, tu ne sors plus car tu es dans le déni, tu ne t'aimes plus". Mateata Gatien raconte que quand elle était elle-même harcelée, elle avait pris entre 40 et 50 kilos. Elle ajoute que si la personne victime de harcèlement quitte son emploi ou finit par être licenciée, le harceleur ne s'arrêtera pas pour autant : "Il va chercher et va trouver une autre cible et cela va continuer". Seule solution donc, parler et dénoncer ce genre de comportements. 

Contact

Association A faatura mai ia'u
Mateata Gatien 
Tel. 89 53 80 88

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 12 Novembre 2020 à 10:12 | Lu 679 fois