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A Yutz, le numérique à l'école devient doucement réalité


A Yutz, le numérique à l'école devient doucement réalité
YUTZ, 7 septembre 2013 (AFP) - Des écrans interactifs au lieu de tableaux noirs, une plateforme numérique pour échanger avec le prof: bienvenue à Yutz (Moselle) dans un des 23 "collèges connectés" où la France cherche à rattraper son retard dans le domaine de l'éducation numérique par rapport aux autres pays développés.

Laurie Grellier, professeur d'histoire-géographie au collège Jean Mermoz, présente à ses nouveaux élèves de sixième la plateforme numérique sur laquelle ils vont désormais travailler et échanger avec leurs enseignants.

"Vous allez chacun avoir un code d'accès pour vous connecter, pour voir vos livres en ligne et faire vos devoirs", explique-t-elle en faisant une démonstration sur le tableau pédagogique interactif, qu'elle contrôle depuis son ordinateur de bureau.

Concentrés, les enfants ont les yeux rivés sur le tableau, où s'enchaînent textes, photos, cartes géographiques, au gré des clics de l'enseignante.

Le collège Jean Mermoz est l'un des 23 établissements-pilote en France désignés comme laboratoires de l'école de demain.

Pour la plupart de ces enfants issus de la "génération internet", rien de plus normal à ce que le numérique débarque en classe aujourd'hui.

"Moi j'aime bien travailler avec l'ordinateur parce que je suis un +geek+, un +no-life+!", fanfaronne Valentin, 11 ans. "C'est quoi un geek?" murmurent déjà quelques camarades, impressionnés.

Et puis grâce aux manuels scolaires dématérialisés, "le cartable sera moins lourd" et "en cas d'absence, ça permettra de mieux rattraper les cours", ajoute la pragmatique Lindsay.

Jason, lui, est moins enthousiaste. Et aussi un peu inquiet. "Moi j'ai l'habitude des livres. Les ordinateurs, je comprends pas", confie-t-il. "On apprendra tous ensemble à s'en servir", le rassure l'enseignante.

Les "interros" restent sur papier

Si pour ces "petits" de sixième l'éducation 2.0 est une nouveauté, leurs aînés commencent en revanche à être habitués. Le collège de Yutz, avec l'appui financier du conseil général de Moselle, a en effet commencé depuis 2009 à se doter d'équipements et de services numériques, comme le câblage fibre optique, pour une connexion internet très haut débit.

De quoi faire pâlir d'envie plus d'un établissement. Car comparée aux autres pays développés, la France fait encore figure de cancre pour le numérique à l'école, classée 24e sur 27 pays par l'OCDE.

A Yutz comme à l'académie de Nancy-Metz, les idées abondent pour généraliser l'emploi des nouvelles technologies dans toutes les matières. Même si "l'éducation c'est d'abord des relations humaines" et que "les interrogations écrites en classe resteront sur papier", précise Pascal Faure, délégué académique au numérique.

L'utilisation de logiciels 3D permet par exemple aux élèves de mieux comprendre la géométrie, relève Michel Salvino, professeur de mathématiques à Yutz. Il prévoit aussi d'utiliser la dizaine de tablettes numériques que le collège doit recevoir en octobre pour "faire travailler les élèves à la traîne sur des exercices interactifs, chacun à son niveau", pendant que le cours normal se poursuit.

Pour l'apprentissage des langues vivantes, les élèves de Yutz peuvent aussi s'appuyer sur des lecteurs MP3 pour travailler l'oral et envoyer leurs sons enregistrés à leur professeur.

"Cela supprime la problématique de la timidité de s'exprimer en classe devant les camarades", se félicite M. Faure, qui imagine aussi les élèves en cours d'EPS "se prendre en photo ou se filmer, pour que le professeur puisse ensuite analyser avec eux leurs mouvements et les corriger".

Les parents d'élèves ne sont pas en reste: eux aussi ont accès à la plateforme numérique du collège, sur laquelle ils peuvent notamment surveiller l'avancée des cours, les devoirs et les absences de leurs enfants.

C'est visiblement l'un des aspects de la révolution de l'enseignement numérique que les élèves redoutent le plus, à en croire l'émoi suscité par la question chez plusieurs collégiens.

Rédigé par Par Etienne BALMER le Samedi 7 Septembre 2013 à 07:00 | Lu 272 fois