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A Taïwan, un petit coin de paradis divisé sur un projet de casinos


Le salut est-il dans les jeux d'argent? La question divise les habitants du petit archipel paradisiaque de Penghu, au large de Taïwan, qui décidera samedi par référendum d'autoriser ou non les casinos sur son littoral.

A l'exception des loteries officielles, les jeux d'argent sont proscrits sur l'essentiel du territoire taïwanais. Seules les petites îles au large peuvent autoriser les casinos, mais à certaines conditions, parmi lesquelles l'assentiment de leur population.

Cette disposition avait été prise en 2009, ouvrant une brèche dans l'interdiction - auparavant formelle - des tables de jeux et bandits manchots à Taïwan.

La chance n'a pas encore été au rendez-vous pour les casinotiers qui n'ont pas ouvert un seul établissement à Taïwan, en raison de l'objection des communautés locales et des réserves du gouvernement.

Mais le ralentissement de l'économie du "dragon" asiatique donne de nouveaux arguments à ceux qui sont convaincus que les casinos sont une planche de salut.

Les adversaires de leur développement estiment au contraire que la viabilité économique des établissements de jeu n'est pas du tout évidente, sans compter qu'ils risquent de ruiner certaines des plus belles parties du littoral taïwanais.

 

- Promesse de rentrées fiscales -

 

A moins de 100 km à l'ouest de l'île principale de Taïwan, l'archipel de Penghu, au coeur du détroit la séparant de la Chine, compte 100.000 habitants et est pour ses plages une destination prisée des touristes comme des tortues de mer.

Sept ans après avoir une première fois refusé d'ouvrir l'archipel aux jeux d'argent, la question sera de nouveau posée samedi à la population.

D'un côté, il y a ceux qui rêvent de casinos géants à la macanaise, avec parcs d'attractions, hôtels et restaurants, intarissables sur l'impact évident selon eux en termes d'emploi et d'infrastructures.

"Sans casino, aucun investisseur étranger ne viendra à Penghu", avertit Jession Chuang, de l'Alliance pour la promotion de l'internationalisation de Penghu, à l'origine du référendum.

Felicia Chen, une entrepreneuse locale, est persuadée que les casinos soutiendront l'économie locale pendant le semestre de basse saison.

"Là où il y a du monde, il y a de l'argent et des rentrées fiscales pour financer des programmes sociaux pour la population locale", insiste-t-elle.

De l'autre côté, leurs adversaires s'inquiètent notamment de l'impact environnemental d'un afflux de touristes, de la pression sur les écosystèmes que généreraient, entre autres, détritus et eaux usées.

Et ils mettent en doute la viabilité des casinos et rappellent qu'à Macao, l'industrie des jeux a souffert pour se réinventer et encaisser la moralisation et la lutte anticorruption en Chine, de même que le ralentissement économique du puissant voisin.

"Compte tenu des revers du secteur en Asie, les casinos pourraient être un fardeau pour l'économie locale", prévient Sheng I-che, un natif de Penghu aujourd'hui chef de file du Tree Party, un mouvement écologiste.

 

- Viser les clients étrangers -

 

Une victoire du "oui" samedi ne lèverait pas tous les obstacles pour les casinotiers.

Le petit archipel de Matsu avait donné son feu vert en 2012 aux établissements de jeu, mais aucun n'a encore ouvert, car le projet n'a toujours pas passé le Parlement.

Hostile aux jeux d'argent, le Parti démocratique progressiste (DPP) au pouvoir oppose son veto. Le feu vert au casino suscite même des réserves au sein du Kuomintang, qui était aux affaires quand l'interdiction a été levée en 2009.

Mais il sera difficile pour la classe politique de continuer à traîner les pieds si le "oui" l'emporte samedi.

"Penghu pourra s'allier avec Matsu pour demander au gouvernement central que le résultat des référendums soit respecté", prédit Liu Day-yang, spécialiste de l'industrie du jeu à l'Université nationale taïwanaise des sciences et technologies.

En attendant, des investisseurs comme le promoteur américain Cordish Companies ont déjà soumis des plans de casinos.

Pour certains analystes, pour être viables, les éventuels casinos taïwanais ne devront pas viser la clientèle chinois, comme les casinos de Macao, mais celle de Taïwan, du Japon et de Corée du Sud.

Cela afin, selon William Bryson, consultant chez Global Market Advisors, d'éviter les "chocs externes".

Taïwan et la Chine vivent un destin séparé depuis 1949, mais Pékin considère toujours l'île comme une partie intégrante du territoire national.

avec AFP


Rédigé par RB le Jeudi 13 Octobre 2016 à 06:19 | Lu 399 fois