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A Strasbourg, le sport est "un médicament comme un autre"


STRASBOURG, 23 janvier 2014 (AFP) - La mine rougeaude et les mains moites tirant sans relâche la poignée de son ergomètre, Maxime Barkok brûle avec abnégation ses calories. Ce diabétique de type 2 souffrant d'obésité et d'hypertension soigne ses pathologies à la sueur de son front dans le cadre d'un dispositif expérimental mené par la ville de Strasbourg.

"Avant, j'étais au bord du suivi psychiatrique. Je n'osais même pas me regarder dans la glace. Aujourd'hui, je suis enfin bien dans ma peau", confie cet apprenti-rameur de 61 ans, tout en essuyant d'un revers de serviette la sueur qui perle sur son front après une séance d'aviron.

Depuis sept mois, il est l'un des 500 bénéficiaires du dispositif "sport-santé sur ordonnances", lancé en novembre 2012 par la ville de Strasbourg, en partenariat avec l'Agence régionale de santé, la Préfecture du Bas-Rhin et le régime local d'assurance maladie d'Alsace-Moselle notamment.

Première en son genre, cette expérimentation vise à inciter les malades diabétiques, en surpoids ou cardiaques, à faire du sport, en leur donnant gratuitement accès à certaines activités - marche en club, yoga, pilates, gym douce, taï-chi, qi gong, natation, vélo...-, tout en étant encadré par un éducateur sportif.

Après avoir rendu visite à l'un des 150 médecins traitants qui participent à l'opération, les patients rencontrent le coordinateur sportif du projet, qui les oriente alors vers l'activité convenant à leurs pathologies, après une série de petits tests.

"Les gens que je reçois ne font pas d'activité physique uniquement par flemme. C'est leur mode de vie qui les a bien souvent rendus sédentaires", insiste Laurent Priss, un ancien maître-nageur devenu éducateur sportif. "Il suffit de huit à dix semaines pour obtenir de premiers résultats, se sentir bien dans son corps et avoir une meilleure image de soi", ajoute-t-il avec enthousiasme.

Des patients jusque-là "invisibles"

Pour Maxime Barkok, les bienfaits de la pratique sportive ne sont plus à démontrer: depuis quelques semaines sa tension, habituellement élevée, est retombée et sa glycémie régulée. "Au début, c'est la galère mais les résultats sont là", affirme avec satisfaction l'intéressé, qui pratique également la marche nordique.

Un constat que partage le docteur Alexandre Feltz, vice-président de la communauté urbaine de Strasbourg et conseiller municipal en charge des questions de santé. "Plusieurs études prouvent que faire du sport régulièrement permet aux personnes traitées pour un cancer ou en rémission de diminuer le risque de récidive de 30 à 50%", explique ce médecin, qui a mis en place le dispositif, élargi depuis peu aux patients ayant souffert d'un cancer du côlon ou du sein.

Par ailleurs, les premiers bilans menés par la ville ont révélé que les premiers bénéficiaires du dispositif étaient en grande majorité des "patients invisibles", éloignés habituellement des clubs et associations sportives faute de moyens suffisants. Ainsi, 70% des bénéficiaires gagnent moins de 1.000 euros par mois et près de 80% d'entre eux ne savent ni nager ni faire du vélo.

"Les inégalités sociales augmentent le risque de maladies, et diminuent les chances d'en sortir. C'est la double peine", souligne encore le Dr Feltz.

Pour mettre tout le monde sur la même ligne de départ, une école de vélo a été créée par la municipalité et des cours de natation pour débutants sont également dispensés chaque semaine.

Rédigé par () le Jeudi 23 Janvier 2014 à 06:03 | Lu 425 fois