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À Papeete, la fin des couleurs pour les candidats


© Antoine Samoyeau
© Antoine Samoyeau
Tahiti, le 18 avril 2023 – Dimanche dernier, aux bureaux de vote de l'école Mama'o, à Papeete, des électeurs se sont vu demander de changer de tenue afin de ne pas afficher de couleur politique. Une consigne qui a fait réagir les candidats et leurs militants. Explications...
 
À Papeete, dimanche, les couleurs étaient bannies de l'école Mama'o pour le premier tour des élections territoriales. Aucun drapeau n'était agité le long de l'avenue Georges Clémenceau – ce qui n'est pas une première – mais il a été demandé aux électeurs, et surtout aux candidats, de ne pas porter de vêtements aux couleurs évocatrices de leurs listes. Consigne qui a fait réagir les candidats et leurs militants dimanche. Si le code électoral ne prévoit aucune consigne, ni limite vestimentaire, les électeurs ont cependant une obligation de neutralité, explique-t-on au haut-commissariat. Le reste est à l'appréciation du président du bureau de vote.
 
Et justement, dans le bureau de vote de Papeete présidé par René Temeharo, l'adjoint à la mairie de Papeete n'a pas apprécié que des colistiers arborent leurs couleurs. Heinui Le Caill, candidat sur la liste Tavini dans la première section des îles du Vent, raconte : “Comme j'étais délégué, en représentant de parti, à l'ouverture, je suis allé voir dans les bureaux si nos assesseurs étaient présents. Quand je suis entré dans le bureau de René Temeharo, il m'a demandé de sortir à cause de la couleur de ma chemise qui était bleue avec des fleurs blanches.” Heinui Le Caill a même saisi la commission de contrôle des élections qui, dans les communes de plus de 20 000 habitants, comme c'est le cas à Papeete, est sur place pendant toute la durée du scrutin et peut être sollicitée à n'importe quel moment, s'il y a un doute sur une question de conformité. La juge présidant la commission a alors préconisé de changer de vêtements. Heinui Le Caill est donc rentré chez lui pour se changer. “Tout ce que j'avais de disponible à ce moment-là, c'était une chemise jaune et blanche, donc on a cru que j'étais Ia Ora !”, s'amuse-t-il. “C'était un peu embarrassant.” Mais il n'est pas le seul à avoir fait les frais de cette décision, Pascale Haiti, en tête de la liste Amuitahiraa sur la même section, a également dû changer de robe. Tauhiti Nena, tête de liste Hau Ma'ohi, a décidé quant à lui retourner sa chemise – blanche – au moment d'aller voter.

“Respecter le secret du vote”

La commission, saisie par les différents partis politiques sur la question de la tenue vestimentaire, leur a demandé de respecter la neutralité, pas seulement à l'intérieur des bureaux de vote mais également dans l'enceinte de l'école Mama'o. Pour Rémy Brillant, directeur général des services de la mairie de Papeete, “à partir du moment où il y a des rassemblements, avec des gens qui portent la même couleur, ça fait effet masse, et il y a des gens qui peuvent être influencés dans leur vote”. Pour lui, il s'agit de “respecter le secret du vote, de la même manière qu'on doit prendre plusieurs bulletins ou que des poubelles sont mises à disposition au sein de l'isoloir”. Il rappelle également que la campagne électorale se termine la veille du scrutin et que la tenue vestimentaire peut être considérée comme un signe de propagande. “Toutes ces couleurs, ça fait partie du folklore de l'élection, mais la règle c'est la règle et des fois c'est bien de la rappeler”, estime Rémy Brillant. Reste que dans les autres communes de Polynésie française, ladite règle n'a pas été appliquée.
 
Autres couleurs qui manquaient, dimanche, celles des drapeaux aux abords de l'école Mama'o. Comme c'est le cas depuis les élections municipales de 2020, le conseil municipal de Papeete a pris un arrêté pour interdire la présence des drapeaux. “On le fait systématiquement pour éviter les débordements”, explique le directeur général des services de la commune. “Ça peut créer des troubles :  ils mettent des drapeaux sur des mâts qui font 3 ou 4 mètres de chaque côté de la route. On était arrivé à une situation abusive difficile à gérer. On a toujours peur que ça dérape. Les gens qui viennent voter se sentent parfois dérangés par ça, voire se sentent parfois agressés, donc ça n'encourage pas forcément à venir voter. On a envie que ce soit tranquille.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mardi 18 Avril 2023 à 17:32 | Lu 2855 fois