Tahiti Infos

A Paea, le projet d'aménagement de la rivière Tiapa crée des inquiétudes


Sur toute la partie en aval de la rivière et jusqu'à son embouchure, le projet d'aménagement prévoit de canaliser par un ouvrage en béton le lit de la Tiapa.
Sur toute la partie en aval de la rivière et jusqu'à son embouchure, le projet d'aménagement prévoit de canaliser par un ouvrage en béton le lit de la Tiapa.
PAEA, le 20 juillet 2015. Les riverains qui habitent le long de la rivière Tiapa, située au PK 20,5 à Paea, ont découvert, à, l'occasion d'une enquête publique et de son étude d'impact environnemental que la partie la plus en aval de la Tiapa allait être bétonnée. Une hérésie inutile pour bon nombre d'entre eux.


L'étude d'impact sur l'environnement de la rivière de Tiapa à Paea était disponible pour le public durant un mois en mairie de Paea, mais cette consultation s'est achevée en fin de semaine dernière. Faute d'une "publicité" très active au sujet de cette étude d'impact qui était consultable en mairie, peu de commentaires figurent sur le registre des doléances. Mais tous les messages, émanant de riverains directs de cette rivière, disent tous à peu près la même chose. "Habitant depuis 35 ans au bord de la Tiapa, il n'y a jamais eu d'inondation "naturelle" dans notre zone. Celles constatées étaient provoquées par des amas d'arbres en amont" dit un habitant. Un autre s'interroge : "remplacer une rivière vivante par un canal en béton est-il bien durable et bénéfique pour la population"?

Et pourtant, à lire l'étude d'impact, ces travaux d'aménagement prévus dans la rivière Tiapa sur plus d'un kilomètre à partir de l'embouchure, "visent à réguler le débit de la rivière lors des fortes précipitations, permettant ainsi d'atteindre une capacité de transit centennale". Rien de moins. De mémoire d'habitants, vivant au bord de la Tiapa depuis trois ou quatre décennies, la rivière n'aurait pourtant débordé qu'à deux reprises. Une fois dans les années 1980, la seconde en décembre 1998 alors que des pluies diluviennes avaient emporté le pont de la Punaruu. Depuis, rien de franchement notable. Si les riverains estiment qu'avec la densification des constructions, il était effectivement nécessaire de redimensionner le pont de Tiapa (qui enjambe la route de ceinture au PK 20,5) peu semblent séduits par le projet présenté par le ministère de l'Equipement.

Canalisation –et bétonisation- de la rivière en aval, enrochements percolés de béton puis enrochements libres sur 1,1 km de l'embouchure jusqu'au niveau du cimetière de Tiapa (derrière le collège de Paea), le "recalibrage et la protection des berges" tels prévus dans le projet provoquent des mécontentements. D'autant que des aménagements paysagers ou de sauvegarde de la faune aquatique ne sont pas encore à l'ordre du jour. "La possibilité d'aménager une zone tampon/repos en amont du canal en béton a été étudiée sans toutefois être retenue faute de maîtrise foncière. Cela consisterait en un élargissement du cours d'eau créant ainsi des zones de courant plus faible où la faune aquatique pourrait se reposer et trouver des abris". Mais sans le foncier disponible (car parfois les habitations sont à moins de 4 mètres des berges), sur la dernière partie de la Tiapa, les anguilles feront du toboggan jusqu'à la mer.


Un immeuble et de nombreuses habitations sont situés à moins de 6 mètres du cours d'eau, représentant un risque moyen d'interaction, note l'étude d'impact du projet.
Un immeuble et de nombreuses habitations sont situés à moins de 6 mètres du cours d'eau, représentant un risque moyen d'interaction, note l'étude d'impact du projet.
Terrassement et "interaction"

Les travaux de terrassement prévus sur la rivière Tiapa risquent d'affecter les habitations situées sur les berges. A ce sujet l'étude d'impact précise : "Un immeuble et de nombreuses habitations sont situés à moins de 6 mètres du cours d'eau, représentant un risque moyen d'interaction. Afin d'éviter toute déstabilisation de l'existant des mesures devront être prises en phase travaux de terrassements par "touches de piano" (soutènements provisoires). Un constat contradictoire sera réalisé par huissier avant le démarrage des travaux. Des capteurs de vibration seront posés dans les bâtiments les plus critiques (résidence Fare Miti, garage, blanchisserie, assurance) et un suivi sera effectué par un bureau de contrôle spécialisé".


Le chantier d'aménagement de la rivière Tiapa prévoit, selon les indications de l'étude d'impact réalisée par le bureau d'étude Fenua Environnement nécessitera jusqu'à 15 104 m3 de déblai et 9 168 m3 de remblai. Les travaux sur place devraient durer environ 7 mois. Au moment des travaux sur le pont qui enjambe la rivière, une circulation alternée devra être mise en place, ce qui rendra nécessairement la traversée de la commune de Paea délicate et créera un point de ralentissement de la circulation important sur la côte Ouest. Pour ne pas affecter trop le flux de véhicules, les travaux devraient s'effectuer le plus possible entre 8 heures et 16 heures pour ne pas gêner le trafic aux heures de pointe.


Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 20 Juillet 2015 à 18:12 | Lu 2257 fois
           



Commentaires

1.Posté par macox le 20/07/2015 20:32 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Encore une rivière qui risque d'être saccagée. FIU!!!!

2.Posté par Viniura le 20/07/2015 21:41 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Etude d'impact bien peu crédible et consultation tronquée. Bravo !!! Oui, ca sent l'entourloupe. Publicité dans les Nouvelles ...

3.Posté par Le vengeur de Moorea le 21/07/2015 09:41 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Article 9 de la délibération n° 13-1958 du 7 février 1958 modifiée précise que Nul ne pourra couper ou arracher des arbres sur les rives d'un cours d'eau sur une largeur de vingt mètres à partir des bords du lit dudit cours d'eau déterminés par la hauteur des eaux coulant à pleins bords avant de déborder et sur une largeur de cinquante mètres sur les cent premiers mètres en amont de l'embouchure.

S'il y a de la ripisylve (végétation haute dans le lit majeur du cours d'eau), les aménagements sont donc interdits !!!


Concernant l'enquête publique, l'information est limitée à :
- La pose d'affiches dans un rayon de 1 km autours du projet avec certificat d'affichage par la commune,
- La parution d'un avis dans la presse quotidienne 3 j d'affilé (donc les nouvelles ou tahiti info depuis la cessation d'activité des Nouvelles).


Même si l'enquête publique est terminée, les personnes intéressées peuvent toujours suivre l'Art. LP. 233-3. (modifié, LP n° 2006-22 du 05/12/2006, art. 3)- 'Passé ce délai (de 1 mois NDLR), les remarques et avis du public pourront toujours être actés par courrier recommandé adressé au service instructeur et/ou à la direction de l’environnement. Ces remarques et avis ne pourront plus être pris en compte, une fois l’avis définitif du service instructeur rendu.

4.Posté par Romain le 21/07/2015 11:17 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Bonjour Viniura,

En tant que contributeur du rapport auquel tu fais mentions, je me permets de t'apporter quelques éléments au sujet de ce projet:


1) Le projet a été bien remanié depuis son origine (chose que l'article ne mentionne pas). En effet, à la base il s'agissait d'un canal béton qui a été modifié pour y inclure des enrochements en son lit afin de briser la vélocité du courant et de permettre aux espèces d'eau douce d'y trouver caches et zones de calme. La portion canalisée disposera également d'un décoché assurant un fil d'eau continu permettant ainsi d'avoir une débit constant et d'assurer la continuité terre/mer. Ce n'est évidemment pas la solution optimale mais c'est le meilleur compromis qui a pu être trouvé en l'absence d'étude poussées permettant des solutions plus douces à base de végétalisation et maintien des berges par des essences locales. Je me permets également de signaler que l'eie a permis de sauvegarder une bonne partie de la zone comprise entre le lotissement et la rivière afin de permettre à la population de continuer à s'y promener et disposer de cet espace de détente qui était pourtant voué à disparaître.

2) La consultation a été mentionnée dans Tahiti infos pendant trois jours consécutifs et non dans les nouvelles comme tu le laisses sous entendre.Tout le processus d'instruction et de consultation publique a été fait dans les règles de l'art.
Il est vrai que dans le document d'eie consultable en mairie s'est glissée une petite coquille dans le résumé mais l'information du publique quant à la consultation de l'étude a bien été faite dans la presse et par voie d'affichage. Celle-ci n'a donc pas été tronquée.

Bien à toi,
cdt

5.Posté par Romain le 21/07/2015 12:53 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Mon nombre de caractères à disposition étant dépassé et ma réponse ayant été coupée, je me permets de reprendre cette dernière:

1) Le projet initial a été remanié afin de concilier au mieux les objectifs de protection des habitations et l'environnement.

2) L'enquête publique a bien eu lieu selon la réglementation en vigueur à savoir par voie d'affichage et parution dans la presse (Tahiti infos d'ailleurs). Libre à vous de consulter les parutions du 16/17/18 Juin .... Un courrier au maire lui indiquant la procédure à suivre en termes de communication auprès de ses administrés a également été fourni donc non la consultation n'a pas été tronquée...

6.Posté par Viniura le 21/07/2015 13:24 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

# post 4

Merci pour le début de réponse malheureusement fort incomplète.
En tant que riverain, je m'interroge sur la base même de l'action et non sur des solutions potentielles non retenues ainsi que sur la sincérité de la publicité faite à la consultation. Pas d'affiches, pas de réunions, ...

En ce sens, je m'interroge sur la crédibilité d'une étude ne réfletant pas et ne tenant pas compte des attentes des riverains et l'absence de débat.