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À Milford Sound, la montagne prend le large !


Toute la majesté de Milford Sound, depuis le fond du fjord : la dent du Mitre Peak culmine à 1 692 m au-dessus de la mer…
Toute la majesté de Milford Sound, depuis le fond du fjord : la dent du Mitre Peak culmine à 1 692 m au-dessus de la mer…
NOUVELLE-ZÉLANDE, le 8 août 2019 - S'il est un lieu troublant en Nouvelle-Zélande, c'est bien Milford Sound, un fjord dont les falaises de plus de mille mètres de hauteur plongent brutalement dans la mer de Tasmanie. Balade entre rocs et vagues…

L'écrivain anglais Rudyard Kipling en était convaincu : la huitième merveille du monde, à ses yeux, c'était Milford Sound, un site naturel d'une extraordinaire majesté, situé au sud de la côte est de la Nouvelle-Zélande. Les vagues qui lèchent les falaises ici sont celles de la mer de Tasmanie, redoutée des "voileux" qui en connaissent l'apparente douceur et les terribles caprices.

Plus d'un kilomètre de verticale

Imaginez un paysage alpin vertigineux, des falaises de plus d'un kilomètre de verticale, ne donnant pas sur une vallée en auge piquetée de marguerites et de vaches "clochetantes", mais sur la mer dans toute sa force sauvage. Milford Sound, c'est une langue de mer bleue qui s'avance entre deux murs de roches ignées, une saignée dans la montagne que cicatriserait doucement, au rythme de chaque marée, l'eau salée du grand large.
Incongru, ce sel l'est, si loin de la mer, quand on se balade à pied au fond du fjord. En effet, le grand large, comprenez la mer ouverte, on ne le voit pas. Milford Sound, au premier regard, ce n'est qu'un lac de plus dans une région qui n'en manque pas. Sauf que celui-ci est vraiment salé et que si l'on s'y engage sur une embarcation, on est assez vite soulevé, d'abord légèrement, puis plus énergiquement, par des trains de houle que l'on ne soupçonne pas depuis la terre.

Un environnement préservé

À vol d'oiseau, de Milford Sound (en maori Piopiotahi)à Queenstown, il n'y a qu'une cinquantaine de kilomètres. Par la route, c'est une toute autre affaire ; à défaut de tunnels (projets dont on parle à moyenne échéance), il faut compter plus de 250 kilomètres de parcours dans des vallées alpines, mais également sur des routes plus tourmentées. Ce n'est qu'après le passage du Homer Tunnel que l'on est véritablement dans la descente finale, celle qui conduit au fjord, puis à la mer.
Sur place, les installations ont été réduites au maximum : très peu de formules d'hébergement, une petite piste d'aérodrome (pour les retours, la voie des airs est indispensable à notre humble avis) et surtout une vaste gare routière et maritime donnant sur un large quai accueillant dans un mouillage très sûr les différentes compagnies de bateaux touristiques se partageant le "gâteau". Car Milford Sound, au vu de sa fréquentation (plus de deux mille visiteurs par jour en haute saison), est incontestablement une très forte attraction touristique, suffisamment fréquentée pour qu'une véritable flotte d’embarcations se partage la clientèle, dont le plus gros des rangs provient, bien entendu, de Queenstown.

Entre fjord et haute mer

La verticalité des falaises explique pourquoi Milford Sound a été préservé de toute pollution visuelle. Impossible de construire ne serait-ce qu'un chemin dans un tel relief.
La verticalité des falaises explique pourquoi Milford Sound a été préservé de toute pollution visuelle. Impossible de construire ne serait-ce qu'un chemin dans un tel relief.
Un seul jour pour visiter Milford Sound, c'est un peu court, mais hormis les balades en bateau ou en kayak, jusqu'aux vagues du large, il n'y a aucune possibilité d'organiser des randonnées le long de ce fjord, tant les parois en sont accores. Aucun accès « piétonnier » n'est et ne sera jamais réalisé dans ce décor ayant gardé toute son authenticité. Tout juste se sent-on un peu gêné de venir troubler la majesté du site à bord de bateaux remplis de touristes (beaucoup passent autant de temps au buffet que sur le pont à admirer le paysage).
La mer de Tasmanie est là, devant l'étrave, que précèdent quelques dauphins rieurs. Ils se tiennent en lisière du fjord, comme s'ils savaient que le rétrécissement de la mer ne les conduirait qu'à plus de contacts avec ces étranges visiteurs se pressant quotidiennement dans leurs eaux. Un contact dont ils se passeraient sans doute volontiers tant les entassements de touristes semblent quelque peu anachroniques dans ce paysage où le gigantesque le dispute à la sérénité.

Milford Sound pratique

Pour y aller
 
Vols Air Tahiti Nui ou Air New Zealand Papeete/Auckland ; connexion au terminal domestique avec Queenstown. A l’aller ou au retour, prévoyez bien sûr un arrêt shopping à Auckland (le shopping à Queenstown étant par définition plus cher qu’à Auckland).
 
Pour y loger
 
Trois formules testées pour vous à Queenstown parmi une multitude de possibilités :
- Le Mercure Resort Queenstown,au-dessus du lac Wakatipu. Une vue imprenable. Confortable 3 étoiles excentré, parfait pour se reposer.
- Le St Moritz QueenstownMGallery by Sofitel,une luxueuse ambiance montagnarde en bordure du lac Wakatipu.
- Le Sofitel Queenstown and Spa, sans doute la formule "luxe" la plus séduisante (en centre-ville). Établissement raffiné et sophistication de très bon goût. 
 
Pour profiter de Milford Sound
 
Vous ferez l'aller en bus, très confortable, les paysages étant véritablement enchanteurs (mais la route est longue !). Une fois sur place, à bord du bateau, grignotez vite au buffet pour vous installer sur le pont supérieur avant que la foule ne s’y masse. A notre avis, réservez impérativement votre retour par les airs (petit avion, ou, mieux, hélicoptère, avec dépose sur un glacier des Alpes du Sud), vous serez ainsi de retour à Queenstown aux alentours de 16h30, idéal pour un petit jacuzzi. Si vous rentrez par la route, ce ne sera pas avant 19h30, voire 20h, et vous serez vraiment épuisé.
Si vous n’êtes pas amateur de paysages et de route sinueuse, faites l’aller et retour en avion de tourisme, c’est la formule la moins fatigante.
 
A savoir
 
Il pleut plus de 6 500 mm de pluie par an à Milford Sound. Autant dire qu’il vaut mieux être prévoyant et… croiser les doigts ! Rappelez-vous que l’été, le site reçoit plus de deux mille visiteurs par jour. L’hiver, il fait certes très froid mais le temps est souvent beau (juin, juillet et août sont les mois les plus secs) et la lumière exceptionnelle. Mais il faut être couvert…

Découverte en 1812

Milford Sound n’a pas été découvert très vite car l’entrée de ce fjord de quinze kilomètres de profondeur n’est pas très visible depuis le large. James Cook, par exemple, est passé devant sans le noter. Ce n’est qu’en 1812 que le capitaine John Grono découvrit cette curiosité naturelle qu’il baptisa Milford Haven en référence à son pays de Galles natif. Grono, à cette époque, écumait les côtes du sud de la Nouvelle-Zélande, notamment la côte ouest. En effet, les premières reconnaissances britanniques avaient mis en évidence l’extraordinaire densité de phoques et d’otaries, animaux recherchés alors pour leur graisse et surtout pour leurs peaux, qui se revendaient à très bon prix à Sydney. Grono par la suite abandonna la vie en mer pour ouvrir un chantier naval à Hawkesbury duquel sortirent de très nombreux voiliers, les plus grands bâtis alors dans la colonie. 
John Grono mourut le 4 mai 1847, âgé probablement de 80 ans ; il a été enterré dans sa paroisse de cœur en Australie. Milford Haven fut rebaptisé quelques années plus tard Milford Sound par l’amiral John Lort Stokes. Quant à la réconciliation entre Européens et Maoris, elle a abouti en 1998  à un nouveau nom de baptême, Milford Sound/ Piopiotahi.

La Nouvelle-Zélande a rendu deux hommages philatéliques à ce site exceptionnel de sa côte sud-ouest.
La Nouvelle-Zélande a rendu deux hommages philatéliques à ce site exceptionnel de sa côte sud-ouest.

Rédigé par Daniel Pardon le Jeudi 8 Août 2019 à 15:11 | Lu 1240 fois