Koungou, France | AFP | lundi 18/02/2024 - Impliquer des enquêteurs chevronnés dans les opérations de maintien de l'ordre à Mayotte pour "rassembler les preuves" et identifier les "donneurs d'ordre" des violences qui rendent la vie impossible aux Mahorais. C'est la mission d'une nouvelle unité de gendarmerie aux résultats "assez forts", se félicitent les autorités.
"En deux mois, ils ont fait 40 interpellations et on a un taux d'incarcération de 60%, le reste étant sous contrôle judiciaire": le général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie de Mayotte, n'est pas peu fier de son GT TOP 976, acronyme de "Groupe de travail - Troubles à l'ordre public" - 976 étant l'indicatif du 101e département français.
Comptant dix membres, dix "enquêteurs spécialisés" venus pour moitié de l'Hexagone et pour moitié originaires de Mayotte, cette unité travaille main dans la main avec le GIGN ou les pelotons d'intervention de la Garde républicaine lors des épisodes d'ultra-violence qui touchent quotidiennement l'archipel français.
"Notre but, c'est d'aller chercher ces donneurs d'ordre car on s'est aperçu que beaucoup de mouvements n'étaient pas spontanés", poursuit le général, évoquant un "service commandé de la délinquance" où des adultes payent des jeunes mineurs, laissés à eux-mêmes et affamés, pour régler des comptes, déstabiliser une zone ou s'en prendre aux symboles de l'Etat.
C'est pour s'insurger contre cette violence et contre l'arrivée régulière de migrants originaires des Comores voisines, et depuis peu d'Afrique continentale, que des collectifs ont installé des barrages routiers paralysant la vie de Mayotte depuis près d'un mois.
Pour "capter les éléments de preuve" et "identifier" les cibles, pas de secret. Il faut "bousculer les jeunes délinquants, les déstabiliser, mettre la pression sur eux pour éviter qu'ils ne mettent la pression sur les automobilistes", explique le général Barth.
Grenades assourdissantes dans la jungle
Exemple à Koungou. Emprunter la route nationale qui traverse cette commune du nord de l'île aux nombreux habitats informels, c'est s'exposer aux coupeurs de route et aux agressions.
En dessous de l'ancien bidonville de Talus 2, rasé en mai 2023, plusieurs dizaines de gendarmes sont en position sous le regard mi-goguenard, mi-inquisiteur de groupes de jeunes, et celui plus amical des adultes.
Sur son smartphone, le colonel Olivier Casties montre une carte indiquant la position de ses hommes, infiltrés dans la forêt et les champs environnants.
L'objectif: des délinquants bien identifiés qui ont "fait de ce quartier leur zone refuge" et se sont repliés sur les crêtes. La mission des gendarmes: quasiment "de la contre-guérilla", explique le colonel: "ils vont progresser, ratisser toute la zone".
Passé un temps de latence, l'opération s'emballe. "Il y a quatre interpellations, on y va!", lance le colonel Casties. Quatre véhicules reprennent la route et s'engouffrent dans un autre quartier informel. Puis les gendarmes entrent au pas de course dans un sous-bois récupérer les interpellés, pris en tenaille puis menottés par leurs collègues infiltrés.
L'extraction se fait au bruit des grenades assourdissantes, puis sous les jets de pierre de plusieurs jeunes. "Celui-là il est dangereux", glisse un gendarme en tenant un homme torse nu. Les enquêteurs du GT TOP 976 n'ont rien loupé de l'opération.
"Ils ont réuni une base de données considérable. Ca permet de savoir très rapidement qui est ce gars, avec qui il traîne, est-ce qu'il aurait fait quelque chose pour lequel il serait recherché", explique le colonel Casties.
Sur les quatre arrêtés du jour à Koungou, deux étaient particulièrement recherchés.
Prison ferme pour un CPE
Le GP TOP 976 "va perdurer car il donne des résultats assez forts", assure le général Barth. Et les fruits de ce travail peuvent aller à l'encontre des idées reçues.
Vendredi soir, deux hommes identifiés par le GT TOP 976 comme commanditaires du caillassage d'une gendarmerie à Sada, dans l'ouest de l'île, ont été condamnés à quatre ans d'emprisonnement ferme par le tribunal judiciaire de Mamoudzou. Barragistes, ils étaient mécontents, selon leur avocat, de la menace - jamais mise à exécution - par le préfet que les barrages seraient levés par la force.
Leur profil: un cadre dans une société publique de l'île et un conseiller principal d'éducation (CPE).
"En deux mois, ils ont fait 40 interpellations et on a un taux d'incarcération de 60%, le reste étant sous contrôle judiciaire": le général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie de Mayotte, n'est pas peu fier de son GT TOP 976, acronyme de "Groupe de travail - Troubles à l'ordre public" - 976 étant l'indicatif du 101e département français.
Comptant dix membres, dix "enquêteurs spécialisés" venus pour moitié de l'Hexagone et pour moitié originaires de Mayotte, cette unité travaille main dans la main avec le GIGN ou les pelotons d'intervention de la Garde républicaine lors des épisodes d'ultra-violence qui touchent quotidiennement l'archipel français.
"Notre but, c'est d'aller chercher ces donneurs d'ordre car on s'est aperçu que beaucoup de mouvements n'étaient pas spontanés", poursuit le général, évoquant un "service commandé de la délinquance" où des adultes payent des jeunes mineurs, laissés à eux-mêmes et affamés, pour régler des comptes, déstabiliser une zone ou s'en prendre aux symboles de l'Etat.
C'est pour s'insurger contre cette violence et contre l'arrivée régulière de migrants originaires des Comores voisines, et depuis peu d'Afrique continentale, que des collectifs ont installé des barrages routiers paralysant la vie de Mayotte depuis près d'un mois.
Pour "capter les éléments de preuve" et "identifier" les cibles, pas de secret. Il faut "bousculer les jeunes délinquants, les déstabiliser, mettre la pression sur eux pour éviter qu'ils ne mettent la pression sur les automobilistes", explique le général Barth.
Grenades assourdissantes dans la jungle
Exemple à Koungou. Emprunter la route nationale qui traverse cette commune du nord de l'île aux nombreux habitats informels, c'est s'exposer aux coupeurs de route et aux agressions.
En dessous de l'ancien bidonville de Talus 2, rasé en mai 2023, plusieurs dizaines de gendarmes sont en position sous le regard mi-goguenard, mi-inquisiteur de groupes de jeunes, et celui plus amical des adultes.
Sur son smartphone, le colonel Olivier Casties montre une carte indiquant la position de ses hommes, infiltrés dans la forêt et les champs environnants.
L'objectif: des délinquants bien identifiés qui ont "fait de ce quartier leur zone refuge" et se sont repliés sur les crêtes. La mission des gendarmes: quasiment "de la contre-guérilla", explique le colonel: "ils vont progresser, ratisser toute la zone".
Passé un temps de latence, l'opération s'emballe. "Il y a quatre interpellations, on y va!", lance le colonel Casties. Quatre véhicules reprennent la route et s'engouffrent dans un autre quartier informel. Puis les gendarmes entrent au pas de course dans un sous-bois récupérer les interpellés, pris en tenaille puis menottés par leurs collègues infiltrés.
L'extraction se fait au bruit des grenades assourdissantes, puis sous les jets de pierre de plusieurs jeunes. "Celui-là il est dangereux", glisse un gendarme en tenant un homme torse nu. Les enquêteurs du GT TOP 976 n'ont rien loupé de l'opération.
"Ils ont réuni une base de données considérable. Ca permet de savoir très rapidement qui est ce gars, avec qui il traîne, est-ce qu'il aurait fait quelque chose pour lequel il serait recherché", explique le colonel Casties.
Sur les quatre arrêtés du jour à Koungou, deux étaient particulièrement recherchés.
Prison ferme pour un CPE
Le GP TOP 976 "va perdurer car il donne des résultats assez forts", assure le général Barth. Et les fruits de ce travail peuvent aller à l'encontre des idées reçues.
Vendredi soir, deux hommes identifiés par le GT TOP 976 comme commanditaires du caillassage d'une gendarmerie à Sada, dans l'ouest de l'île, ont été condamnés à quatre ans d'emprisonnement ferme par le tribunal judiciaire de Mamoudzou. Barragistes, ils étaient mécontents, selon leur avocat, de la menace - jamais mise à exécution - par le préfet que les barrages seraient levés par la force.
Leur profil: un cadre dans une société publique de l'île et un conseiller principal d'éducation (CPE).