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43ème sommet des dirigeants du Forum : le Secrétaire Général annonce son menu


43ème sommet des dirigeants du Forum : le Secrétaire Général annonce son menu
RAROTONGA, lundi 27 août 2012 (Flash d’Océanie) – Alors que les chefs d’États et de gouvernements océaniens convergent vers la capitale des îles Cook, Rarotonga, pour participer au 43ème sommet annuel du Forum des Îles du Pacifique (FIP), le Secrétaire Général de cette organisation régionale, Tuiloma Neroni Slade, a voulu dès ce week-end dresser un menu des sujets qu’il considère comme les plus prééminents lors de cette réunion des 16 États membres (moins Fidji).

Lors d’une conférence face à la presse régionale, qui profite aussi de le tenue de ce Forum pour tenir un séminaire, le chef du FIP a aussi voulu souligner « l’importante responsabilité » des médias dans leur tâche de rapporter les débats, avec comme thème choisi, cette année, de « Défis du Pacifique et États insulaires », avec pour toile de fonds les problématiques de développement, de sécurité régionale et de croissance économique durable ».
Autour de ces thèmes, un autre est mis en avant par les instances dirigeantes du Forum : le plan de réformes, connu sous le nom de « Pacific Plan », qui s’appuie sur plusieurs piliers principaux comme la bonne gouvernance, la croissance économique, la sécurité régionale ou encore l’intégration régionale.
Ce Plan, adopté par les dirigeants océaniens en 2005, fait l’objet cette année d’une évaluation et d’un bilan d’étape, afin de mesurer l’avancement de sa mise en œuvre, sept ans après son lancement.

Face à ce plan, a estimé M. Slade, des obstacles demeurent, comme l’instabilité chronique dans plusieurs États membres, la crise financière mondiale, la surpêche dans l’Océan Pacifique ainsi que l’impact anticipé des changements climatiques.
Autre défi à relever, sur lequel les pays océaniens sont, depuis six ans, au point mort : la conclusion d’accord économiques d’intégration régionale, et notamment ceux qui doivent les lier à l’Union Européenne, sous forme d’ « Accords de Partenariat Économique » (APE), censés remplacer les achats subventionnés européens qui prévalaient sous les accords UE-ACP de Lomé, puis de Cotonou.

Les questions de sécurité régionale concernent principalement deux pays : les îles Salomon, où une mission régionale d’assistance (la RAMSI, sous commandement australien et sous mandat du Forum), d’abord militaire et policière depuis juillet 2003, éloigne cet archipel du spectre de l’effondrement, après cinq années de guerre civile (198-2003).
Les dirigeants océaniens, lors de ce sommet, devront aussi cette semaine se prononcer une nouvelle fois sur le maintien, ou pas, de l’exclusion de Fidji (prononcée en mai 2009 pour cause de non retour rapide à la démocratie après le putsch du 5 décembre 2006).
Depuis le début 2012, le Contre-amiral Premier ministre Franck Bainimarama, qui dirige le gouvernement issu de son coup d’État, a levé les mesures d’urgence et lancé un double processus de consultations en vue de formuler une nouvelle Constitution, et d’enregistrement de la population sur les listes électorales, pour un scrutin législatif prévu pour le dernier trimestre 2014.
Plusieurs missions internationales, dont une composée de ministres des ays membres du Forum, se sont rendues, depuis début 2012, à Fidji, pour se rendre sur place de l’avancement de ce processus, sur fonds de réchauffement progressif des relations entre Suva et les deux plus influents membres du FIP, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

En marge de la session plénière de ce sommet, mercredi 29 août 2012, comme chaque année, se dérouleront des réunions regroupant les plus petits États insulaires du ce bloc océanien, d’autres regroupant la composante océanienne du groupe des pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique).

Pour la première fois, et à la demande des intéressés, les pays et territoires jouissant d’un statut intermédiaire de « membres associés » (dont les deux collectivités françaises de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française) ainsi que les « observateurs » (comme, entre autres, Wallis-et-Futuna) auront la possibilité de faire des déclarations « pour présenter aux dirigeants du Forum leur point de vue sur certaines questions, dont les dirigeants pourront ensuite discuter » lors de leur traditionnelle « retraite », jeudi 30 août 2012.
Alors que la Nouvelle-Calédonie devrait une nouvelle fois faire porter sa demande d’accéder au statut de membre plein du FIP, avec le soutien de la France, mais aussi de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, la Polynésie française, dont la délégation est conduite par son Président indépendantiste Oscar Temaru, devrait pour sa part concentrer ses efforts, une fois de plus, sur la sensibilisation à sa demande de faire réinscrire cette collectivité non souveraine sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser, sans le soutien de la France.

En fin de semaine, vendredi 31 août 2012, viendra le temps du non moins traditionnel « dialogue post-forum », avec la douzaine de partenaires de développement (dont la France et l’Union Européenne, mais aussi les États-Unis, la Chine -présents en force cette année-, le Canada, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, les Philippines, la Thaïlande et le Royaume-Uni) pour que chacun puisse faire le point avec le FIP sur son programme d’aide au développement.

Le Forum à la croisée des chemins

Le Secrétaire général du FIP, toutefois, n’a pas mentionné un autre point, objet de débats dans la région ces derniers mois : un rapport d’audit de cette organisation régionale, qui conclut notamment, dans ses versions préliminaires, qu’un fossé grandissant se creuse entre le FIP, son administration et ses pays membres, le tout sur fonds d’influence, y compris dans le financement, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, de l’Union Européenne.
Autre perception, selon les responsables régionaux et nationaux consultés lors de cette enquête (financée par la Nouvelle-Zélande) : le manque d’efficacité de cette organisation, de plus en plus concurrencée par des mouvements subrégionaux de type Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui regroupe Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu et, non étatique, le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie).


L’émergence des groupements subrégionaux

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Depuis 2009, année de son exclusion du FIP, le gouvernement fidjien organise chaque année, quelques jours avant le sommet du FIP, une autre réunion régionale, en mode « alter-Forum », rassemblant ostensiblement des pays de la région qui, à chaque édition, ont réaffirmé » leur soutien à la feuille de route annoncée par Suva en matière de retour à la démocratie et de réformes.
La dernière édition de cette réunion « S’engager pour le Pacifique » a eu lieu la semaine dernière à Nadi.
Cette réunion de Nadi rassemblait, outre les membres du GMFL, des chefs d’États, de gouvernement ou représentants à divers niveaux de pays comme les îles Cook, Tonga, les États Fédérés de Micronésie, la Polynésie française, Kiribati, les îles Marshall, Nauru, la Nouvelle-Calédonie, le Timor oriental, Tuvalu, la Chine, l’Indonésie, le Maroc et même le Grand Duché de Luxembourg, le Kazakhstan et le Kosovo.

En début de semaine, à Rarotonga, un groupe de pays polynésiens, toujours en mode subrégional, a porté sur les fonds baptismaux un « Groupe des Dirigeants Polynésiens (PLG, Polynesian Leaders Group), qui se veut un pendant du GMFL et qui promeut aussi une plus grande coopération subrégionale au sein de ce qu’il est convenu d’appeler le « Grand Triangle Polynésien »).
Ce groupe naissant comprend les îles Cook, Niue, Samoa, Tonga, Tuvalu, les Samoa américaines, la Polynésie française et Tokelau.
Mais, selon Henry Puna, Premier ministre des îles Cook et nommé président de ce PLG, il ne s’agit en aucun cas « de faire concurrence à d’autres groupements au sein du Forum ».
« Nous pensons simplement qu’à l’intérieur du triangle polynésien, il y a certaines questions qui nous sont spécifiques et qui peuvent être résolues à un niveau subrégional », a-t-il insisté.



Les forces en présence… et en absence

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Toutes ces subdivisons internes au FIP interviennent aussi sur fond de retour en force des États-Unis dans la grande région, après des décennies d’absence et en réponse apparente à une autre montée en puissance indéniable : celle de la Chine.
Cette année, les délégations américaine et chinoise devraient être une nouvelle fois de taille avec, attendue à la tête du groupe d’envoyés de Washington, la Secrétaire d’État Hillary Clinton.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande (ce dernier pays ayant assuré ces douze derniers mois la Présidence tournante du FIP) devraient être représentées par leurs deux chefs de gouvernements, Mme Julia Gillard et M. John Key.
Au niveau ministériel, Murray McCully, ministre australien des affaires étrangères et Richard Marles, secrétaire d’État australien pour le pacifique, devraient être aussi du voyage.

La délégation française devrait notamment comporter l’Ambassadeur Hadelin de la Tour du Pin, Secrétaire Permanent pour le Pacifique et le sous-directeur Océanie au ministère des affaires étrangères, Arnaud Roux.
Côté Union Européenne, le directeur du service d’action extérieure, David O'Sullivan, est annoncé de Bruxelles.

Le premier ministre des îles Salomon, Gordon Darcy Lilo, a annoncé par avance qu’il n’assisterait pas à ce 43ème sommet du FIP.
Tout juste de retour d’une visite officielle en Australie, il a notamment invoqué des « questions pressantes » au plan intérieur, y compris le début d’une session parlementaire, sur fond de rumeurs de motions de censure à son encontre.

pad

Rédigé par PAD le Lundi 27 Août 2012 à 05:48 | Lu 1373 fois