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300 professionnels de santé envoyés aux Antilles, 10 en Polynésie


 
Tahiti, le 21 août 2021 - Le ministère des Outre-mer a annoncé vendredi l'envoi de 10 nouveaux professionnels de santé en Polynésie française, contre plus de 300 aux Antilles. Une nouvelle différence de traitement qui ne manque pas de faire réagir au fenua.
 
Le sujet suscite l'ire de nombreux soignants en Polynésie française ce week-end. Alors que les capacités hospitalières sont saturées au fenua, les médias nationaux ont largement rapporté vendredi l'envoi de plus de 300 professionnels de santé aux Antilles pour prêter main-forte aux hôpitaux martiniquais et guadeloupéens débordés par le Covid. Une opération répondant à l'appel du ministre de la Santé, Olivier Véran, à Paris. Problème, dans le même temps, le ministère des Outre-mer a annoncé vendredi l'envoi de seulement 10 professionnels de santé supplémentaires en Polynésie française. Sept infirmiers et trois médecins anesthésistes-réanimateurs qui partiront mercredi prochain pour Tahiti. Des renforts auxquels s'ajoutent du matériel, comme 450 concentrateurs d'oxygène et plus de 50 000 blouses de protection.
 
Sauf que le compte n'y est pas pour les soignants polynésiens. Ces dix renforts s'ajoutent aux quinze infirmiers et aides-soignants de la réserve sanitaire arrivés la semaine dernière, et aux huit personnels de santé calédoniens sollicités par le Pays. Au centre hospitalier de Taaone, on se dit “écœuré” par la différence de traitement avec les Antilles depuis le début de la crise. D'abord pour la rapidité avec laquelle la Martinique et la Guadeloupe ont procédé au confinement par rapport à la Polynésie française, ensuite et surtout pour la différence avec laquelle s'exerce la solidarité nationale dans les trois territoires. “Lorsque l'on voit le traitement de la crise Covid en outre-mer dans les médias nationaux, on a l'impression que la Polynésie n'existe pas. L'État communique largement sur l'envoi de centaines de personnes en Martinique et en Guadeloupe, et on se sent complètement oubliés”, commente-t-on au CHPF.
 
En plus des 300 soignants envoyés vendredi aux Antilles, on rappelle la livraison de 100 tonnes d'oxygène du navire Dumont d'Urville de la Marine nationale la semaine dernière à Fort-de-France, et le déploiement début août de 50 militaires du service de santé des armées et du régiment médical de l'Armée de terre pour faire fonctionner 20 lits de réanimation supplémentaires alors que le taux d'incidence était que de 1 100 cas sur 100 000 sur place à l'époque. Taux d'incidence qui a dépassé les 1 700/100 000 en Polynésie depuis dix jours.
 
Le haut-commissariat se défend
 
Interrogé sur cette différence de traitement avec les Antilles, le haut-commissaire a répondu vendredi en assurant que les moyens étaient “adaptés en fonction des demandes formulées par l'hôpital”. “Nous ne sommes pas dans la même situation qu'en Martinique ou en Guadeloupe”, s'est également défendu le représentant de l'État. Côté chiffres, la situation semble néanmoins de gravité largement équivalente entre les trois territoires ultra-marins. “J'ai demandé également cette semaine au Gouvernement national d'étudier toutes les solutions de soutien possibles par des moyens militaires et civils pour venir en appui à nos structures”, a ajouté le haut-commissaire. Interrogées samedi, les autorités sanitaires du Pays confirmaient que ce type de renforts étaient évidemment nécessaires aussi au fenua.
 
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Samedi 21 Août 2021 à 18:43 | Lu 4245 fois