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2ème journée colloque à l’ISEPP : Pratiques politiques et sociales et émergence de mouvements.


2ème journée colloque à l’ISEPP : Pratiques politiques et sociales et émergence de mouvements.
Ce mercredi après-midi la réflexion et diverses pistes ont porté sur l’émergence de nouvelles pratiques, mais aussi l’évolution des personnes dont le genre et la sexualité sortent du « normatif », c’est-à-dire, de ce qui est conforme. Il a aussi été question de la théorie « Queer » dans le pacifique et de la dimension érotique de la liberté, de l’empire et du tourisme à Guam, un autre groupe d’îles du pacifique, ou encore à Hawai’i.

Au fur et à mesure que les heures avancent et que les intervenants posent les problématiques héritées bien souvent de dogmes établis depuis plusieurs siècles, ou parfois récentes avec des effets dévastateurs sur le plan culturel, psychologique ou tout simplement contextuel, des pistes intéressantes apparaissent pour apporter des éléments de réponses sur la classification des genres. Niko Besnier, professeur à l’Université d’Amsterdam, a soulevé le point des pratiques genrées et sexualités transgressives.

Dans son exposé, il a proposé de mettre de côté les questions et ou jugement d’ordre identitaire (faisant allusion ici à l’identité) en tentant de mettre en exergue, de la manière la plus neutre possible, les pratiques sociales, culturelles, historiques mais aussi politique dans lesquelles le « trans-genre » tente d’évoluer tant bien que mal. Jusqu’ici, les processus identitaires sont très instables, et donc pas fiables. Cela est dû à l’évolution de divers contextes imbriqués dans plusieurs échelles d’évaluation.

Ce qui était logique hier, ne le paraît plus guère aujourd’hui ou à contrario, ce qui n’a pas été accepté autrefois pour des raisons religieuses ou culturelles, s’affichent au grand jour et sans complexe aucun. Dans son analyse, Niko Besnier a expliqué que l’instabilité engendrée par une évolution dans le temps et les époques, ne peut être considérée comme facteur déterminant dans le cadre d’analyses concrètes des habitudes.

Kalissa Alexeyeff, professeur en anthropologie à l’Université de Melbourne (Australie) a abordé la théorie « Queer » dans le Pacifique. Le terme américain "Queer" signifie étrange, louche, de travers. Insulte du vocabulaire populaire équivalent au français "pédé", avec la connotation de "tordue", queer s’oppose à "straight" (droit) qui désigne les hétérosexuels. Ce courant de pensée militant (Queer Theory) né dans les années 1990 remet en cause les catégories d’identité sexuelle : identités de genre (homme et femme) et d’orientation sexuelle (hétérosexuelLE et homosexuelLE). Le queer ne se limite pas à combattre les inégalités ou les dominations entre ces catégories - l’homophobie ou le patriarcat - mais remet en cause l’existence même de ces catégories.

Mais aujourd’hui, ces personnes considérées parfois à tort comme appartenant au « 3ème sexe » ou « 3ème genre »ont décidé de se lever, notamment par le biais de la formation d’associations. C’est le cas aux îles Cook où elles se sont rassemblées au sein de l’association Te Tiare Association depuis 2008. La volonté de ne plus être « cataloguées » dans telle ou telle autre catégorie était telle que le directoire a fait adopter à l’unanimité une charte déclinant leur désidérata. Pour simplifier, toutes demandes le simple droit d’exister et d’en finir avec toutes les formes de discrimination.

Certaines ont opté pour une vie d’expatriée en Nouvelle-Zélande. Selon des témoignages recueillies par Kalyssa Alexeyeff, une grande majorité d’akava’ine ont choisi la Nouvelle-Zélande car « ici, c’est juste ta couleur de peau, ton sexe et tes préférences sexuelles qui comptent alors qu’aux îles Cook, tu es jugée par rapport à ta famille, ton village et ta place au sein de la famille. » L’avènement des mouvements dit « LGBT » (liés aux Lesbiennes, Gays, Bi et Trans…) a permis de mettre en lumière les erreurs de jugements, par le biais d’un nouveau regard qui semble voir ses premiers fruits apparaître.

Le dernier exposé concernait le sujet, non moins passionnant de l’homomilitarisme. Par le biais de témoignages et de statistiques, il a posé les questions qui concernent les couples composés de deux individus du même sexe. Comment obtenir des éléments probants sur leur manière de vivre leur liberté, leurs loisirs et la résistance (dans le temps) dans deux mondes complètement opposés. L’île de Guam et Hawai’i lesquels se confrontent différemment à la militarisation de leurs terres par les forces américaines et au tourisme de masse ? Au 27 août 2013, dix-huit États d’Amériques disposent d'une législation rendant accessible le mariage aux couples de même sexe dont deux États sur une partie de leur territoire seulement.

Comme annoncé, il a entre autres évoqué les deux projets de loi (185 et 232) dont le premier a été rejeté devant le parlement de Guam. Le second ayant été adopté à Hawai’i. A travers un débat ouvert et démocratique, il a voulu mettre « le doigt »’ sur la réelle proximité qui liait la liberté de mouvement, de loisirs et de la résistance des couples et l’érotisme (ou plutôt le désir d’érotisme accru) dû à la fréquentation de ces derniers et des soldats américains (pour Guam) et la présence continuelle d’un tourisme de masse, pour les îles Hawai’i. Le concept de l’homomilitarisme est né et risque de persister encore longtemps.

Ce jeudi, dernier jour du colloque, il sera question du Genre, des Croyances mais aussi des Lois. Il est possible de participer à ces dernières interventions, en s’inscrivant. Pour cela, vous pouvez appeler directement les bureaux de l’ISEPP au 505 180.

TP





Rédigé par TP le Mercredi 25 Septembre 2013 à 20:06 | Lu 464 fois