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​Tour de vis sanitaire face à la déferlante Covid


Tahiti, le 11 août 2020 - Un contrôle strict des rassemblements de plus de 50 personnes, la fermeture des discothèques, le masque obligatoire dans tous les commerces et un renforcement des sanctions pour le non-respect de ces mesures ont été annoncés mardi, pour 14 jours. L’enjeu est de freiner la propagation du coronavirus alors que la Polynésie compte 71 nouveaux cas de Covid en à peine une semaine.
 
Les jours se suivent et le compteur poursuit sa progression. En l’espace de 24 heures, 21 nouveaux cas de Covid ont formellement été identifiés entre lundi et mardi, suite aux prélèvements réalisés par l’Institut Louis Malardé. Sur la base de 750 tests réalisés depuis ce week-end, 68 personnes ont été testées positives au coronavirus. Le nombre de personnes formellement identifiées Covid+ était de 71 mardi. Toutes ces infections sont le fait de rassemblements organisés par des résidents en début de mois, sans la moindre considération des mesures barrières.

"Aujourd’hui, je constate avec beaucoup d’amertume que tout l’investissement et tous les sacrifices que nous avions consentis ces derniers mois, sont partis en fumée, par l’irresponsabilité de quelques personnes", a déploré mardi Édouard Fritch lors d’une déclaration commune donnée à la résidence de Papeete en présence du haut-commissaire. "Je constate aussi que ce ne sont pas les touristes qui sont à mettre en cause dans cette propagation du virus. Ils suivent les protocoles avec soin. Même la touriste américaine qui a été testée positive sur le Paul Gauguin avait parfaitement suivi les procédures, respecté les gestes barrières, et c’est ce qui a permis sa détection rapide et qu’il n’y ait pas d’autres personnes contaminées sur le bateau."

Pour lui, la déferlante de nouveaux cas constatée depuis la semaine dernière est le fait de "quelques-uns" et de leur "irresponsabilité". Elle met à mal la rentrée scolaire, "une partie de notre économie et la cohésion et le bien vivre ensemble de notre société".

"Ceci est totalement inadmissible dans la situation sanitaire que le monde traverse actuellement", s’est indigné le haut-commissaire Dominique Sorain avant lui.

"Casser la transmission en cours"

Le représentant de l’État a mis un terme prématuré à une villégiature à bord de l’Aranui pour se rendre à Papeete, mardi, afin d’annoncer la mise en place provisoire de mesures sanitaires visant à  "casser la transmission en cours".

Quatre mesures de restrictions visant les rassemblements publics ont ainsi été annoncées.

Pour l’instant, ces mesures sont prises jusqu’à nouvel ordre et au moins pour 14 jours et doivent encore faire l’objet d’une publication par arrêté au Journal officiel de la Polynésie française.
  • Ainsi, les rassemblements de plus de 50 personnes, sur la voie publique ou dans tout lieu ouvert au public, doivent dorénavant être déclarés au préalable en mairie et ne pourront se tenir que sous couvert d’une autorisation par arrêté municipal. La déclaration devra préciser les mesures sanitaires qui seront prises par les organisateurs et qui seront fixées par un arrêté. Si la manifestation ne remplit pas les conditions nécessaires, elle sera interdite.
 
  • La fermeture des discothèques est ordonnée. Une annonce qui a fait bondir le président de l’association des bars et discothèques. Ce dernier estime que la profession se trouve injustement frappée à cause des dérives de quelques-uns, comme il s’en est indigné mardi soir. Pour le représentant de l’État, les discothèques et boîtes de nuit sont cependant des "environnements clos propices au non-respect de la distanciation sociale et donc à une forte propagation du virus".
 
  • Dans les restaurants et débits de boissons "pour éviter un nouveau  « Piment rouge »", les clients devront être assis, avec une distance d’un mètre entre chaque table et porter le masque lors de leur déplacement dans l’établissement.
 
  • Le port du masque est rendu obligatoire dans tous les commerces de Polynésie française. La mesure est déjà en vigueur dans les transports publics, à la gare maritime et dans tous les aérodromes polynésiens. Pour en assurer le respect et "lutter contre l’irresponsabilité de certains", le haut-commissaire annonce saisir les forces de l’ordre d’une demande de renforcement des contrôles. "Les contrevenants seront sanctionnés par une amende de 89 000 francs. Nous serons intraitables sur ce point", a-t-il prévenu.
 
"Ce qui nous menace c’est le relâchement de nos comportements", a conclu Dominique Sorain. "Nous devons faire preuve d’une très grande vigilance collective. Car se mettre en danger personnellement c’est une chose mais c’est surtout un manque de respect pour les autres. J’en appelle à la responsabilité de tous, nous comptons sur vous pour surmonter cette épreuve et protéger notre fenua. Et si cela s’avère nécessaire, nous serons amenés à prendre d’autres mesures en fonction de l’évolution de la situation."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 11 Août 2020 à 19:47 | Lu 7289 fois