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​Territoriales 2023 : Le grand big bang de services publics


Tahiti, le 10 avril 2023 – Cinquième de nos articles consacrés au comparatif des programmes des territoriales. Simplification, déconcentration, développement des guichets uniques, passage au numérique… l’administration polynésienne apparait, à la lecture des différents programmes des candidats aux prochaines élections, comme devant faire l’objet d’une importante réforme afin de rentrer enfin dans le XXIème siècle.
 
  • Guichet unique, idée multiple
Le constat d'une nécessité de rapprocher les citoyens des services publics et de mettre en place une administration de proximité est relativement partagé. L’idée de mettre en place des guichets uniques, avec des dénominations variables, est reprise dans plusieurs programmes. Au Tavini, on affiche ainsi sa volonté de "décentraliser les services publics et les activités". Pierre angulaire du programme sur ce point, la mise en place de "Fare Ora" dans chaque commune. Outre l’accompagnement administratif pour l’obtention des aides et la simplification des procédures pour les usagers, ces Fare Ora auront également vocation à mener des actions de prévention. Concept proche mais sous une autre appellation, la création des "Fare Fenua Services" est défendue par le Ia Ora te Nuna'a. Il prévoit également la mise en place d’un "Institut du service public polynésien" dont les missions ne sont pas présentées. Idée probablement proche de celle du Tapura qui souhaite ouvrir une "maison des associations et des droits pour l’information des usagers". La volonté de déconcentrer est également présente dans le programme du parti d’Edouard Fritch avec également la mise en place d’une structure de proximité jouant le rôle de guichet unique. Il s’agit ainsi de "poursuivre la déconcentration" en mettant en place des "Fare Natiraa" notamment dans les îles. Du côté du Hau Maohi, il est prévu de renforcer la présence des services publics sur tous les archipels "en remettant en place un ministère du Développement des Archipels et un Fonds d’investissement et de développement des archipels". Des moyens nouveaux à mettre en place pour le mouvement de Tauhiti Nena, mais pas de précision sur les modalités. Idem au A Here ia Porinetia qui veut "permettre un accès aux services publics essentiels dans tous les archipels".
 
  • Simplification ou suppression
Une recherche de proximité qui s’accompagne également d’une volonté de rendre les démarches administratives moins compliquées. Au Tapura, on souhaite en effet "simplifier les procédures et fixer des délais maximums de réponse permettant d’obtenir des autorisations administratives". Pas de délais-cible énoncés dans le programme ni même d’exemples. Pour le Amuitahiraa no te Nuna'a Maohi, il faut "simplifier le quotidien de chacun tout en proposant un service de qualité aux usagers". Un effort de simplification présent également de façon générale au Ia Ora te Nuna'a qui plaide pour une administration "plus proche, plus simple, plus accessible" afin de supprimer les déplacements sur Papeete. Pour le Tavini, la simplification doit concerner "l'accès aux dispositifs d’aides sociales et sanitaires". L’accès aux services publics doit s’améliorer par un accompagnement des familles dans leurs démarches administratives. Moins de pincettes au A Here ia Porinetia où il est prévu de "supprimer toutes les procédures et formalités administratives inutiles". Pour le parti de Nicole Sanquer, il s’agit en effet de "simplifier la bureaucratie qui nous étouffe". Un grand toilettage de l’administration qui se traduit notamment par l’idée de plafonner à cinq ans la nomination à des postes de chef de service et de directeurs d’établissements publics mais également et surtout par la volonté de "permettre aux citoyens d’évaluer directement et de manière transparente leurs services publics".
 
  • L’e-administration à petits pas
S’il y a une quasi-unanimité sur l’intérêt de développement du numérique dans l’économie et la société polynésienne, les différents programmes ne comportent que peu de propositions concrètes sur le passage de l’administration au numérique. Le passage au tout numérique qui aurait un impact non négligeable sur l’environnement en réduisant les déplacements et en limitant le recours au papier. Le programme de Heiura–Les Verts ne comporte aucune mesure sur l’amélioration de l’accès, du fonctionnement et de l’efficacité de l’administration. D’autres listes évoquent, à des degrés divers, la nécessité de faire une administration plus orientée vers le numérique. Ainsi pour le Tavini, il s’agit de "développer les services à distance (e-administration, e-services, téléenseignement, télétravail, télémédecine…)", afin de réduire les déplacements. Les mesures pour y arriver ne sont pas développées. Pas plus de précision au Tapura qui veut "faciliter l’accès aux démarches administratives via un choc de digitalisation des services". Un choc qui imposerait un changement de culture mais également un effort d’équipement non négligeable pour le Pays. Même engagement général mais plus radical pour le A Here ia Porinetia. Pour la liste conduite par Nuihau Laurey, il faut "imposer la digitalisation de toutes les formalités administratives pour faciliter l’accès au service public dans les îles". Au Amuitahiraa no te Nuna'a Maohi, on souhaite mettre en place un schéma directeur de l’aménagement numérique avec comme objectif de "rapprocher les usagers des services centraux sans se déplacer obligatoirement à vers Papeete".
 
  • Accessibilité renforcée
L’accessibilité au service public est un concept large. Le Tavini et le Tapura proposent ainsi chacun des mesures afin pour favoriser l’accès pour les personnes en situation de handicap. Le parti indépendantiste propose ainsi notamment la création d’un "pass aito" pour les transports publics et les accès prioritaires au service public. Plus général, le programme du Tapura indique la volonté du parti de "renforcer l’accessibilité pour les personnes porteuses de handicap à tous les services publics, procédures et documents administratifs". Au Ia Ora te Nuna'a, le programme fait cohabiter la volonté de mettre en place les 35 heures dans la fonction publique territoriale et l’idée de faire évoluer les modalités d’ouverture des services. Il ainsi s’agit d’organiser un "référendum sur les horaires de l’administration et des écoles". Une nouveauté qui côtoie le déjà-vu dans d’autres programmes. Ainsi, le programme du Tapura prévoit en effet de "relancer la fonction de médiateur de l’administration pour défendre les droits des usagers face à l’administration". Pour le A Here ia Porinetia, il s’agit également de "créer un office du médiateur pour résoudre les problèmes entre l’administration et les citoyens". Mis en place par une loi du Pays, jamais abrogée, par le gouvernement Tahoeraa de Gaston Flosse en 2014, le médiateur avait alors déjà vocation à traiter les réclamations des usagers des services publics polynésiens. Le poste, vacant depuis 2016, n'a jamais été remplacé.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Lundi 10 Avril 2023 à 15:27 | Lu 3184 fois