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​Syndicats-Pays, le 1er mai s’annonce fleuri


​Syndicats-Pays, le 1er mai s’annonce fleuri
Tahiti, le 28 avril 2020 – Les organisations syndicales de salariés ont rencontré hier après-midi le haut-commissaire pour lui demander d’accompagner financièrement le Pays dans la gestion de la crise économique. En attendant une rencontre avec le gouvernement le 1er mai qui s’annonce beaucoup plus tendue…
 
Les représentants des principales organisations syndicales de salariés sont ressortis plutôt satisfaits de leur rencontre avec le représentant de l’Etat, Dominique Sorain, hier après-midi à la résidence du haut-commissaire. “On a exprimé notre satisfaction par rapport aux mesures qui ont été prises en début de confinement”, a indiqué Yves Laugrost de A Ti’a i Mua. Les organisations syndicales ont salué la décision de fermer les transports dans les îles et même la réouverture des établissements scolaires repoussée au 18 mai. Mais ils ont tenu à mettre en garde le représentant de l’Etat contre une réouverture trop hâtive des frontières. “Là-dessus, il est urgent d’attendre”, a poursuivi Yves Laugrost. “On va avoir l’arrivée des fonctionnaires, le retour des Polynésiens de métropole… Nous voulons des mesures très strictes pour éviter le moindre risque”. Mais surtout, les syndicats expliquent avoir demandé au représentant de l’Etat d’accompagner financièrement et “sur la durée” le Pays en prévision de la crise économique qui arrive.
 
Plus globalement, les syndicats se sont dits satisfaits d’avoir été “entendus” par les autorités, même s’il ne s’agit pour l’heure que de la partie Etat. Une rencontre avec le gouvernement est prévue à l’occasion de la traditionnelle “fête du travail” du 1er mai. “C’est un peu compliqué nos relations en ce moment. C’est un peu tendu”, a glissé avec un brin d’euphémisme la secrétaire générale de Otahi, Lucie Tiffenat. Les syndicats estiment avoir été “oubliés” des prises de décision du Pays sur les mesures économiques. Et en toile de fond, le recours devant le Conseil d’Etat contre le revenu exceptionnel de solidarité –et sa condition d’épuisement des congés payés– est venu cristalliser les tensions ces derniers jours (voir ci-dessous). “Pourquoi, lors des discussions, on n’a jamais évoqué les congés payés ? C’est pour ça que les salariés ne comprennent pas”, s’est justifiée Lucie Tiffenat. “Les patentés, ils n’ont pas de congés et ils ont droit direct à l’aide.”
 
Nouveaux recours
 
Parmi les contestataires des conditions de ce revenu de solidarité, le secrétaire général du syndicat de la fonction publique a également annoncé un nouveau recours. “Le Pays a décidé de marquer dans un texte qu’il ne consulterait plus le Cesec sur les mesures qui concernent le coronavirus”, a expliqué Vadim Toumaniantz, indiquant qu’il attaquait également ce texte devant le Conseil d’Etat. Sur la loi du Pays organisant la prise de congés dans l’administration –qui doit passer demain en commission à l’assemblée– le sentiment est le même. Mais pour l’heure, Vadim Toumaniantz explique qu’il n’a pas encore pu avoir accès au projet de loi du Pays en détails, et qu’il décidera d’un éventuel recours après le vote.
 
Lundi, les syndicats indiquaient être prêts à retirer le recours contre le revenu de solidarité en cas de reprise des discussions avec le Pays. La rencontre de vendredi sera donc évidemment cruciale pour la suite de cet épineux dossier…

L’autre recours contre le revenu de solidarité

Les quatre confédérations CSTP-FO, CSIP, O oe to oe rima et Otahi et le syndicat de la fonction publique ne sont pas les seuls à avoir attaqué le texte instaurant le revenu de solidarité exceptionnel. En effet, l’avocat du barreau de Papeete qui défend habituellement les intérêts du syndicat de la fonction publique a lui aussi déposé un recours en son nom propre contre les mêmes dispositions de la loi du Pays. Mais son recours cible plus précisément que les syndicats les conditions exactes d’épuisement des congés payés pour bénéficier de l’aide, sans s’attaquer au dispositif global du revenu de solidarité comme l’ont fait les organisations syndicales de salariés. Contacté, l’intéressé explique qu’il n’a pas intenté ce recours devant le Conseil d’Etat pour le compte du syndicat de la fonction publique, mais dans l’intérêt de son cabinet d’avocat puisque son personnel souhaitait bénéficier du dispositif sans utiliser son stock de congés payés. L’homme de loi confirme par ailleurs avoir travaillé sa requête de manière à ce qu’elle ne menace pas l’ensemble du dispositif de revenu de solidarité, mais uniquement la condition portant sur les congés payés.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 28 Avril 2020 à 23:19 | Lu 2291 fois