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​Moetai Brotherson : "On nous prête souvent des intentions qui n'ont jamais été les nôtres"


Tahiti, le 18 mars 2023 – Candidat à la présidence du Pays en cas de victoire du Tavini aux prochaines territoriales, le député Moetai Brotherson s'est exprimé samedi lors du congrès du parti indépendantiste sur l'aspect très pragmatique d'un programme visiblement destiné à rassurer les électeurs.
 
Expliquez-nous cette déclaration de candidature qui semble avoir un peu coupé l'herbe sous le pied de certains au Tavini ?
 
"Je ne pense pas avoir coupé l'herbe sous le pied de quiconque. Et ce n'est pas tout à fait comme cela que cela s'est passé. Il y a une tendance, au Tavini huiraatira, à retarder le processus décisionnaire. Et moi, dans ma nature, j'aime bien quand les choses sont préparées longtemps à l'avance. J'aime bien partir au combat en ayant déjà un plan bien établi. Ne voyant toujours pas la réponse venir, à un moment donné je me suis dit : bon il faut faire quelque chose, il faut secouer le cocotier. Et c'est ce que j'ai fait. Alors, c'est vrai, il y a des personnes qui ont mal pris. Je le conçois et je les comprends. Mais aujourd'hui, je pense que vous avez vu toutes les mains qui se sont levées. Et ces mains-là viennent de partout. Elles viennent de Paea. Je peux vous dire que quand le Tavini veut se lever et partir, ils se lèvent de leurs chaises et ils partent."
 
On sent dans votre discours que vous avez beaucoup cherché à rassurer, par exemple lorsque vous dites qu'il n'y aura pas de chasse aux sorcières dans l'administration ?
 
"Rassurer, ce n'est pas le mot que j'utiliserais. J'ai simplement précisé notre vision des choses, précisé la manière dont on veut gouverner, parce que très souvent on nous prête des intentions qui n'ont jamais été les nôtres. C'est le jeu de la politique, mais ce n'est pas dans notre culture de couper les têtes, de faire la chasse aux sorcières. Maintenant, évidemment, si quelqu'un ne veut pas travailler avec nous, à ce moment-là il faut le changer."
 
Votre programme semble un peu moins révolutionnaire que les changements de modèle drastiques prônés par le Tavini ces dernières années ?
 
"Je pense que c'est parce qu'il y a eu un passage à l'exercice du pouvoir qui remet un peu les pendules à l'heure. C'est un peu plus dur à faire que ce qu'on pensait. Il faut peut-être plus de temps et s'y prendre autrement. C'est simplement du réalisme."
 
Vous avez peu parlé de l'autodétermination ?
 
"On en a parlé, mais il n'y a pas besoin d'en parler des heures. Le principe est établi, c'est de mettre en place le processus de décolonisation et d'autodétermination. C'est le même depuis 2013. C'est le même depuis 1978 finalement. Le seul qui manque dans ce dispositif aujourd'hui, c'est l'État. Pourquoi est-ce que l'Etat ne vient pas à la table des discussions aux Etats-Unis ? Parce que jusqu'à présent on était divisé. Il y avait d'un côté le Tavini et ses sympathisants qui disent qu'il faut remettre en place le processus et de l'autre côté l'exécutif local qui venait dire il faut nous désinscrire. Forcément l'ONU, au milieu, était embêtée. Et ça faisait le jeu de l'Etat français. Demain, quand on gagnera ces élections, que va répondre l'Etat ? Il ne pourra dire : vous n'êtes pas d'accord entre vous."
 
Dans votre programme, on retrouve beaucoup d'exonérations fiscales, des propositions à financer, des aides aux jeunes et la suppression de la TVA sociale. Comment financer ces mesures ?
 
"Vous avez plusieurs solutions. Aujourd'hui, si on prend la CST, où il y a un certain nombre de tranches, il y a un plafond. Et nous proposons de réformer la CST. De la rendre à la fois moins lourde pour ceux qui ont un revenu inférieur au revenu médium et d'augmenter les taux de cotisation de la CST et le nombre de tranches pour les catégories supérieures."
 
Donc certaines personnes devront payer plus ?    
 
"Cela me parait être le fondement d'une société juste et équitable."
 

Rédigé par Vaite Urarii-Pambrun et Antoine Samoyeau le Samedi 18 Mars 2023 à 23:30 | Lu 3367 fois