Tahiti Infos

​Le coup de pouce du Pays aux quotidiens d'information


​Le coup de pouce du Pays aux quotidiens d'information
Tahiti, le 28 novembre 2019 - L’assemblée a adopté jeudi un dispositif d’aide pour la prise en charge des dépenses d’acheminement dans les îles des quotidiens d’informations imprimés à Tahiti. Selon les termes du vice-président, l’enjeu "c’est d’avoir le même prix pour les journaux partout en Polynésie française."
 
Au nom du principe d’égalité, ce texte ne pouvait s’intéresser qu’à la seule Dépêche de Tahiti, unique quotidien payant imprimé à Tahiti et distribué dans certains archipels. Le dispositif d’aide adopté jeudi par les élus de l’assemblée embrasse donc également le quotidien gratuit Tahiti Infos. Un journal d’information qui, en raison de son modèle économique, est voué à être distribué partout au même prix, puisqu’il ne coûte rien au lecteur.

Concrètement, un quotidien d’information imprimé et édité à Tahiti pourra dès l’entrée en application de ce dispositif d’aide pour la prise en charge des dépenses d’acheminement dans les îles, prétendre au remboursement des frais liés au fret de ses éditions, jusqu’à 18 millions Fcfp par an et sur présentation de justificatif.

L’aide financière créée doit permettre, "d’élargir l’audience des quotidiens au format papier, le temps que ces groupes de presse orientent leur modèle économique vers la digitalisation". Une ambition qui, encore une fois, ne peut concerner que le cas du quotidien de la Fautaua, puisque Tahiti Infos publie tout son contenu en temps réel sur le web depuis 2010.

Cette loi du Pays a été adoptée jeudi par 39 voix sur 57 grâce au vote des représentants Tapura Huiraatira. Teina Maraeura n’a pas pris part à ce plébiscite de sa majorité. Les élus de l’opposition ont voté contre.

Consulté en juin dernier, le Cesec avait rendu un avis défavorable en soulignant que ce soutien à la presse papier est "anachronique" et contradictoire avec l’évolution actuelle de la société et des modes de consultation de l’information, notamment numérique.

"L’objectif de la prise en charge du fret, c’est d’avoir le même prix pour les journaux partout en Polynésie française. Pour que les enfants puissent avoir accès à la lecture de la presse quotidienne sans être pénalisés parce qu’ils habitent sur une autre île que Tahiti", a résumé le vice-président Teva Rohfritsch, jeudi lors des débats. "Certes, il s’agit d’une mesure transitoire et dès lors que toutes nos installations liées à l’exploitation des câbles domestiques et (…) à la diffusion par voie hertzienne du bénéfice de ces câbles dans toutes les îles ; dès lors que tous les contenus seront accessibles par tous nos concitoyens, bien entendu nous reviendrons vers l’assemblée", a-t-il aussi précisé, laissant entendre une fin prochaine à ce dispositif d’aide. Et en attendant : "Ne voyez pas autre chose que la volonté d’acheminer toute l’information dans toutes les îles de Polynésie."

Pour le représentant Tahoeraa Geffry Salmon, ce dispositif est "disproportionné alors qu’il n’est pas limité dans le temps" et les moyens d’encadrement et de contrôle qui sont associés "paraissent insuffisants". S'il s'agit de promouvoir la pratique de la lecture, pourquoi ne pas investir directement dans la création de bibliothèques, interroge aussi le représentant orange. Le Tahoera’a dénonce en outre le fait que ce dispositif favorise "un groupe de presse qui connait déjà des difficultés économiques et fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire".

De son côté, le président du groupe souverainiste Antony Geros a déploré que si ce texte encadre une aide pour le transport des quotidiens, il ne dit rien sur le prix de vente de ces journaux : "Les tarifs de ces quotidiens vont-ils baisser si on les aide ?"

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 28 Novembre 2019 à 14:13 | Lu 1376 fois