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​Le cluster maritime garde le cap


Tahiti, le 2 juillet 2020 -  Changement à la tête du Cluster Maritime de Polynésie française. Tuanua Degage succède à Gérard Siu, président depuis 2014. L'occasion pour l'association regroupant une soixantaine d'entreprises du secteur de la mer de faire le point sur les actions à mener pour sortir d'une crise qui les touche durement.

Les métaphores nautiques ont fusé de toutes parts, mardi soir, lors de la présentation du bilan 2019 du Cluster maritime de Polynésie française (CMPF) et des actions à venir pour faire face à la crise. Entre la nécessité de "garder le cap", de conserver "ensemble, un esprit d'équipage" et des appels à "continuer à naviguer", les interventions visaient à une remotivation générale en prônant un langage commun. "C'est dans les périodes difficiles que l'on voit les bons marins" notera le Haut-Commissaire Dominique Sorain après avoir défendu la décision d'arrêter les croisières le 11 mars dernier. "L'équilibre est parfois complexe entre santé et activité économique".

Avis de tempête
 
"La mer, c'est l'avenir de la terre, c'est l'essence même de ce pays", conclura Gérard Siu avant de passer le flambeau de la présidence de l'organisation à Tuanua Degage, après six années d'exercice. Un nouveau président qui n'a pas été avare d'adjectifs pour témoigner de sa volonté de faire rebondir le secteur, appelant à être "coriace, tenace et déterminé" car "l'ampleur de la tâche donne le tournis". En effet, dans le secteur de la mer, c'est le calme plat. L'état des lieux des secteurs maritimes, réalisé par le cluster sur mars et avril dernier ressemble, à un abysse. Pour la pêche hauturière, les pertes "sont estimées à environ 40% de la filière, les armateurs exportateurs étant d'avantage impactés par l'arrêt du transport aérien avec des pertes jusqu'à 70%". Les aquaculteurs "enregistrent également des pertes jusqu'à 50% du chiffre d'affaires", bien mieux que la perliculture "proche de zéro en mars et avril". Dans les domaines de formations et du transport maritime interinsulaire, le chiffre d'affaires a été réduit de moitié avec un impact plus fort sur la liaison Tahiti-Moorea alors que le transport international a fonctionné sans ralentissement. L'économie bleue est donc dans le rouge mais veut reprendre des couleurs rapidement et ne pas céder au vague à l'âme.

"La première préoccupation c'est la relance". Le plan d'actions présenté dans les grandes lignes par Tuanua Degage n'a pas surpris par son entame.
 

Du bleu à l'horizon

Le nouveau président du Cluster, Tuanua Degage.
Le nouveau président du Cluster, Tuanua Degage.
Sévèrement touchés par la crise, les secteurs maritimes doivent être soutenus tous azimuts en multipliant la coordination entre public et privé. De la relance de la croisière internationale par la promotion d'une "stratégie régionale" et des approvisionnements locaux au développement de l'offre réceptive de yachts en passant par "la promotion des activités nautiques à vocations touristiques" comme le va'a et le surf ou encore par "une stratégie de développement et de régulation de la plongée sous-marine touristique", l'économie doit donc être encore plus bleue que bleue. Une stratégie qui passera également par le développement des formations maritimes "en tant qu'amortisseur social de la crise" et par "un plan de rattrapage du Pays à dix ans pour le financement et le développement des infrastructures maritimes", à l'heure actuelle pas toujours adaptées aux besoins des navires.
 

Vers un pôle de réparation navale

Si, de l'aveu de Gérard Siu, le Port autonome de Papeete a été "réellement et sans contestation possible à la hauteur des attentes" en accordant 479 millions de Fcfp d'exonérations de loyers, redevances ou encore de frais de gardiennage aux 200 entreprises de l'aire portuaire, l'établissement public doit faire mieux. Le deuxième axe du plan d'action vise en effet au développement d'un "pôle polynésien de réparation navale". "Une priorité du cluster maritime" selon Tuanua Degage, mais qui n'est pas nouvelle. "On a déjà travaillé sur ce sujet depuis pas mal d'années mais là, il faut vraiment qu'on trouve une solution qui convienne à tout le monde". Le dock flottant est ainsi vieillissant et de plus en plus sous-dimensionné. "La flottille locale s'agrandit de plus en plus avec des nouveaux bateaux et des bateaux plus grands. Par exemple, l'Aranui ne peut pas rentrer sur cale en Polynésie et est obligé d'aller caréner en Nouvelle Zélande". Un constat parmi d'autres qui justifie que cet outil de mise à sec soit renouvelé et modernisé au plus vite, afin de répondre aux nouveaux besoins et faciliter le fonctionnement d'un secteur qui tangue.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Jeudi 2 Juillet 2020 à 09:31 | Lu 8090 fois