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​Le Pays récupère l’Hôtel de la Marine


​Le Pays récupère l’Hôtel de la Marine
Tahiti, le 18 avril 2020 – Le gouvernement a accepté mercredi dernier la cession gratuite par l’Etat à la Polynésie française de l’Hôtel de la Marine à Papeete, pour y installer le futur Centre de mémoire des essais nucléaires.
 
C’est désormais officiel. L’ensemble immobilier de « l’Hôtel de la Marine », situé à côté du parc Bougainville à Papeete, est désormais la propriété du Pays. Le conseil des ministres a accepté mercredi dernier la cession « à titre gratuit » à la Polynésie française de la parcelle appartenant à l’Etat pour y construire le futur « Centre de mémoire des expérimentations nucléaires ». L’aboutissement de près de cinq ans de procédures administratives concrétisées depuis le début de l’année 2019 par la signature d’une première « convention d’occupation précaire (…) non constitutive de droits réels » entre l’Etat et le Pays. Un an plus tard, la parcelle de 3 276 mètres carrés et ses bâtiments estimés à 662 millions de Fcfp appartiennent désormais au domaine de la Polynésie française.
 
Pour autant, ce « cadeau » de l’Etat ne pourra pas servir à autre chose qu’à accueillir le fameux Centre de mémoire. Depuis 2015 et la reprise des discussions sur l’édification d’un lieu dédié à l’histoire des trente années d’expérimentations nucléaires en Polynésie française, la condition a été fixée spécifiquement et se retrouve même mentionnée dans l’arrêté de cession publié vendredi au journal officiel. En revanche, il reviendra à la Polynésie française de prendre seule en charge le coût de la construction du futur centre. La députée Maina Sage s’était émue de cette situation qu’elle jugeait « indécente » à l’Assemblée Nationale en novembre dernier, mais la ministre des Outre-mer Annick Girardin avait bien confirmé qu’il avait été « décidé lors des échanges avec le Pays » que l’Etat apportait le terrain et la Polynésie finançait l’édification du Centre de mémoire.
 
Quel contenu ?
 
Reste maintenant à définir le contenu et les objectifs de ce lieu qui devrait comprendre un programme muséographique. Un groupe de travail a été constitué pour y travailler. Il rassemble les services de l’État et du Pays, plusieurs associations, d’anciens travailleurs du CEP, le service historique des Armées, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), le ministère des armées, des spécialistes du nucléaire, des historiens et des étudiants. Même si depuis la dernière commémoration annuelle du premier tir réalisé en Polynésie, le 2 juillet 2019, l’association 193 de victimes des essais nucléaires a annoncé son retrait du projet, qu’elle craint de voir devenir « un outil de propagande de l’Etat et des dirigeants politiques de ce Pays ». Le projet de centre de mémoire n’a donc pas fini de faire parler de lui.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Dimanche 19 Avril 2020 à 23:16 | Lu 5122 fois