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​L’euro en Polynésie ? Un député interroge la Banque de France


Tahiti, le 13 février 2020 – Le député de la Gironde, Benoit Simian, a plaidé mercredi en commission des finances à l’Assemblée Nationale, devant les représentants de la Banque de France, pour la mise en place de l’euro en remplacement du Fcfp en Polynésie française afin notamment de “renforcer l’influence européenne” dans la région.
 
Et si la Polynésie française passait à l’euro ? C’est la question qui s’est invitée, de façon assez inattendue, en commission des finances mercredi à l’Assemblée Nationale. Le député de la Gironde et membre de la délégation aux outre-mer, Benoit Simian, a profité mercredi matin d’une séance d’audition de représentants de la Banque de France et du Trésor pour plaider en faveur du passage à l’euro pour la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. “Les Polynésiens sont des citoyens européens pourtant, mais ne sont pas passés à l’euro alors que cette zone est aujourd’hui sous une influence chinoise grandissante”, s’est expliqué le député.
 
Benoit Simian a également rappelé que l’ancien Président Jacques Chirac souhaitait ne pas dissocier les deux territoires dans le cas d’un changement de monnaie. “La Polynésie et la Nouvelle-Calédonie vont à l’euro, mais ensemble et pas de façon séparée”, a repris le député, citant l’ancien Président de la République. “Compte-tenu du cas calédonien, dans ce contexte de guerre commerciale, quelle est votre position et avez-vous envisagé de renforcer l’influence européenne avec une mise en place de l’euro en Polynésie française ?”, a donc interrogé Benoit Simian. “Je sais que les Polynésiens sont très attachés à cela et ça légitimerait un peu plus cette citoyenneté européenne”, a conclu le député.

Question sans réponse

Hélas, aucune réponse concrète n’a été apportée à la question. Dans leurs nombreuses réponses aux députés de la commission, les représentants de la Banque de France et du Trésor ont concédé qu’ils avaient pu “omettre” certaines questions. Ce qu’ils ont visiblement fait pour le cas du passage à l’euro de la Polynésie…
 
Dans un article de La Tribune en 2016, le vice-président Teva Rohfritsch et l’ancien président du Medef, Olivier Kressmann, plaidait eux aussi pour un passage à l’euro, malgré la parité fixe avec le Fcfp et l’absence de risque pour la monnaie locale. Pour le premier, il s’agissait de permettre de “donner un coup de fouet aux investissements étrangers” et pour le second de “ne plus être marginalisé avec une monnaie exotique”.
 
Dans le même article, certains industriels locaux craignaient néanmoins la “complexité” d’un tel changement pour les entreprises et une possible “envolée des prix”. Enfin, toujours selon La Tribune, la question du passage à l’euro de la Polynésie, de la Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna pourrait sérieusement être remise au goût du jour en cas de victoire du “Non” au référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie ces prochaines années.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 13 Février 2020 à 14:59 | Lu 11001 fois