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​L’éco-mobilité pour rompre avec le tout-voiture


PAPEETE, le 25 septembre 2019 - Le premier forum de l’éco-mobilité s’est tenu mercredi place Tarahoi et dans le hall de l’assemblée. Un débat public et des exposants ont tenté d’y présenter les modes alternatifs de déplacement à la voiture individuelle.  

Le premier forum de l’éco-mobilité, qui s’est tenu de 9 heures à 16 heures place Tarahoi et dans le hall de l’assemblée, aura pu bénéficier du pic d’affluence apporté par le public scolaire qui fréquente le centre-ville de Papeete, les mercredis après-midi. En dehors des officiels, il y avait en effet peu de visiteurs à l’ouverture de l'événement pour assister à l'arrivée de Miss Tahiti en vélo électrique. L’occasion a au demeurant été donnée à tous d’y rencontrer la quinzaine d’exposants et découvrir les modes de déplacement alternatifs au tout-voiture, ou au tout-essence, déjà commercialisés à Tahiti ou mis à disposition des usagers : vélo avec assistance, bus électrique, véhicules hybrides, etc.

"C’est une journée d’échange, de partage et de sensibilisation sur les moyens existants et accessible pour ceux qui veulent favoriser l’éco-mobilité. Une journée citoyenne pour montrer ce qui se fait en Polynésie pour faciliter d’autres moyens de déplacement", commente Didier Mora, le patron de l’agence Cyclone-Pub Conseil à qui a été confiée l’organisation de ce premier Forum de l’éco-mobilité. L’événement est cofinancé par la Direction des transports terrestres et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). "On s’adresse aux particuliers et aux professionnels. Il est important d’amorcer la pompe. C’est l’ambition de cette manifestation."

Aujourd’hui encore, près de 70 % des déplacements sur l’île de Tahiti sont effectués en voiture individuelle, contre moins de 10 % en transports collectifs. Le transport est le deuxième poste de dépenses des ménages polynésiens. Il pèse pour près d’un cinquième de leur budget (18 %). Trois quarts (77 %) d’entre eux dispose d’au moins une voiture et 68 % se déplacent quotidiennement par ce moyen pour emmener leurs enfants à l’école ou se rendre sur leur lieu de travail. Seuls 10 % des Polynésiens utilisent des modes de déplacements "doux" (marche, vélo). A Tahiti, la croissance de la mobilité profite encore davantage à la voiture. Il s’en est vendu près de 7000 en 2018 pour nourrir un parc en circulation estimé à 100 000 autos, dont une large part dans le grand Papeete. Une situation à l’origine de congestions régulières sur certains axes et d’une saturation du centre urbain aux heures de travail, en raison de la pression sur le stationnement et la circulation. Dans ce contexte, le forum de l’éco-mobilité invite à envisager ses modes de déplacement autrement.

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Dans le hall de l’assemblée, une table ronde a été organisée mercredi en milieu de matinée pour permettre un débat public centré sur les bienfaits de ce changement d’attitude. L’éco-mobilité c’est "un mode de déplacement que l’on pratique tous et qui consiste à utiliser des moyens plus sobres et plus sûrs, alternatifs au tout-voiture", traduit Lucien Pommiez, chef de service à la Direction des transports terrestres. "Des moyens alternatifs qui correspondent aux besoins de tout un chacun. On ne demande pas à tout le monde de se déplacer à vélo ; mais il est important de présenter les solutions qui existent et qui sont des alternatives à la voiture. (…) Aujourd’hui, il s’agit de promouvoir ces alternatives, en partenariat avec l’Ademe, auprès du grand public. On s’adresse également aux entreprises, pour les inciter à mettre en place des initiatives de mobilité qui soient plus respectueuses de l’environnement tout en respectant les besoins de l’entreprise et des salariés."

Le concept de l’éco-mobilité est inscrit dans le programme d’actions que s’est engagé à mettre en œuvre la Polynésie française dans le Plan climat énergie adopté en 2015, lors de la COP 21. L’une des actions concerne l’incitation à la réalisation de plans de mobilité dans une perspective durable. "Dans ce contexte, l’éco-mobilité a tout son sens", explique Lucien Pommiez. "Elle organise le secteur, les pratiques et la gestion de la mobilité sur un panel bien plus large que celui du véhicule individuel. (...) L'important, ce n'est pas de développer des solutions, mais d'en créer qui soient adaptées aux besoins des Polynésiens."

​Trois questions à René Temeharo

Le ministre de l’Equipement et des Transports terrestres.
 
Quel message souhaitez-vous véhiculer à travers l’organisation de ce premier Forum de l’éco-mobilité ?
 L’idée majeure est de rassembler autour de l’idée du déplacement intelligent et de répondre à un besoin d’actualité pour la collectivité. Lorsque l’on constate l’augmentation des dépenses de carburants, il est important de communiquer sur les alternatives qui existent aujourd’hui : véhicules hybrides ou 100 % électriques, vélos avec assistance électriques, transports en commun, etc. Toutes ces solutions doivent permettre à l’usager d’adapter intelligemment son mode de transport à ses besoins.
 
Y-a-t-il  des systèmes d’incitation mis en place ou prévus pour faciliter ce changement de comportement ?
Une incitation fiscale est mise en place pour promouvoir l’achat de voitures hybrides et électriques, de même que pour les vélos électriques. D'ailleurs, je tiens à saluer l’initiative de la commune de Papeete (voir encadré), qui contribue à l’acquisition des vélos en faveur des administrés de la commune.
 
Quelle est l’ambition du Pays, à terme, en matière d’éco-mobilité ? 
Nous avons un plan pour la mise à niveau de l’ensemble de nos infrastructures. Tout cela va se consolider dans le temps. Je dirai juste ceci : le quotidien nous intéresse, aujourd’hui ; mais faisons en sorte de partager les moyens dont on dispose tous, chacun dans son coin.

Papeete donne un coup de pouce à l'acquisition de vélos

"On ne deviendra certainement pas le Danemark ou la Hollande, mais c'est un début", commente le maire de Papeete, Michel Buillard. Le conseil municipal de Papeete a voté le 29 août dernier pour la mise en place d’une mesure d’aide à l’acquisition de vélos neufs (classiques, électriques ou à assistance électrique) en faveur des résidents de la commune. Une dotation de 2 millions de francs est allouée et devrait être portée à 7 millions, vu le succès que rencontre la mesure. En moins d’un mois, 250 administrés de Papeete ont en effet profité de cette subvention. 
Concrètement, pour chaque foyer la ville de Papeete s’engage à financer jusqu’à 50 % du prix d’achat d’un vélo neuf. Cette subvention municipale est plafonnée à 15 000 francs pour un vélo classique et à 30 000 francs pour un modèle électrique ou à assistance électrique.
Cette aide est versée directement aux commerçants partenaires de sorte qu’en achetant leur vélo, les usagers n’aient à débourser que la différence. 
Ce type de subvention a déjà été mis en place en 2017 à Papeete. Le dispositif est relancé cette année dans le cadre du projet "mobilité". En favorisant la pratique du vélo en ville, Papeete entend contribuer à l’effort de réduction de la pollution urbaine en favorisant les déplacements domicile-travail alternatifs à la voiture. 
 


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 25 Septembre 2019 à 14:43 | Lu 1616 fois