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​Étude transgénérationnelle sur les essais : Fritch renvoie la balle à l'État


Tahiti, le 14 octobre 2022 – Sollicité une nouvelle fois par le Tavini sur la mise en place d'une étude sur les maladies transgénérationnelles liées aux essais nucléaires, le président Édouard Fritch a finalement renvoyé à l'État la responsabilité de "diligenter" et "financer" une telle étude.
 
Profitant de l'hommage rendu à l'ancien délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires Bruno Barrillot, l'élue Tavini Eliane Tevahitua a de nouveau posé la question de l'organisation d'une étude sur les maladies transgénérationnelles liées aux essais nucléaires, jeudi matin lors d'une question au gouvernement à l'assemblée. L'élue avait déjà sollicité le président du Pays début 2020 sur ce même sujet, sans obtenir d'engagements de sa part. Ce serpent de mer d'une étude permettant d'établir l'existence d'éventuelles conséquences génétiques et transgénérationnelles des retombées des essais nucléaires menés en Polynésie française remonte au moins jusqu'en 2016. À l'époque, il faisait déjà partie de la lettre de mission de Bruno Barrillot. Le sujet avait été relancé début 2018 par la publication d'un rapport du psychiatre du Centre hospitalier, Christian Sueur. Une généticienne japonaise, Katsumi Furitsu, avait été sollicitée pour mener cette étude, mais avait décliné fin 2019 en raison du caractère trop politisé du sujet.
 
Jeudi matin, le président du Pays Édouard Fritch a surtout voulu assurer à son auditoire qu'il était parfaitement sensible à cette problématique. Il a également confirmé que l'enveloppe de 2 millions de Fcfp réservée depuis 2017 au budget de la Polynésie française pour cette étude était toujours disponible. Mais surtout, il a conclu “après mûre réflexion” qu'il ne devait pas nécessairement revenir à la Polynésie française de mener cette étude. “Je suis prêt à mettre de l'argent pour mon peuple, mais je pense que c'est à l'État de diligenter une telle étude.” Invitant les députés du Tavini à “intervenir auprès de l'État” sur cette question, Édouard Fritch a donc renvoyé la balle à Paris au titre de son “devoir de vérité et de justice vis-à-vis des Polynésiens”.
 
Interrogé à son tour lors de sa visite à Tureia et Rikitea, le haut-commissaire Éric Spitz n'a pas semblé très enclin à cette éventualité, préférant s'appuyer sur des études rassurantes menées à plus grande échelle. “Il y a des études de cohorte qui ont été faites sur les victimes de Nagasaki et Hiroshima. Et là, on parle de centaines, voire de millions de personnes également sur les travers de Tchernobyl. Ces études de cohorte sont des études internationales menées par les Américains, les Anglais et les Français. Pour l’instant, elles n’ont pas démontré de transmissions transgénérationnelles, elles se poursuivent et bien évidemment, lorsque d’autres résultats seront publiés, nous vous en parlerons mais pour l’instant, il n’y a vraiment pas lieu de s’inquiéter.”

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 14 Octobre 2022 à 11:32 | Lu 1968 fois