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​Coût de la vie : pas d'annonce mais des idées


Tahiti, le 28 juin 2023 - Après deux journées de travail à la présidence, les acteurs économiques du pays ont restitué leurs travaux au ministre de l'Économie sur les thèmes qui avaient été définis. Pas d'annonce pour le moment, mais des idées et propositions ont émergé. Certaines d'entre elles devraient se retrouver dans le prochain collectif budgétaire prévu en juillet.
 
Ce mercredi après-midi, c'était l'heure de rendre sa copie pour les distributeurs, commerçants, producteurs, importateurs qui ont planché pendant deux jours aux journées de prospectives de l’économie 2023. Reste maintenant à compiler et analyser les différentes propositions qui ont émané des trois ateliers installés à la présidence pour réfléchir à des pistes d’amélioration de la fiscalité (lire l'interview de Frédéric Duponchel), de l'emploi (lire l'interview de monsieur Kressmann) ou encore du pouvoir d'achat.

Interrogé sur ce dernier point à l'issue de cette restitution, le ministre de l'Économie et des Finances, Tevaiti Pomare a déclaré que “plusieurs solutions ont émergé et on va les étudier avec beaucoup d'attention”. Lesquelles ? Difficile de savoir pour le moment. Le ministre a simplement évoqué la “modération sur les prix”, mais a “surtout retenu que les acteurs étaient prêts à jouer le jeu et favoriser la concurrence pour avoir un impact positif sur les prix”.

Au niveau de la fiscalité, il a été question de la “rendre plus juste et plus efficace”. Le ministre se dit “très satisfait” d'avoir pu dialoguer avec les acteurs économiques à qui il a annoncé que “certaines mesures seront prises dans le collectif n°3 qui aura lieu en juillet, certaines dans les 100 jours, et d'autres à moyen et plus long terme”. Il faudra donc attendre le prochain collectif budgétaire pour savoir exactement quelles sont les mesures retenues, et surtout comment elles seront financées.

Atelier Emploi

Olivier Kressmann,
Vice-président du Medef-Pf
 
Quelles sont les propositions que vous avez retenues dans votre atelier et quelles sont celles qui sont applicables rapidement ?
“Je voudrais d'abord rappeler que nous sommes dans des "journées prospectives" et l'ensemble du Medef est venu y participer en nombre (40 personnes), pour porter des idées. Il n'est pas question pour nous, à la sortie de cette journée, d’être sur des actions définies et arrêtées. Sur l'emploi, on est sur des choses assez classiques qui étaient identifiées. Ça tourne beaucoup évidemment autour du Sefi [Service de l’emploi, NDLR] : le rendre plus performant pour les demandeurs d'emploi, donner accès à toute l'information de l'emploi, initier l'optimisation de la Direction du Travail pour être davantage à l'écoute et dans l'accompagnement des chefs d'entreprises, notamment des petites entreprises.”

Sur les dispositifs d'aides aux entreprises mis en place par le Pays, faut-il les réajuster, les revoir, en faire d'autres ?
“Pour le Medef tout se trouve dans le Livre blanc. Nous avons été très précis sur notre vision de la réforme des mesures d'aide à l'emploi, les fameux MAE. Il faut les rendre plus pertinents, plus efficaces, autant pour l'employeur que pour le salarié. Il ne faut surtout pas tomber dans le Pays providence et être dans des démarches vertueuses. Les nouveaux dispositifs auxquels on pense aujourd'hui sont axés sur la reconversion professionnelle, et pas seulement quand on a perdu un emploi ou autre. Axés aussi sur des dispositifs de premier emploi pour accompagner les entreprises et les salariés, et puis pour nous l'apprentissage est une clé sur laquelle il faut absolument miser. C'est la réponse à la mauvaise approche qui a été faite par les CAE [Convention d’aide à l’emploi, NDLR].

Justement une loi de Pays sur l'apprentissage a été votée en fin d'année dernière. Avez-vous déjà pu mettre en ça en musique dans les entreprises ?
“Tout le problème de l'apprentissage, c'est que la gouvernance est placée au sein du Sefi. Parmi les mesures que nous avons au Medef, c'est revoir cette gouvernance de l'apprentissage. La ministre Virginie Bruant avait à l'époque parlé de la Maison de l'apprentissage et on y était très favorables. L'apprentissage répond à un besoin économique de l'entreprise et pas à un plan de formation.”

Pouvez-vous nous donner deux ou trois idées fortes que vous avez retenues à l'issue de cet atelier Emploi ?
“Oui, une très forte c'est aboutir à la mise en place d'un transport interurbain sérieux. La mobilité des salariés, et pour tous d'ailleurs, y compris les touristes, est un élément clé (...) Un réseau interurbain digne de ce nom donc, organisé sous l'autorité État-Pays probablement parce que les communes doivent être embarquées dans ce projet. L'autre point fort que j'ai trouvé très intéressant, c'est travailler au rapprochement du monde de l'éducation avec celui de l'entreprise. Il faut que les jeunes soient sensibilisés au rôle d'un salarié, à sa contribution à la collectivité. L'auto-entreprenariat n'est pas la solution miracle. Cela peut s'entendre quand on a déjà une expérience. L'expérience, on l'acquiert en étant salarié, et ça fera du bien à la PSG [Protection sociale généralisée, NDLR].”

Atelier Fiscalité

Frédéric Duponchel, 
Gérant du cabinet de défiscalisation CQFD Consulting

Quelle était la problématique soulevée aujourd'hui dans cet atelier “fiscalité” et quelles sont les grandes idées qui ont émergé de vos travaux ?
“La problématique soulevée était de rendre accessible la défiscalisation au plus grand nombre, et dans les réponses, ça a été d'avoir une visibilité sur le processus, sur ce qui est attendu par le Pays pour que les porteurs de projet puissent y répondre dans les temps impartis. Et puis avoir des procédures simplifiées également, un élargissement des secteurs, et peut-être des seuils d'investissement qui soient réduits.”
 
À votre niveau, quelles difficultés vous rencontrez et qu'est-ce qui pourrait les régler ?
“Parfois c'est la lenteur administrative qui n'est pas compatible avec certains projets qui suivent la logique économique et qui sont donc plutôt urgents. Parfois aussi la logique d'acquisition de foncier, car obtenir un compromis sur le foncier au bout de deux ans, ce n'est pas possible. Et vraiment donner de la visibilité aux porteurs de projet afin qu'on puisse y répondre lorsque les appels à manifestation sortent, parce que si on n'a pas connaissance des règles du jeu avant, on ne peut pas se préparer et répondre dans les temps. C'est une mesure forte. L'élargissement des secteurs éligibles également, et la simplification des process.”

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 28 Juin 2023 à 18:45 | Lu 3004 fois