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​Cannabis thérapeutique, l'impatience grandit


Tahiti le 22 août 2022 – Les membres de l'association Tahiti Herb Culture, le syndicat polynésien du chanvre, les “résilients” et, selon leurs dires "jusque dans les couloirs du tribunal ou du haut-commissariat”, nombreux sont ceux qui attendent avec impatience la légalisation du cannabis thérapeutique.
 
Karl Anihia, président de l'association Tahiti Herb Culture (THC) et Philippe Cathelain-Tauotaha, président du syndicat polynésien du chanvre (SPC) ont rassemblé lundi matin place Tarahoi quelques “résilients” et adhérents pour faire le bilan du travail législatif qui a été fait sir le cannabis thérapeutique. L'occasion également pour eux de revenir sur l'intervention de l'élue Nicole Sanquer la semaine dernière sur ce sujet. 

THC et SPC étaient d'ailleurs en réunion avec l'ancienne députée la semaine dernière pour “relancer le projet de loi déposé” par l'élue en septembre dernier. Un dossier, précise Karl Anihia, considéré par le Cesec comme étant “incomplet”. Le président de THC rappelle également que lors du débat, organisé le 1er juin dernier, juste avant les législatives, tous les groupes politiques du fenua étaient présents et “sont tous pour”. “Cela tarde trop, dix ans c'est long, alors qu'on a tous les moyens de le faire concrètement, on peut le faire”, regrette-t-il. “Depuis dix ans l'association attend que les élus légifèrent pour que les choses puissent évoluer concrètement”.

​"Manque de volonté politique"

Philippe Cathelain rappelle que le politique a tout entre ses mains. “Ils ont tout, le ministre de la santé, le président du Pays. Mais pourquoi cela n'avance pas ?” interroge-t-il. Karl Anihia assure lui que “c'est un manque de volonté politique” tout simplement. Ils rappellent tous deux que la société civile, au travers de THC ou du SPC, est prête à venir leur porter main forte. “Il faut dépolitiser” ce débat lâche Philippe Cathelain. Et la mise en place de cette mission d'information au travers de la commission de la santé, pourrait selon eux, y contribuer. “On aurait dû la faire l'année dernière avec Virginie Bruant. En fait on a perdu un an pour rien et on retourne avec le nouveau président (John Toromona, le nouveau président de la commission santé, ndlr) et on espère qu'il aura assez de courage pour aller jusqu'au bout des promesses faîtes, à savoir qu'il est prêt à reprendre ce dossier-là et à le faire avancer”.

Selon les associations, certains professionnels de la santé sont également en attente de ce texte, tout comme les pharmaciens et certains médecins de la place. “Même au niveau des maires ça bouge déjà, donc il y a une réelle attente. On est là avec des propositions constructives. Sauf que depuis deux ans, on n'a aucune proposition du ministre de la Santé et je trouve que c'est abusé” insiste le président du SPC. L'association THC et le syndicat polynésien du chanvre encouragent Nicole Sanquer à continuer ce travail "c'est la première et la seule à le faire" insiste Karl Anihia. Philippe Cathelain pense que si ce dossier n'avance pas, c'est dû au fait que Nicole Sanquer est dans l'opposition : “C'est triste. Et si c'est le cas, cela prouve que l'intérêt politique passe au-dessus de l'intérêt du Pays. Et c'est inacceptable”.  

​Des années d'attente

Philippe Cathelain-Tauotaha rappelle que “les résilients sont confrontés à la réalité. Ils sont en attente depuis des années d'une légalisation du cannabis médical”. Selon lui et Karl Anihia, “tout le monde fait preuve de patience et des promesses ont été faites” avec la sortie, à la fin du semestre 2022, d'un projet de loi émanant du Pays. Et depuis plus rien : “Les questions reviennent, les attentes remontent, et en septembre prochain cela fera un an que le projet de loi a été déposé. Quel est le bilan aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'il en est ?" interrogent-t-ils. “On n'a jamais cessé de répondre à l'attente de nos malades qui est grandissante”.

Plus encore, “jusque dans les couloirs du tribunal ou du haut-commissariat on nous le demande. Tout le monde attend avec impatience” affirme le président de l'association THC. “On a rencontré le procureur général Pison. Selon lui, si la dépénalisation était en application ici, cela lui enlèverait 30% de son travail”. “Lui-même se pose la question. Pourquoi est-ce que cela n'avance pas cette réforme sur l'usage médicale du cannabis ?" ajoute le président du SPC.
THC et SPC ont de nouveau rendez-vous la semaine prochaine avec l'élue Nicole Sanquer, toujours dans l'espoir de faire avancer le dossier.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 22 Août 2022 à 20:49 | Lu 2621 fois