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​Baisse "drastique" du prix des billets d’avion annoncée


Tahiti, le 31 juillet 2020 – L’Assemblée a adopté jeudi le premier texte visant à organiser le transport aérien interinsulaire après le bras de fer avec Air Tahiti. L’examen du texte, très attendu, a vu la majorité et le gouvernement insister sur la baisse "drastique" du prix des billets que la réforme va permettre.
 
Le texte organisant le transport aérien interinsulaire, attendu de longue date, a fini sa gestation. L’Assemblée a accouché d’une délibération qui ressemble, tels deux jumeaux, à celle pondue dès 2016 pour organiser le transport maritime. Cette réforme du ciel polynésien a été enfantée dans la douleur à l’issue d’un bras de fer avec la compagnie Air Tahiti qui, fin avril, n’avait pas repris les dessertes des lignes déficitaires. L’enclavement de fait des archipels éloignés avait conduit le Pays et la société privée à signer un accord le 1er juillet dernier, pour une reprise générale jusqu’à la fin de l’année sous conditions. Parmi ces dernières, l’adoption de la délibération prévoyant les conditions d’attribution des licences de transporteur aérien interinsulaire était hier au menu de l’Assemblée. Quatre semaines donc, pour rattraper quatre années de retard. Un jeu "presque" d’enfant qui permet à la réforme, mal embarquée, de décoller enfin.
 
Appel d’offres lancé début août
 
Le texte qui prévoit la création de deux catégories –zones de libre concurrence et zones de désenclavement– doit conduire le Pays à chercher un transporteur pour deux lots, en distinguant notamment le cas particulier des deux aérodromes de Ua Pou et Ua Huka. Le Pays doit ainsi lancer un appel à candidature pour les lots concernés et attribuer l'exploitation exclusive et intégrale des destinations dans chaque lot, qui seront équilibrées financièrement via un fonds dédié. Le cahier des charges est prêt, selon Jean-Christophe Bouissou, qui a précisé qu’il s’agira d’un appel d’offres restreint. La procédure doit passer lundi en conseil des ministres extraordinaire. Une procédure qui prévoit un filtre gouvernemental. Seuls pourront remettre des offres les transporteurs qui auront été autorisés par le Pays. Si le timing est serré, l’appel d’offres devrait toujours être lancé le 4 août prochain pour un démarrage du service, désormais reconnu comme service public, au 1er janvier prochain. La présidente du groupe Tapura, Tepuaraurii Teriitahi, a néanmoins jeté une ombre en séance jeudi : "il n’est pas sûr qu’Air Tahiti réponde" d’autant qu’il "ne s’agit pas d’un texte taillé sur mesure" pour la compagnie. Cette dernière s’est déjà abstenue de répondre aux précédentes consultations en 2011 et 2012 et la perte d’autonomie commerciale peut l’effrayer. La compagnie, qui bat de l’aile, ne volerait plus de ses propres ailes.
 
Baisse "drastique" des prix prévus
 
Par cette réforme, le Pays tente de reprendre la main et de jouer aux aiguilleurs du ciel. Teriitahi a appuyé dans son intervention sur le fait que "pour la première fois, ce n’est plus l’opérateur qui fixera les prix et les fréquences". Le conseil des ministres reprend les commandes avec notamment dans l’idée d’agir "drastiquement" sur les prix des billets. Un terme utilisé également par le ministre, alors qu’aucune autre information ne filtrera des débats sur l’étendue du gain pour les voyageurs. Un mot, répété, qui pourrait justifier quelques réticences de candidats potentiels. Nul doute que les Polynésiens, notamment des archipels éloignés, seront quant à eux vigilants à ces annonces. Après s’être serrés la ceinture, ils vont pouvoir l’attacher plus facilement.
 
Des textes encore à naître
 
La délibération, adoptée à l’unanimité, n’est que la première d’une série qui doit voir l’Assemblée se pencher encore à plusieurs reprises sur le sujet. Le dossier fera ainsi quelques allers-retours avec la nécessité d’adopter deux autres textes indispensables d’ici la fin de l’année. Une délibération doit ainsi créer le futur fonds de continuité territoriale aérienne interinsulaire, destiné à faire une péréquation entre îles rentables et non rentables et une loi du Pays doit fixer les modalités de financement de ce fonds et la prise en charge des lignes déficitaires. La concorde des élus autour de ce premier texte doit conduire désormais à réglementer à la vitesse du concorde pour être prêt début 2021.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Jeudi 30 Juillet 2020 à 21:08 | Lu 12247 fois