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​“Vivement la souveraineté”


Tahiti, le 5 janvier 2022 – Gaston Flosse a présenté jeudi les candidats et suppléants du Amuitahira'a o te nuna'a maohi pour les prochaines élections législatives. Thème de la campagne : l'accession au statut “d'État souverain associé à la France” comme “étape intermédiaire” avant l'indépendance.
 
Le président du Amuitahira'a o te nuna'a maohi, Gaston Flosse, son “bureau exécutif” et ses candidats aux prochaines élections législatives ont invité les médias jeudi matin à une conférence de presse au siège du Tahoera'a à Papeete. Le nom du parti historique de Gaston Flosse figure encore sur tous les murs du bâtiment, mais la décision du “changement de nom” est désormais actée. La transformation du “Tahoera'a” en “Amuitahira'a” sera entérinée lors d'un congrès prévu le 29 janvier prochain. Un changement de nom, de logo et de “ligne politique” qui concernera également le groupe présidé par Teura Iriti à l'assemblée. “Sauf s'ils veulent former leur propre parti”, glisse le leader orange. Ambiance…
 
Mais ce sujet n'était pas le principal de la conférence de presse de jeudi. Il s'agissait surtout pour Gaston Flosse de présenter ses candidats aux prochaines élections législatives de juin 2022. Sur la première circonscription, c'est le président du parti lui-même qui s'annonce toujours candidat, avec Lydia Nouveau comme suppléante. Gaston Flosse sait néanmoins que sa candidature est suspendue à son pourvoi en cassation dans l'affaire de la citerne d'Erima. Mais qui pour le remplacer en cas de confirmation de sa condamnation le 12 janvier prochain ? “Nous présenterons un autre candidat et je me battrai plus fort que si j'avais été moi-même candidat… Mais mieux vaut ne pas en parler maintenant”. L'intéressé éludera la question pendant toute la conférence de presse.
 
Dans la deuxième circonscription, c'est le maire délégué de Vairao Jonathan Tarihaa qui se présentera avec pour suppléante la “présidente de la fédération Amuitahira'a de Tubuai” Juliette Tahuhuatama. Et dans la troisième, c'est le désormais fidèle lieutenant et élu de Papeete, Tauhiti Nena, qui sera candidat avec pour suppléant le maire délégué de Patio à Taha'a, Martial Terororia.
 
Vers l'État associé et au-delà
 
Mais surtout, Gaston Flosse a détaillé le futur “thème” de sa campagne. Et sur ce point, l'ancien chantre de l'autonomie chasse toujours en terres indépendantistes. Estimant que les récents toilettages du statut de 2004 n'ont abouti qu'à un “recul de l'autonomie”, jusqu'à une “autonomie coloniale” depuis la loi organique de 2019, Gaston Flosse veut défendre son projet “d'État souverain associé à la France”. Une “étape intermédiaire” selon lui indispensable pour accéder à la souveraineté pleine et entière.
 
“L'indépendance d'Oscar Temaru, c'est l'objectif final”, explique le Vieux lion. Mais avant cela, l'étape intermédiaire nécessitera l'intervention “financière” de la France sur des compétences qui seront en revanche “gérée” par le Pays : Sécurité, enseignement, communes… En tout, Gaston Flosse estime à 118 milliards de Fcfp la somme qui sera versée annuellement par la France à la Polynésie. “Là vous vous dites, ça va pas bien dans sa tête”, s'amuse l'ancien président. “Je vous rassure, ça va très bien.” Et Gaston Flosse d'expliquer que les discours des Présidents Jacques Chirac et Emmanuel Macron sur la reconnaissance d'une “dette” de la France envers la Polynésie serviront à financer ses desseins. L'enjeu géopolitique du Pacifique et la valeur des “terres rares” appuieront sa démarche… La condition, pour que le Amuitahira'a arrive à ses fins, c'est d'obtenir “deux à trois députés” lors des prochaines législatives et de remporter les territoriales de 2023. Gaston Flosse assure avoir tout prévu pour la suite des évènements.
 
Contre Fritch et au-delà
 
Mais une conférence de presse de Gaston Flosse ne serait pas complète sans une démolition en règle du bilan d'Édouard Fritch. En ligne de mire cette semaine, la future “TVA sociale” qui n'est autre qu'une “escroquerie politique”. “Les prix vont flamber (…) C'est 12 à 15 milliards de Fcfp qui vont sortir de nos poches”, a tancé l'ancien président. Bilan de la crise Covid, obligation vaccinale, griefs contre les autorités de l'État autant que du Pays… Un inventaire conclut en un soupir par le nonagénaire : “Vivement la souveraineté”.
 

​Présidentielle : “Ce n'est pas tranché”

Gaston Flosse a confirmé jeudi les propos de Marcel Tuihani dans nos colonnes, en indiquant avoir effectivement demandé au parti Les Républicains de mener la campagne de Valérie Pécresse en Polynésie française. “Je ne savais pas que Marcel Tuihani avait déjà fait la démarche trois fois. Il a fait un forcing farouche pour obtenir d'être le représentant des Républicains”, a ironisé celui qui reste l'un des membres fondateurs du RPR. “Ils lui ont accordé… Peut-être qu'ils n'avaient pas regardé les résultats des dernières élections. Enfin… Il a fait 400 voix aux dernières municipales…”
 
Mais pour Gaston Flosse, le choix de Valérie Pécresse s'avère néanmoins compliqué vu le projet d'État souverain associé du Amuitahira'a et les prises de position de la candidate farouchement opposée au référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie. Prêt à ratisser large, l'ancien président n'exclut aucune piste. “Gauche, droite, qu'est-ce que ça veut dire pour nous ?” Gaston Flosse affirme avoir rencontré un représentant de Jean-Luc Mélenchon “de passage” en Polynésie. Mais là encore, les choses n'ont pas collé. “Jean-Luc Mélenchon ne s'est jamais intéressé à l'Outre-mer et à la Polynésie en particulier”, balaie-t-il.
 
Reste qu'il sera “très certainement difficile” de trouver un candidat à la présidentielle française favorable à l'indépendance de la Polynésie, Gaston Flosse l'admet mais conclut tout de même : “En tous les cas, Amuitahira'a choisira un candidat. Ce n'est pas dans nos habitudes de laisser libre choix.” La formule est savoureuse…
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 6 Janvier 2022 à 17:55 | Lu 3112 fois