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Viti réclame sa licence mobile


Mario Nouveau (président et actionnaire majoritaire de Viti), Raymond Colombier (directeur commercial) et Bernard Foray (directeur général).
Mario Nouveau (président et actionnaire majoritaire de Viti), Raymond Colombier (directeur commercial) et Bernard Foray (directeur général).
PAPEETE, le 13 mars 2017 - Le petit opérateur internet Viti a demandé une licence mobile il y a un an. Il veut proposer des forfaits mobiles utilisant son réseau 4G. Mais son dossier a pris six mois de retard, assez de temps pour que tous les autres opérateurs lancent leur réseau de nouvelle génération… Viti dénonce des "décisions politique visant à favoriser certains acteurs".

L'annonce fracassante de Vodafone jeudi dernier – le lancement de son réseau 4G sur l'agglomération urbaine d'ici novembre – continue de faire des vagues. Le président de l'OPT a révélé en urgence que Vini allait lancer son propre réseau 4G cette semaine… Ce qui a fini par faire réagir Viti.

Le petit opérateur rappelle qu'il a déployé son propre réseau 4G LTE en 2015, utilisé pour ses clients internet fixe. Bernard Foray, directeur général de Viti depuis 2011, explique que "en février 2015 nous avons lancé le réseau 4G pour fournir internet à nos clients. Depuis, nous avons séduit 14 000 clients. Nous constatons aussi que nous avons fait baisser les prix de l'internet de 30% depuis que nous avons introduit cette technologie ! Au bout d'un an, nous avons considéré que c'était positif, et on s'est dit que nous n'allions pas nous contenter de ça, qu'il fallait aller vers le mobile. Donc en mars 2016, il y a un an, nous avons déposé notre demande de licence d'opérateur mobile." Selon l'opérateur, ce dossier était complet au niveau technique, commercial et financier. Il n'aurait reçu aucune réserve… Et pourtant rien ne s'est passé.

>>> "Nous transportons des tonnes d'internet sur notre réseau 4G, transporter de la voix ce n'est rien. 15 heures d'appel en très haute qualité sonore représentent 300 mégaoctets…" Raymond Colombier, directeur commercial de Viti.

"Le code des postes définit clairement les conditions d'obtention de la licence, ça devrait être automatique. Mais jusqu'à décembre 2016 nous n'avons reçu aucunes questions, réactions… pourtant on les relançait. À force de pression a vu le gouvernement en décembre dernier, ils nous ont posé quatre questions dans la journée, et depuis rien. Donc ça fait plus d'un an que le dossier complet est déposé, il n'y a aucune raison de ça traîne. Donc là, stop ! On est obligé de le faire savoir" s'énerve le directeur.

L'opérateur est plutôt direct sur les raisons de ce retard. Sa conviction est qu'il s'agit d'une manœuvre destinée à protéger "un autre opérateur", l'OPT pour pas le nommer, de la concurrence : "la question, c'est pourquoi nous faire attendre aussi longtemps, sans aucun calendrier précis ? Y aurait-il une volonté de permettre à un autre opérateur d'avoir le temps de se préparer et de lancer tranquillement la 4G en premier ? Parce que chez nous, dès que l'autorisation arrive, tout est prêt. Certaines choses nous surprennent. En 2015 Smart Tahiti Network a eu sa licence internet en moins de six mois, même s'ils n'ont pas lancé commercialement. Notre dossier est complet et n'a pas reçu de réserves, donc normalement ils doivent répondre positivement à notre demande… Sauf si c'est une décision politique qui tend à favoriser certains acteurs."

30 EMPLOIS ET 2 MILLIARDS D'INVESTISSEMENTS

Si jamais Viti obtient sa licence, ça n'aura pas un impact profond sur le marché. On sait déjà que les offres d'abonnements mobiles de Viti seront réservées aux téléphones compatibles 4G. Globalement, tous les smartphones récents et les modèles haut de gamme un peu âgés sont éligibles.

De plus, le réseau de Viti est encore réduit. Il couvre les grosses densités de population à Tahiti, mais est loin d'atteindre l'ubiquité de ses deux concurrents, Vodafone et Vini. Le petit opérateur a pourtant déjà investi un milliard de francs dans son nouveau réseau, pour migrer ses installations Wimax au nouveau standard. Il compte investir encore un milliard de plus pour augmenter la couverture de son réseau 4G, en particulier pour au moins couvrir toute la route de ceinture. Viti pourra tout de même compléter sa couverture via le roaming de l'OPT. Un abonné Viti pourra donc appeler de toute la Polynésie, même s'il n'aura sa connexion 4G que dans les zones côtières de Tahiti. Ce sont 30 emplois sur 5 ans qui seront créés par Viti pour accompagner cette transformation, soit un doublement des effectifs de l'opérateur.

Malgré tout, Viti se considère déjà comme un opérateur mobile : "tout est prêt, nous avons le réseau et le cœur de réseau, tout ce qu'il faut maintenant c'est ajouter une baie télécom. Nous avons un contrat avec le fournisseur, nous attendons juste la licence. Quand la commande sera partie, il faudra trois mois pour que le matériel arrive et trois autre mois pour les installations et les tests. Donc chaque mois de retard est un temps précieux qui est perdu" nous assure Mario Nouveau, président et actionnaire principal de Viti.

Autre point de tension entre Viti et l'OPT/le gouvernement : le petit opérateur, qui a lancé un réseau Internet des objets (IoT) en 2016, a été "désinvité" du Tahiti Digital Festival se déroulant cette semaine, où il devait présenter ses solutions IoT et les premiers objets connectés l'utilisant. "Ca fait tout de même beaucoup d'éléments concomitants qui montrent qu'il y a une volonté de nous ralentir" conclut le directeur.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 13 Mars 2017 à 14:38 | Lu 6275 fois