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Suppression du "risque négligeable" : toujours pas de "triomphalisme" pour Roland Oldham


PAPEETE, 9 février 2017 - Roland Oldham, le président de l'association pour la défense des anciens travailleurs du nucléaire Moruroa e Tatou, reste circonspect devant la possible suppression du principe de "risque négligeable" de la loi d'indemnisation Morin. "J’attends vraiment de voir comment cela se traduira en pratique", explique-t-il en refusant de verser dans le "triomphalisme".

Que pensez-vous de l’avancée parlementaire qui se produit actuellement sur la question du risque négligeable, dans la loi Morin ?

Roland Oldham : Nous aurions pu éviter tout ça, dès le début. Nous dénonçons cet aspect de la loi depuis toujours. On a toujours estimé que ce texte devait s’appuyer sur une présomption de causalité : une personne qui a été victime des retombées nucléaires, parce que présente dans les zones reconnues contaminées, et qui a développé une des 21 maladies de la liste (du décret d’application de la loi Morin, NDLR), doit être indemnisée. (…) Je ne comprends pas le principe de risque négligeable. Doit-on penser qu’il a été volontairement introduit dans la loi pour retarder les indemnisations, jouer la montre ? L’Etat ne nous a rien servi sur un plateau d’argent (…).
Aujourd’hui le risque négligeable est en voie d’être éliminé ; mais à Moruroa e Tatou ont ne donne pas dans le triomphalisme. On apprend qu’une commission sera mise en place et qu’il lui est donné 12 mois pour faire des recommandations. Pour vous dire la vérité, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer une anguille sous roche. François Hollande a fait beaucoup de promesses qu’il n’a jamais tenues. Il est maintenant à la fin de son mandat. Quel sera l’attitude du prochain gouvernement ? J’attends vraiment de voir comment cela se traduira en pratique.


Soupçonnez-vous l’Etat d’user éventuellement de techniques dilatoires pour retarder au mieux la mise en application des nouvelles dispositions ?

Absolument. Avec l’urgence de ce dossier-là il va falloir que les Polynésiens continuent à maintenir la pression. L’Etat n’a visiblement toujours pas une réelle volonté d’aller vite sur ce dossier-là.

Combien de personnes sont susceptibles d’être concernées par ce possible assouplissement de la loi d’indemnisation ?

Nous avons à l’association une cinquantaine de dossiers qui sont bouclés. Deux à 300 attendent de compléter les pièces à fournir. C’est un long travail.

Rédigé par propos recueillis par JPV le Jeudi 9 Février 2017 à 11:03 | Lu 1297 fois