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Risque d’effondrement de Moruroa : le rapport qui inquiète


Risque d’effondrement de Moruroa : le rapport qui inquiète
Le bilan 2010 de Surveillance de l’évolution géomécanique de l’atoll de Moruroa, daté du 29 mars 2012 a été communiqué le 11 juin dernier, aux autorités locales.

De manière tout à fait laconique, ce rapport de Surveillance de l’évolution géomécanique de Moruroa fait à l'initiative du Ministère de la Défense, suggère un risque d'effondrement de la zone nord de l'atoll, dite Camélia, en laissant entendre que la totalité de cette partie de Moruroa "est en mouvement".

Moruroa e tatou a pris l’initiative de tirer la sonnette d’alarme, lundi 6 août. L’association demande la mise en place au plus vite d’une commission d’enquête indépendante, si possible au niveau international, pour mesurer l’ampleur exacte de ce phénomène et sa dangerosité.

A la page 28, le rapport précise « Les mesures des capteurs de la zone Camélia (FIL 8.30 et 8.40) indiquent des vitesses très faibles (< 0.2 mm/mois). Ces vitesses, apparemment plus faibles que les mesures dans les autres zones, pourraient cependant être sujettes à caution. Elles pourraient s’expliquer par le fait que toute cette partie du platier serait en mouvement, embarquant avec elle toute l’instrumentation des FIL 8.30 et 8.40 dans un mouvement de corps rigide ».

En janvier 2011 déjà, le rapport DSND présentait un risque du glissement d'une "loupe" de la pente extérieure océanique de Moruroa.
Et déjà, le volume prévisible de l’effondrement de cette « loupe » avoisinait les 0,6 km3, soit 670 millions de m3.

« Là, (Rapport 2010 de Surveillance de l’évolution géomécanique, ndlr) on nous apprend que ce n’est plus seulement un pan extérieur de l’atoll - une « loupe », comme disait M. Jurien de la Gravière - qui va s’effondrer en provoquant une vague en retour, mais toute une section de l’atoll », explique Bruno Barrillot, le délégué pour le suivi des conséquences des essais nucléaires. « C’est ce que constate le rapport, dans une petite phrase, sans trop l’expliquer. On apprend que les appareils installés pour la surveillance vont s’effondrer avec cette partie de l’atoll : ce qui ne permettra plus de surveiller… C’est tout à fait nouveau. On ne peut pas imaginer ce que cela peut provoquer ».

L’association Moruroa e tatou redoute une catastrophe naturelle et écologique, sans commune mesure avec les prévisions du rapport DSND de janvier 2011, qui envisageait déjà que l’atoll de Tureia puisse être exposé à des risques de tsunami menaçant la population.

Libération de matières radioactives

On parlait déjà d’une succession de vagues océaniques dont la vitesse de propagation serait de l'ordre de 600 km/h et pouvant toucher Tureia en dix à treize minutes.

« Là, c’est toute la zone Camélia qui est susceptible de partir », précise Bruno Barrillot. « Il s’agit géographiquement d’à peu près deux kilomètres d’atoll ».

Quant à une possible diffusion de matières radioactives emprisonnées dans la structure coralienne de l’atoll, le rapport Fairhurst (Chapitre 3, p. 98) interpellait déjà en 1999, en ces termes : « .... La Mission considère qu’un point important a été oublié (par les scientifiques du DIRCEN/CEA et la mission Tazieff (Tazieff, 1982),ndlr) concernant le risque potentiel d’effondrement, à savoir que l’effet de tout effondrement de la partie supérieure de la pente de l’atoll est de priver l’atoll de sa peau imperméable extérieure protectrice. »

Divers sites de stockage de déchets radioactifs ont été aménagés dans les puits de tir de la couronne de Moruroa.

Plusieur phénomènes de fuite de matière radioactive ont déjà été constatés lors des expérimentations souterraines : Sous le platier de la zone nord-est de Moruroa, 28 tirs ont été effectués et ont développé une énergie totale de 226 kt (15 fois Hiroshima). Sept de ces tirs souterrains n’avaient pas été « contenus » dans les couches profondes basaltiques de l’atoll et des failles s'étaient produites dans les couches coralliennes supérieures, permettant des fuites radioactives (iode-131 et gaz rares) qui avaient cheminé par celles-ci, jusqu'à l'extérieur.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 6 Août 2012 à 15:29 | Lu 7585 fois