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Rémunération des élus : les coups de rabot adoptés


La baisse de 10% de la rémunération des élus de l'assemblée a été adoptée à l'unanimité ce mardi.
La baisse de 10% de la rémunération des élus de l'assemblée a été adoptée à l'unanimité ce mardi.
PAPEETE, mardi 11 juin 2013. Les représentants de l’assemblée de Polynésie française ont examiné et adopté ce mardi deux délibérations qui baissent les rémunérations des élus du Pays, aussi bien de l’exécutif que du pouvoir législatif. La première délibération concernait la baisse de 50% de la rémunération du président du Pays qui passe ainsi de 756 000 Fcfp à 378 000 Fcfp brut (soit l’indice 760 des agents de la fonction publique de Polynésie française). Une mesure symbolique puisque dans le cas du président-sénateur Gaston Flosse, cette baisse est imposée par les plafonds fixés par une loi nationale lors des situations de cumul de mandats. C’est ce que l’on appelle le principe de l’écrêtement mis en place en France depuis 1992. Dans le même temps, les rémunérations versées aux ministres baissent, elles, de 10% et passent de 750 000 Fcfp à 680 000 Fcfp bruts aujourd’hui. Cette délibération concernant les membres de l’exécutif polynésien a été adoptée par 46 voix pour et 11 abstentions venant des rangs de l’UPLD.

La seconde délibération concernait enfin une baisse de 10% des rémunérations mensuelles versées aux élus représentants de l’assemblée de la Polynésie française. Cette rémunération des représentants sera désormais de 633 000 Fcfp bruts (soit 530 000 Fcfp nets). C’est la 3e baisse des rémunérations des élus de l’assemblée de Polynésie depuis 2004 qui a été entérinée ce mardi. Cette délibération a été adoptée à l’unanimité des représentants. Ces coups de rabot exercés sur les rémunérations des élus polynésiens permettra de générer une économie globale évaluée à 73 millions de Fcfp/an (13 millions du côté de l’exécutif et un peu plus de 60 millions de Fcfp à l’assemblée). «Une goutte d’eau par rapport à la trentaine de milliards consacrée chaque année à la rémunération de notre administration» admettait Jean Temauri, rapporteur de la délibération pour le Tahoeraa, «mais c’est la démarche d’exemplarité qu’il faut souligner». A noter que les réductions adoptées ne sont pas appliquées en revanche aux frais de représentation accordés aux membres du gouvernement : 215 000 Fcfp/mois, ni aux membres de la Commission permanente de l’assemblée de Polynésie qui perçoivent 100 000 Fcfp de plus par mois. Enfin, les élus des îles ont également droit à une majoration qui n’a pas été victime de ce coup de rabot : 109 000 Fcfp/mois pour ceux qui viennent de Moorea et 132 000 Fcfp/mois pour les autres îles.

En dépit des votes unanimes ou sans opposition manifeste dans les rangs des trois groupes politiques qui composent l’assemblée de Polynésie, les débats ont été animés dans l’hémicycle territorial. La majorité d’hier, l’UPLD, reprochait au Tahoeraa Huiraatira les critiques exprimées en 2004, au moment où le Taui avait imposé une baisse des indemnités des représentants. «M. Bouissou vous disiez à l’époque que ces décisions n’étaient que de l’affichage politique, que ces mesures ne généraient pas d’économies substantielles. Aujourd’hui on parle de 73 millions de Fcfp en moins, peut-on vraiment parler d’économies substantielles ? (…) On entendait alors que ces baisses de rémunération c’était de la démagogie, ce sont les propos tenus ici même il ya 9 ans» détaillait Chantal Tahiata.

Pour A Ti’a Porinetia, Armelle Merceron a fait une longue diatribe sur les fonctions des élus, leurs responsabilités et leur «juste rémunération». L’élue a rappelé que les indemnités des représentants ont baissé de 26% en 12 ans. Fixées, à la hausse en 2001 par la majorité Tahoeraa à 855 000 Fcfp, «elles atteignent aujourd’hui 633 815 Fcfp et ce toujours à l’initiative de Gaston Flosse. Ce qui était trop peu en 2001 est devenu trop en 2013». Aussi l’élue A Ti’a Porinetia s’interrogeait : «le mandat d’élu, est-il un sacerdoce ? Nous ne sommes ni des missionnaires, ni des bénévoles» et remarquait : «l’indemnité brute que nous aurons dorénavant l’indemnité brute que nous aurons dorénavant correspondra à peu de chose près à celle d’un fonctionnaire Attaché d’administration du 1er grade au 12° échelon. C’est plus qu’un fonctionnaire de catégorie B en fin de carrière, c’est beaucoup moins que nombre de fonctionnaires de catégorie A en milieu de carrière». A titre de comparaison utile, la rémunération perçue par les représentants de l’assemblée de Polynésie est néanmoins encore deux fois plus importante que le salaire moyen polynésien à 300 000 Fcfp bruts et quatre fois plus élevé que le SMIG local à 150 000 Fcfp/mois.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 11 Juin 2013 à 15:01 | Lu 3597 fois