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Matani Kainuku : "C'était vraiment un Heiva somptueux"


Les anciens danseurs et danseuses de Gilles Hollande ont donné une prestation en hommage à leur défunt mentor
Les anciens danseurs et danseuses de Gilles Hollande ont donné une prestation en hommage à leur défunt mentor
PAPEETE, le 21/07/2016 - Les concours de chants et danses du Heiva i Tahiti 2016 se sont terminés par la remise des prix, mercredi soir. 41 groupes se sont produits durant trois week-ends sur la scène de To'ata pour tenter de remporter les premiers prix. Pour le président du jury, le challenge a été relevé avec professionnalisme. Le travail de recherches, d'innovations, de créations tout en restant ancré dans les traditions, était au rendez-vous.

La soirée des lauréats se tiendra ce vendredi soir à To'ata, avec les prestations de tous les groupes ayant remporté les premiers prix. Samedi soir, place aux prestations des groupes de danse arrivés en seconde et troisième positions.

Cette année encore, le Heiva i Tahiti a enchanté le public et le jury. "Je pense surtout au travail de chacun des groupes, en chant et en danse. Un travail exceptionnel, beaucoup de recherches, d'innovations, de créations tout en restant ancrés dans les traditions, c'était vraiment un Heiva somptueux", précise Matani Kainuku, président du jury.

Pour ce Heiva i Tahiti 2016, 41 groupes se sont présentés sur scène durant trois week-ends, dont 21 en chant et 20 en danse. Des prestations différentes avec des thèmes variés. "Des thèmes bien spécifiques aux légendes, des thèmes bien spécifiques à l'abstrait et des thèmes bien spécifiques à aujourd'hui", explique Matani Kainuku. Pour le président du jury, il y a des critères bien précis à évaluer. "Le plus important, c'est le thème d'abord puisqu'il compte pour un quart de la note que ce soit en chant ou en danse. Mais ce qui est important c'est l'intelligence des gens d'avoir mis en chanson ou en danse, et ça c'est formidable, parce qu'on est dans le spectacle et on a la critique facile de dire que ce n'est pas bien cela, mais ils ont mis du temps, six mois à travailler. La critique est tellement facile que moi, j'ai préféré apprécier le travail bien fait de chacun avant de rentrer dans ces petits détails. Et ces petits détails, j'avais besoin des télévisions et des enregistrements, j'ai même dû revenir plusieurs fois. Pendant ce Heiva, j'ai regardé au moins pour un groupe, quatre fois, pour être sûr que ce je pense ou ce que je dis sur ce groupe, c'est bien cet élément qui ne va pas par rapport à d'autres."

Les moments de délibérations n'ont pas été de tout repos pour les membres du jury. "Pour la catégorie Hura Tau, nous avons pris trois heures pour délibérer, et pour celle en Hura Ava Tau, une demi-heure. Cela veut dire qu'il y avait des choses qui avaient besoin d'être discutées, d'autres qui avaient besoin d'être échangées, cela dépend vraiment des situations, du travail qui a été réalisé", assure encore Matani Kainuku.

HURA AVA TAU : TROIS NOUVELLES TROUPES DÉCROCHENT LES TROIS PREMIERS PRIX

Pour ce Heiva i Tahiti, cinq groupes en danse ont foulé pour la première fois les planches de la scène de To'ata : Tamari'i Anau de Bora Bora, Tamari'i Vaira'o et Tahiti ia Ruru-Tu Noa, Te Ao Uri no Tautira et E ra'i te toa nō Avera, sur les neuf groupes inscrits en catégorie Hura Ava Tau.

Et leur travail a été récompensé puisque trois d'entre eux ont raflé les trois premiers prix en amateur. "Par rapport au fait qu'ils sont nouveaux, il faut savoir qu'il y a des gens expérimentés dedans. Olivier Lenoir, c'est quelqu'un qui connaît le spectacle, c'est un bon acteur, il est très stratégique. Pour le groupe de Vaira'o, ce sont des gens qui ont dansé dans Toahotu Nui, l'année dernière, mais ce n'est pas grave, c'est un nouveau groupe, ce qui est intéressant, c'est qu'il a son maire qui le soutient, c'est extraordinaire", précise le président du jury. Et de rajouter : "Sur le plan de la danse, le gagnant a été beaucoup plus stratégique dans les chorégraphies et dans la mise en scène de son spectacle. Il n'était pas trop stable, il bougeait beaucoup, il présentait des tableaux intéressants, donc vraiment c'est sur les stratégies chorégraphiques. Et sur le plan de la musique pareil, il y avait vraiment un lien. Ensuite sur la présentation générale, les costumes comptaient tous, bon ce n'est pas un costume qui tombe qui va faire enlever un point, non, mais les costumes dans son intégralité, du début à la fin. Donc, on voit vraiment le spectacle de chacun comme cela, dans ces petits détails-là. Et c'est ce qui fait la différence et on se rend compte en fait qu'il a manqué un peu plus dans certains groupes que dans l'autre."

Le Heiva i Tahiti 2016 s'achèvera donc définitivement samedi soir. La prochaine édition promet de belles découvertes, c'est en tous les cas le ressenti de l'ensemble de ces artistes de la culture polynésienne.
Chaque groupe était bien représenté mercredi soir
Chaque groupe était bien représenté mercredi soir

Tommy Tihoni, meilleur danseur (Pupu Tuha'a Pae)

"Je me suis préparé pendant deux mois"


"C'est la première fois que je concourais. Je compte représenter au mieux Tahiti à travers notre culture pour les prochaines manifestations. Peut-être partager notre danse dans les pays étrangers. Je voudrais dire aux jeunes de se lancer dans la danse pour partager au mieux notre culture. Je me suis préparé pendant deux mois, cela n'a pas été facile et voilà le résultat."

Tuiana Brodien, meilleure danseuse (Tamari'i Vaira'o)

"C'était mon rêve que d'avoir ce titre de meilleure danseuse"


"Je ne m'attendais vraiment pas à remporter ce titre, surtout que cette année, nous étions nombreuses à concourir. On était 20 concurrentes et chacune avait ses chances puisque le niveau était quand même excellent. Pour moi, c'était difficile de me classer parmi les trois premières et encore moins première.
J'ai commencé mes premiers pas de danse à l'âge de trois ans et aujourd'hui, j'en ai 27 et je n'ai jamais arrêté. Ce qui a pu faire la différence, selon moi, c'est peut-être toute l'émotion et les sentiments puisque je danse avec le cœur. C'était énormément de préparation, énormément d'heures d'entrainement, de remise en question, de travail sur le thème. On était beaucoup soutenu, il y a la commune, nos chefs de groupe et d'autres personnes extérieures qui m'ont permis de capter et de développer au mieux mon thème et ma danse. Il y en a qui rêve d'être Miss Tahiti et moi c'était mon rêve d'avoir ce titre de meilleure danseuse. J'ai une école de danse et je compte continuer à enseigner à mes élèves avec l'amour de notre culture surtout et les techniques de base.
"

Jonathan Tarihaa, maire délégué de Vaira'o

"Je suis le tavana le plus heureux ce soir"


"C'est la première fois que l'on monte sur To'ata et, je pense que je suis le tavana le plus heureux ce soir, avec tous les prix que nous avons eu. Je suis très fier et très content de ma population, et je tiens surtout à féliciter Maruia et toute l'équipe pour le chant. On s'attendait à ce que l'on soit ensemble avec Tahiti ia Ruru-Tu Noa sur le podium. Arrivé en 2e position c'est déjà pas mal pour une première participation. Les deux troupes ont misé sur la jeunesse et je pense que dans les chants, il y a eu beaucoup d'efforts au niveau des 'auri et des tārava. On reviendra l'année prochaine avec beaucoup plus d'assurance et d'expérience cette fois-ci. Cela nous a permis de voir nos faiblesses que nous devrons améliorer."

Olivier Lenoir, chef de la troupe Tahiti Ia Ruru-Tu Noa

"J'étais confiant pour ce premier prix"


"Ce soir, je suis content parce que nous avons remporté le premier prix, mais je voudrais tout d'abord remercier tous les groupes de danse puisque nous avons tous célébré ensemble ce Heiva i Tahiti.
Je souhaiterais féliciter mes danseurs et danseuses pour les efforts que chacun a fournis et voilà le résultat. Par rapport à notre prestation, j'étais confiant pour ce premier prix. Mais la décision finale ne vient pas de moi, mais du jury. Ce qui aurait pu faire la différence avec les autres groupes, c'est sûrement notre orchestre, nos danses et tout ce que nous avons apporté sur la scène. Je ne peux pas vous confirmer si on reviendra l'année prochaine, parce que le fait de participer au Heiva i Tahiti entraîne de lourdes dépenses, nous verrons cela dans les prochains mois.
"

Kehaulani Chanquy, chef de la troupe de Hitireva

"Jusqu'au bout, on était dans le doute"


"J'ai le cœur soulagé, je suis plus qu'heureuse et j'ai un peu de mal à m'exprimer. Je suis juste ravie pour ces jeunes qui m'ont fait confiance et toutes ces familles qui m'ont soutenue. Il faut que l'on profite de ce prix qui a été durement récompensé et on a le droit d'être heureux ce soir. On a attendu l'annonce de notre nom dans cette catégorie pour pouvoir enfin souffler. Jusqu'au bout, on était dans le doute. On a eu plusieurs sentiments, celui de la peur, de joie, un peu de tristesse, d'incertitude. J'ai réellement attendu que le nom du groupe soit donné pour enfin relâcher ce stress. Chaque groupe est tellement différent et je tire mon chapeau au jury pour avoir essayé de faire autant de comparaisons. Il faudrait avoir les notes pour savoir quelle est la différence avec les autres groupes. En ce qui nous concerne, on a essayé de parfaire sur nos faiblesses lors de nos derniers Heiva."

Matani Kainuku, président du jury

"Il y a des choses à améliorer dans le règlement "


"J'aimerai bien présenter mon groupe l'année prochaine, mais je voudrais que ce que nous allons proposer pour améliorer le Heiva soit pris en compte. C'est comme si j'allais me lancer dans un concours, alors qu'il y a des choses à améliorer dans le règlement, mais ce sont des remarques qui datent depuis deux-trois ans. Comme la place des figurants dans le spectacle qui n'est pas assez claire, et ce sont les groupes qui acceptent ce règlement. Donc, moi j'attends d'abord qu'il y ait un travail de fond qui soit fait. Pour les chants, en étant président, je pense que parfois, il y a un souci et il y a quelque chose à améliorer sur la configuration des chanteurs avec le nombre minimum à avoir pour que cela soit joli. Pourquoi accepter qu'il n'y ait que six "hā'ū" dans le chant et après cela va donner quoi ? Pas assez. Peut-être mettre un minimum de personnes. Il y a plein de choses à améliorer comme ça. Et nous, on a été confrontés cette année à ces petits soucis parce que les groupes aiment bien contourner le règlement. Ils l'ont compris d'une certaine façon. Le "pā'ō'ā hivināu", parfois j'ai l'impression que c'est une danse qui est prise à la légère, en dernier lieu quoi parce qu'on est obligés de la faire, alors que c'est très simple. C'est un cercle et un demi-cercle avec un meneur au milieu soutenu par un orchestre, cela veut dire que l'orchestre peut être sur scène et pas forcément au milieu. Il y a pleins de petites choses comme cela à améliorer. Donc j'attends d'abord que ces améliorations soient apportées, parce qu'en étant à la deuxième année dans le jury, je me rends compte que rien n'a changé."

Ordre de passage pour la soirée des lauréats de ce vendredi 22 juillet 2016

Début de la soirée à 18 heures :

- ORCHESTRE PATRIMOINE & MEILLEUR DANSEUR (PUPU TUHAA PAE)
- TARAVA TAHITI & UTE AREAREA (TAMARII VAIRAO)
- HIMENE RUAU (TAMARII PAPEARI)
- HURA AVA TAU (TAHITI IA RURU-TU NOA)
- TARAVA RAROMATAI (TE PAPE ORA NO PAPOFAI)
- MEILLEURE DANSEUSE (TAMARII VAIRAO)
- TARAVA TUHAA PAE (TAMARII RAPA NO TAHITI)
- UTE PARIPARI (TE NOHA NO ROTUI)
- HURA TAU & ORCHESTRE CREATION (HITIREVA)

Fin de la soirée prévue à 23 heures


le Jeudi 21 Juillet 2016 à 14:31 | Lu 2416 fois