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Les fleurs des vahine l’inspirent pour faire des appareils auditifs


« Je suis venue à Papeete pendant deux mois pour des vacances en 2000 », explique Nathalie Birault  « Mes souvenirs sont remplis de bienveillance de sourires de couleurs de senteurs de goûts, de sons que j’ai adorés et que j’aimerai retrouver un jour. » crédit photo : Sébastien Jourdan
« Je suis venue à Papeete pendant deux mois pour des vacances en 2000 », explique Nathalie Birault « Mes souvenirs sont remplis de bienveillance de sourires de couleurs de senteurs de goûts, de sons que j’ai adorés et que j’aimerai retrouver un jour. » crédit photo : Sébastien Jourdan
LYON, le 16 avril 2017. Lors d’ un voyage en Polynésie française en 2000, Nathalie Birault, qui vit près de Lyon, est marquée par le port de la fleur à l’oreille des Polynésiens. Séduite, elle a quelques années plus tard l’idée de customiser des appareils auditifs avec une fleur. Malentendante, la jeune femme s’est lancée en 2016 dans l’entrepreneuriat.

Nathalie Birault porte la fleur à l’oreille. Derrière cette fleur se cache un appareil auditif. La jeune femme, malentendante, vit dans l’est de la France, près de Lyon. Diplômée des Beaux-Arts et passionnée par les bijoux, elle a été infographiste et webmaster pendant cinq. L’an dernier, elle a finalement décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat pour faire « des appareils auditifs un accessoire aussi tendance qu’une paire de lunettes, pour valoriser les malentendants ».

Nathalie Birault est malentendante depuis l’âge de 12 ans. Adolescente, elle a des difficultés à « assumer (son) appareillage marron qui stigmatisait (son) handicap et (la) mettait à l’écart ». « Plus tard, j’ai compris qu’il fallait que j’accepte ma différence pour que mon entourage puisse me parler sans tabou et s’adapter à moi », confie-t-elle.

Coquette et déjà passionnée par les bijoux, elle customise alors ses appareils auditifs en demandant des coques roses et transparentes à son audioprothésiste. « En choisissant ces couleurs, j’affirmais ainsi ma singularité. Malheureusement changer les couleurs des coques demande un passage chez l’audioprothésiste et délais d’une semaine… », se souvient-elle. « Fashion addict, j’ai rêvé de les customiser en cinq secondes, pour les assortir avec ma garde-robe, j’ai donc fait plusieurs essais pour déposer des bijoux sur mes appareils… et aujourd’hui je propose avec ma société Odiora un système d’accroche universel qui permet de fixer un bijou très facilement. »

La « fleur, un vrai moyen de communication »
En 2000, Nathalie Birault vient au fenua pour deux mois de vacances. «  La fleur est la première chose que l’on m’a offerte en posant les pieds sur l’ île de Tahiti », décrit-elle. « Pour moi, elle symbolise la bienvenue par un accueil coloré, chaleureux et enivrant. Plus tard, j’ai compris que cette fleur est un vrai moyen de communication entre vous et ce langage visuel m’a beaucoup émue. Je l’ai trouvé très délicat, simple et accessible à tous. J’ai rêvé alors de parler de mon handicap auditif avec autant d’élégance et de simplicité que votre culture. »

Il faudra quelques années pour que Nathalie Birault ose se lancer pour commercialiser ses prothèses auditives customisées. Le déclic vient finalement un jour lorsqu’elle offre un de ses bijoux à une petite fille malentendante . « Son regard m’a transformée... », confie-t-elle. « Juste après avoir mis le bijou sur ses appareils auditifs elle a couru voir tout le monde dans la salle pour montrer son oreille fleurie. Ses yeux brillaient de fierté et l’entourage a vraiment bien accueilli la nouvelle. Ce fut un grand moment d’émotion. »

Elle réalise ainsi des bijoux pour appareil auditif ornés notamment d’une fleur. Nathalie Birault décide de tester alors son concept en animant un blog de partage d’expérience entre malentendants et anime des stands dans les associations. « Chaque rencontre est riche en émotion, c’est pourquoi je tente l’aventure de entrepreneuriat car c’est un travail à temps plein », explique-t-elle.. « En 2016, mon projet à été sélectionné dans un incubateur d’entreprise sociale et solidaire Ronalpia, ce qui m’a permis pendant neuf mois de structurer mon offre, mon business plan et endosser le rôle d’entrepreneur. » Pour financer les frais de développement de sa société, elle multiplie les participations aux concours d’entrepreneur et dépose des dossiers dans les Fondations d’entreprise. Bientôt les fleurs écloront peut-être en nombre aux oreilles des malentendants.

Rédigé par Mélanie Thomas le Dimanche 16 Avril 2017 à 03:00 | Lu 15330 fois