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La réinsertion passe par la case couture à la prison de Papeari


Les détenus ont appris le maniement de la machine à coudre.
Les détenus ont appris le maniement de la machine à coudre.
Papeete, le 13 septembre 2018 - En partenariat avec Gaz de Tahiti, une douzaine de prisonniers du centre de détention de Tatutu à Papeari ont cousu 1000 housses en tissu tahitien pour recouvrir les bonbonnes de gaz. Cette activité de couture fait partie des ateliers dispensés à la prison pour aider les détenus à se réinsérer.

Mille housses pour emballer des bonbonnes de gaz de 13 kilos, c'est "la commande" qu'a passée Gaz de Tahiti à l'atelier de couture du centre de détention de Papeari. " Nous savions qu'il y avait une possibilité de les faire confectionner à Tatutu, l'entreprise s'inscrit dans une démarche citoyenne depuis de très nombreuses années. Ce projet allait donc bien dans l'état d'esprit de la société et cela aidait le partenariat avec Tatutu. Et puis, le challenge était amusant de faire faire à ces messieurs de la couture", détaille avec enthousiasme Florent Roy, responsable clientèle de Gaz de Tahiti.

"ACQUERIR DE LA RIGUEUR"

Jean-Jacques Marchand, directeur adjoint du centre de détention de Tatutu, Daniel Willemont, directeur du centre de détention, Melissa Chongue, service Marketing de Gaz de Tahiti et Florent Roy, responsable clientèle de Gaz de Tahiti.
Jean-Jacques Marchand, directeur adjoint du centre de détention de Tatutu, Daniel Willemont, directeur du centre de détention, Melissa Chongue, service Marketing de Gaz de Tahiti et Florent Roy, responsable clientèle de Gaz de Tahiti.
Créé avec le soutien de l'ordre de Malte de Tahiti, cet atelier fait partie des différentes activités mises en place par le centre de détention pour aider la population carcérale à se réinsérer et à (re)donner confiance en soi. "Bien souvent les détenus n'ont pas de qualifications, ils 'n'ont pas, à tort, une haute idée d'eux-mêmes, ni une connaissance de leurs potentiels. L'intérêt, ici est d'acquérir de la rigueur car elle est exigée par le produit, de travailler en équipe, car il y a un certain nombre de pièces à produire. Ils ont aussi le bonheur de constater qu'ils peuvent élaborer quelque chose. Enfin, cela leur permet aussi de gagner un peu d'argent, puisqu'ils sont rémunérés pour ce travail", souligne le tout nouveau directeur du centre pénitentiaire, Daniel Willemont, plutôt impressionné par la sérénité qui règne dans l'établissement et "l'encadrement remarquable du personnel vis-à-vis des détenus".


UN UNIVERS INCONNU POUR EUX

Ainsi pendant plusieurs mois, deux groupes de six détenus environ se sont relayés pour coudre ces mille housses destinées à recouvrir les bonbonnes de gaz.
Pour arriver à ce but, ils ont dû, sous la houlette de la couturière Chantal Laroussie, découvrir cet endroit totalement inconnu qu'est un atelier de couture et bien sûr ses mystères ! Comment faire un ourlet, comment fonctionne la machine, la pédale…. Et si cette activité est fortement connotée à l'usage de la gente féminine, cela n'a pas empêché cette douzaine de prisonniers, sur les 321 détenus que compte actuellement Tatutu, à se porter volontaires à cet atelier couture. Et il semblerait même que quelques vocations aient pu naître…
Et ce n'est pas fini, car l'atelier rempile pour de nouvelles commandes, puisque l'ordre de Malte vient de lui passer de nouvelles commandes notamment pour des pareu, qui seront envoyés dans un hôpital au Bénin. Le savoir-faire de Tatutu s'exporte à travers le monde.

Chantal Laroussie, couturière :

"Je viens les mercredis de 7h30 à 16 heures à la prison. Cela se passe très bien, ce sont des volontaires, c'est eux qui ont la démarche de s'inscrire, je n'ai jamais eu de soucis. Ils sont très ouverts, très intéressés par ce qu'ils sont en train de faire. Je leur apprends à faire des pareu, des chemises gao pour les jardiniers. On va loin dans la confection. C'est une formation complète de A à Z, car ils ne connaissent rien à la couture au départ."

le Jeudi 13 Septembre 2018 à 16:19 | Lu 2119 fois