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L'association Emauta au chevet des SDF depuis 20 ans


Marie-Claude Taputu travaille depuis 16 ans pour le foyer La Samaritaine.
Marie-Claude Taputu travaille depuis 16 ans pour le foyer La Samaritaine.
PAPEETE, le 25 janvier 2017. Depuis 20 ans, à travers les foyers le Bon Samaritain, la Samaritaine, Te Arata et Manini’a’ura, l’association « Emauta… pour redonner l’espoir » vient en aide aux hommes, femmes et enfants n’ayant plus de toi pour vivre. Pour fêter ces deux décennies de travail, une messe d’action de grâce sera donnée ce vendredi à l’église Maria no te Hau de Papeete.


Marie-Claude Taputu travaille depuis 16 ans pour le foyer La Samaritaine, situé aujourd'hui à La Mission, à Papeete. Le centre accueille depuis près de 20 ans des femmes avec ou sans enfants. Marie-Claude montre dans la salle à manger du foyer un grand tableau qui a été confectionné. En haut, une liste de tâches. En dessous de chacune des missions, le nom d’une personne accueillie. Le foyer de la Samaritaine accueille une trentaine de personnes, pour une durée en théorie de trois maximum « mais en fonction du projet et de son avancée, cela peut être plus long. Cela nous est arrivé de garder les familles un an quand le projet est solide », explique Manutea Gay, président de l’association « Emauta… pour redonner l’espoir ». Depuis 20 ans, l’association aide les personnes « en situation d'errance, qui vont être dans la rue ou y sont déjà » .

Au total, l’association s’occupe aujourd’hui de quatre foyers. Il y a 20 ans à sa création, le nombre de personnes sans domicile fixe à Tahiti était moins important qu’aujourd’hui. Mais des hommes et familles sans fare commençaient à trouver refuge dans la rue. « Il y a 25 ans, le phénomène d"errance n'existait pas. C'était marginal. Il y a  20-21 ans, des jeunes ont commencé à dormir dans la rue sur un carton ou un peue », se souvient Manutea Gay, qui était alors responsable du Secours catholique. « Ce n'était pas occasionnel. Dormir dans la rue en attendant le matin car on venait de la presqu'île c'était courant alors mais ce n'était plus du tout ça. Un de mes amis qui était médecin et responsable du dispensaire de Vaininiore m’a appelé un jour et m'a dit : ‘J'ai des patients qui ont plus besoin d'une douche, d'une savonnette et de linge propre que de médicaments. » Il me dit alors que juste à côté du dispensaire il y a un local disponible qui appartient à la mairie de Papeete et me demande si le Secours catholique ne pourrait pas faire quelque chose. On a alors mis en place le centre Te Vai-Ete, animé par le père Christophe aujourd’hui. On a démarré comme ça. »

Naissance du Bon Samaritain
En parallèle de cette première initiative, un groupe d’évangélisateurs de rue, nommé les messagers du bon berger, souhaitent aussi mettre en place pour héberger les hommes et les femmes de la rue. Une partie des membres de ce groupe a elle-même connu ce quotidien de débrouilles. Pepe Tehio, aujourd’hui directeur du Bon Samaritain, qui a lui aussi connu les côtés négatifs de la rue, est alors à la tête de ce groupe . Le foyer le Bon Samaritain voit alors le jour derrière Te Vai-ete.

Le foyer Manini’a’ura peut accueillir jusqu'à huit jeunes mamans avec leurs nourrissons
Le foyer Manini’a’ura peut accueillir jusqu'à huit jeunes mamans avec leurs nourrissons
L’association Emauta est née en décembre 1996 pour gérer le Bon Samaritain. Sur ce lieu sont reçus familles, femmes, hommes et enfants. Impossible alors de continuer à recevoir tous ces publics dans le même lieu. « Très rapidement l’association pris la décision d’ouvrir pour les femmes avec ou sans enfants le foyer de La Samaritaine en 1998, la même année le foyer maternel Manini’a’ura pour les jeunes mères mineures et leurs nourrissons et enfin en 1999 le foyer de l’arche Te Arata qui accueille les familles (père, mère, enfants) », décrit Manutea Gay.
Avec l’arrivée de la crise économique, il y a dix ans, les travailleurs des foyers gérés par l’association Emauta ont vu de jeunes couples trentenaires se retrouver sans toit pour dormir. « La crise économique que nous vivons depuis quelques années a jeté beaucoup de précaires à la rue », constate Manutea Gay. « Ils ont perdu leurs revenus et ont dû abandonner leur logement en location et être hébergés chez les parents ou les beaux-parents et parfois cette cohabitation finit mal. »

Aujourd’hui, 29 salariés travaillent dans les quatre foyers. Des psychologues interviennent également en plus pour aider et écouter les personnes hébergées mais aussi discuter avec le personnel, qui peut être confronté à des situations difficiles à gérer. Vingt après sa création, Manutea Gay souhaite continuer à professionnaliser les salariés de Emauta. Depuis cinq ans, l’association prévoit aussi de reconstruite le foyer de Mahina, qui accueille les jeunes mamans. Le lieu, ancien presbytère, est aujourd’hui vétuste et les locaux peu adaptés à l’accueil des jeunes filles avec leurs bébés. « Mais pour l’instant on n'a pas pu concrétiser cette idée", regrette Manutea Gay. L’association fêtera ses 20 ans ce vendredi par une messe d’action de grâce à l’église Maria no te Hau de Papeete.

Une messe vendredi

L’Association « Emauta… pour redonner l’espoir » fêtera ses 20 ans par une messe d’action de grâce à l’église Maria no te Hau de Papeete, présidée par Mgr Jean-Pierre Cottanceau, ce vendredi 27 janvier à 17H15

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 25 Janvier 2017 à 07:30 | Lu 4020 fois