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Jean-Christophe Bouissou : "Je ne présenterai pas ma candidature à Faa’a"


Jean-Christophe Bouissou dans le jardin de sa propriété familiale, à deux pas de l'endroit où il a vu le jour
Jean-Christophe Bouissou dans le jardin de sa propriété familiale, à deux pas de l'endroit où il a vu le jour
FAA’A, le 22 janvier 2014 : Alors que les élections municipales se profilent, le rival historique d’Oscar Temaru sur la commune de Faa’a, Jean-Christophe Bouissou, nous a reçu chez lui, à Fanatea, à quelques pas de la maison familiale où il a vu le jour. Très attaché à la commune où il a grandi, en compagnie d’ailleurs bien souvent de ceux qu’il affrontera plus tard sur le plan politique, le leader du Rautahi a cependant décidé de renoncer à présenter sa candidature aux élections municipales.
Celui qui fut secrétaire de fédération Tahoera’a Huira'atira avant de fonder son propre parti et qui décida de rallier ses forces vives au Parti orange lors des dernières territoriales a pris acte du choix effectué par le bureau du Tahoera'a de présenter Isabelle Sachet comme tête de liste sur Faa’a. "Il est normal à mon sens que le Taohera’a désigne une tête de liste du parti", explique-t-il sans amertume. "Je soutiendrais en son temps la liste qui saura présenter un programme constructif pour la commune." Sa préférence va à la liste Taohera’a, mais Jean-Christophe Bouissou attend de voir ce qu'il va se passer du côté des autonomistes. Il lui semblerait préférable qu’une liste d’union des autonomistes se constitue, réunissant A Tia Porinetria, le Tahoera’a, et le parti Porinetia Ora de Teiva Manutahi, "ce qui augmenterait la capacité des autonomistes à battre Oscar Temaru dans son fief dès le premier tour", argumente-t-il.

Jean-Christophe Bouissou pense également à son avenir politique au regard des décisions qui viennent d’être prises à Paris en matière de non-cumul des mandats.


Interview :

"J’ai décidé de ne pas me présenter aux élections municipales. J’ai assez mûrement réfléchi ces derniers jours, voir ces dernières semaines. Je me suis présenté deux fois, en 2001 puis en 2008".
En 2001 j’étais président de fédération au Tahoera'a Huira'atira. En 2008, j’avais créé mon propre parti, le Rautahi, et je ne me présentais non pas sous la bannière d’un parti politique mais pour une liste de rassemblement. On avait fait pratiquement 4000 voix… aucun candidat n’avait jamais obtenu un tel score face à Oscar Temaru. Sur Faa’a, les dernières élections législatives et territoriales, démontrent que, pour la 1ère fois, Oscar peut être mis en balance. Mais pour cela il faut qu’une liste cohérente se mette en place en face. Il faut éviter la démultiplication des listes.

Pourquoi avez-vous décidé de ne pas vous présenter ?

Je m’aperçois que des listes sont en cours de montage et des têtes de liste sont déjà annoncées. C’est le cas pour le Tahoera'a Huira'atira, c’est le cas pour Teiva Manutahi, pour ATP, et je me rends compte qu’une fois de plus on a cette incapacité, chez les autonomistes, a pouvoir décider ensemble, on ne parvient pas à designer quelqu’un, - qui ne serait pas forcément moi, d’ailleurs- , quelqu'un qui saurait mener une liste sur la commune de Faa’a, sachant que le regroupement des forces permettrait d’entrevoir une possibilité de victoire. Donc, mon souhait n’est pas de rajouter de la division à la division. Je ne souhaite pas monter une liste, me présenter pour me présenter…même s’il m’en coûte de le faire, j’aime cette commune, les gens de Faa’a me considèrent comme étant « le » challenger d’Oscar, et pourtant c’est une décision que je prends, après l’avoir exposée à mon bureau exécutif, qui me soutient à l’unanimité.

Il y a un autre point qui est important pour moi. Je sais que partir dans une bataille électorale, même pour des municipales, alors que nous sommes dans une même majorité à l’Assemblée, m’expose à des polémiques, des possibilités d’opposition vis-à-vis de mes partenaires. Alors que nous sommes en train de reconstruire le Pays, en train d’amener les gens à avoir confiance en ce que nous sommes en train de faire, et que nous nous sommes présentés ensemble aux territoriales. Alors que nous avons regagné la confiance des électeurs, que je suis moi-même vice- président de l’Assemblée et que je travaille en étroite collaboration avec le président de l’Assemblée Edouard Fritch, et qu’il y aune grande confiance entre nous, je n’ai pas envie que cette bataille électorale vienne ternir ce regard de la population sur cette cohésion majoritaire qui existe. Pour moi c’est important de regarder au-delà de ces élections, il y a encore plus important pour moi : le Pays, sa cohésion, sa reconstruction, l’unité, la confiance que les gens doivent pouvoir retrouver dans les leaders, l’élite du Pays.

Troisième chose : il y a une loi en métropole qui vient d’être votée par le Parlement sur le non cumul des mandats. Je ne cache pas que j’aspire peut-être à me présenter à d’autres élections plus tard. Il aurait fallu à un moment donné faire un choix de toutes manières entre un mandat national et un mandat local, de maire, ou même de président d’une institution locale, de l’assemblée ou du gouvernement – ce qui ne s’appliquerait pas à moi, je n’ai pas cette ambition d’occuper des fonctions de Président du gouvernement. Il y a d’autres personnes qui se sont formées pour ça, en tous cas sont préparées pour ça, je pense notamment à Edouard Fritch qui en a parfaitement la capacité…au cas ou, bien-sûr, et j’estime qu’il faut aussi montrer de l’honnêteté vis-à-vis des gens et ne pas se présenter pour des élections municipales, gagner éventuellement ces élections , pour finalement opter pour un autre mandat. C’est un point que j’ai considéré également à un moment donné et qui m’a amené à me positionner vraiment par rapport aux élections municipales.

A quel type de mandat pensez-vous précisément? député? sénateur ?

Je souhaite, si cela doit se faire ou peut se faire à l’avenir, que cela se fasse en concertation avec mes partenaires, on n’est jamais seul pour gagner ; il faut avoir le soutien du Tahoeraa, de toute façon. Ces élections vont se faire en fin d’année, c’est un peu prématuré pour aborder dans le détail cette question là. Mais ce que je veux dire c’est que je peux apporter au Pays ma contribution politique par ma capacité à intervenir sur le plan national, je connais bien les rouages des institutions, je pense que je peux servir le Pays dans ce cadre-là.

Que pensez-vous de la candidature d’Isabelle Sachet en tête de liste du Tahoera'a à Faa’a?

Isabelle Sachet est une personne que j’apprécie beaucoup. Nous avons mené ensemble la campagne pour les territoriales, avec d’autres, Maina Sage, Jean Temauri et d’autres. C’est une personne qui a des capacités, très intelligente, elle mérite d’être découverte par la population. Je ne sais pas pour l’instant qui sont les autres personnes qui seront sur la liste. Je pense qu’ il y aura sur la liste une forte représentation des personnes issues du Tahoera'a, j’attends de voir aussi quels seront les projets qu'Isabelle va mettre en avant.
Je viendrais à formuler, dans un deuxième temps mon soutien officiel, j’appellerai ceux qui m’ont toujours fait confiance à se positionner au regard de cette élection. Je serais clair, je ne laisserais pas les gens dans le doute. Je le ferai très certainement et officiellement dans les jours qui viennent. Il y a d’autres candidats qui sont très bien également, je ne dédaigne pas des aspects aussi positifs d’autres candidats. Avec ce recul que je prends, même si ça a été assez difficile pour moi de prendre une telle décision, parce qu'un homme politique est quelqu’un qui se bat.
Ayant décidé de ne pas participer, pour les raisons évoquées tout à l’heure, je peux regarder avec un certain recul et sans passion les candidats. Je connais bien Oscar Temaru, j’étais son conseiller municipal pendant 6 ans, je connais son mode de fonctionnement, j’ai beaucoup apprécié d’ailleurs les débats et les décisions qui ont été prises au sein du conseil municipal, j’ai fait une opposition plutôt constructive, ils le reconnaissent eux-mêmes, mais en même temps j’ai une autre offre politique à faire au niveau de la commune car je reste persuadé qu’on peut mieux faire avec des convictions et un programme.

On voit bien que Faa’a a très peu évolué pendant toutes ces années, les quartiers demeurent « ce qu’ils sont », le centre de Faa’a c’est une peu la « cour des miracles », les gens sont laissés à l’abandon : les jeunes, la drogue, la délinquance ; il y a un manque de contrôle dans l’évolution de cette commune, on le voit, les gens sont laissés à eux-mêmes, des constructions, hors norme non réglementaires, on voit bien qu’il y a du côté d’Oscar une sorte d’acceptation, et c’est une erreur, ça ne sert pas à la population et c’est la porte d’entrée au niveau du Pays ! On a intérêt, pour le Pays et pas uniquement pour la commune, de faire en sorte que le retard soit rattrapé au niveau de l’urbanisation, des conditions de vie de la population.
Donc pour en revenir aux autres candidats, je ferai savoir ma position mais j’ai déjà ma petite idée aujourd’hui, mais une fois encore ça se fera sur les programmes, sur les autres candidats des listes, pour le moment, Isabelle Sachet tient le haut du pavé sur cette affaire.


Isabelle Sachet n’est pas très connue, est-ce que cela ne risque pas d’être un handicap face au candidat Oscar Temaru ?

C’est vrai qu’on peut penser que le fait qu’Isabelle ne soit pas bien connue dans la commune, même si elle est connue dans son milieu, soit ennuyeux … Il aurait fallu faire une campagne un peu plus longue ; mais c’est la décision d’avoir attendu. Cela étant, en l’espace de deux mois et demi il est encore possible qu’elle soit mieux connue. Moi-même, lorsque je ferai savoir mon soutien, j’appellerai les gens qui m’ont toujours accompagné, à soutenir cette liste-là.

Est-ce qu’il n’y a pas un peu d’amertume, au moment où il vous semble possible de battre le candidat Oscar Temaru, de renoncer à cette élection ?

Ce n’est pas de l’amertume, je me suis présenté déjà deux fois. Les deux fois, il y avait 6 ou 7 listes qui s’étaient présentées face à Oscar Temaru, cela provoque une division des voix. Il faut éviter le risque d’éparpiller les voix. A un moment donné, il faut essayer de raisonner, à défaut d’avoir « d’autres qui raisonnent », il faut que je raisonne moi-même. Je ne peux pas dire, par exemple : "Ils ont tous conçu leurs listes aux élections municipales, ils n’ont pas compris qu’ils devaient tous être derrière moi". Je renvoie sur les autres l’image que je produis moi-même. En déposant ma liste je viendrais à agir comme tout le monde. Ce que je veux démontrer c’est qu’on peut être capable de dépasser son sentiment personnel fort, qu’on peut avoir à l’intérieur de soi-même, pour se présenter à une élection, pour se dire que si on a moins de listes à cette élection municipale, si on fait bien comprendre auprès des électeurs « où se concentre le choix », on aura plus de chance… Moi, je m’exprimerai sur mon choix. Je crois bien qu'après cet interview j’aurai beaucoup de gens qui vont m’appeler pour en savoir un peu plus sur cette décision. Je vais m’exprimer et je me ferai entendre par mon électorat, cela représente près de 4 000 personnes sur Faa’a, ce ‘nest pas rien ! Il faut que j’arrive à me faire comprendre sur cette décision. Beaucoup de gens vont avoir du mal à comprendre et je voudrais partager ce sentiment que j’ai qu’il faut que l’on sauvegarde cette cohésion sur le plan territorial : c’est le plus important pour moi aujourd’hui. Je ne veux pas partir dans une bataille municipale sans avoir le soutien de mes compagnons de la majorité, maintenant que leur décision est prise, je dois prendre cette décision.

Vous aviez rallié le Tahoera'a pour les territoriales, en apportant avec vous votre électorat, n’attendiez-vous pas « en retour » d’être désigné comme tête de liste du Tahoera'a sur Faa’a ?

Je crois que Gaston Flosse l’avait annoncé lui-même, que le choix de son parti politique porterait sur les têtes de listes au sein du Tahoera'a huira'atira. C’est peut-être là que nous aurions dû travailler depuis quelques temps à imaginer une certaine forme de fusion pour que, au moins sur cette élection municipale, nous puissions arriver à se déterminer ensemble. Mais il y a d’autres contraintes, des contraintes internes, au sein des partis, des fédérations. J’ose imaginer que les présidents de sections souhaitent également présenter leurs candidats. Ce n’est pas si facile que ça et je n’ai absolument pas à critiquer les décisions qui sont prises. Je sais comment ça fonctionne, j’ai été moi-même secrétaire général du Tahoera'a huira'atira, je suis président d’un parti, nous allons avoir des candidats sur d’autres communes, je sais les difficultés que cela peut provoquer de représenter une candidature externe au parti, eu égard au travail que bon nombre de militants réalisent dans leur propre structure. Je n’ai pas d’animosité, bien au contraire. Maintenant que j’ai pris cette décision, j’ai un certain recul. On dit toujours que les hommes politiques ont du mal à laisser émerger des compositions jeunes , montantes et là je viens de prendre cette décision et ça me fait plaisir à présent de le faire, je le fait parce que j’estime que le mouvement des choses s’engrange de cette manière, avec des hommes et des femmes politiques capables de rester en « background » pour aider cette jeunesse à émerger.

Avez-vous eu une discussion avec Gaston Flosse au sujet de cette élection municipale ?

Il y a eu des rencontres qui se sont tenues, même des discussions avec d’autres mouvements pour essayer de se mettre ensemble. Ces processus ont été avortés pour des considérations propres à chaque mouvement. Rien est à écarter, cependant, on n'en est pas encore au dépôt des listes. Est-ce qu’il est encore possible qu'ATP, avec le Tahoera'a huira'atira, avec Teiva Manutahi, avec mon soutien, que tout cela puisse à un moment donné converger et faire preuve d’intelligence ? Peut-on arriver à se dire « ah tiens si on se met ensemble, on va gagner» ? J’apporterai mon soutien, je serai content si j’apprenais demain, et si je peux contribuer à aller dans ce sens, que l’ATP, le Tahoera'a et Teiva Manutahi se sont entendus pour se mettre sur une liste commune, parce que là on mettrait tous nos atouts du côté de autonomistes pour gagner ces élections dès le 1er tour. A partir du moment où il y a deux grosses forces en présence on aurait beaucoup plus de chances de remporter cette élection que si chacun part de son côté.

Dans ce cas pourriez-vous changer d’avis ?

Non car ce serait inintelligent de ma part, mais j’apporterai mon soutien à cette formule. En terme de soutien, je trouve qu’il y a des qualités chez Isabelle, je dirais en premier, je trouve qu’il y a aussi de très bonnes choses chez Teiva Manutahi, ce garçon est combatif, et aussi Teura, car elle était au conseil municipal. D’ailleurs je trouve que ces gens-là sont assez complémentaires. Donc si les gens comprennent qu'avec mon soutien, il y a matière à gagner… Les deux fois où je me suis présenté je n’ai pas eu le soutien de tout les autonomistes avec moi. Mon idéal serait donc une liste d’union que je soutiendrais mais si ça ne doit pas se faire je me positionnerai clairement sur la base que j’ai évoquée plus haut.

Jean-Christohe Bouissou tāne : « ‘Aita vau e horo i roto i teie mā’itira’a, i Fa’a’a »

FAA’A, i te 22 nō tēnuare o te matahiti 2014 : ‘Ua ‘ite ihoa tātou, te piri mai ra te tau nō te mā’itira’a ‘oire, ‘inaha ‘ua tītau manihini mai o Jean-Christophe Bouissou tāne iā mātou i tō na iho fare, i Faa’a, i te vāhi ra o te pi’i hia Fanatea. Mea here ihoa ‘ō na i tō na ‘oire, ‘ua pa’ari ‘oia i pīha’iiho noa i tetahi atu ā mau tamari’i, o tei riro atu vētahi ‘ei mero poritita i teienei mahana. Teie ra, ‘aita te upo’o tāpura nō te pūpū Rautahi e horo i roto i teie mā’itira’a. I tō na fērurira’a, mea au nā na ‘ia fa’atura i te fā’otira’a a te pūpū Puatou o tei hīna’aro e tu’u atu iā Isabelle Sachet ‘ei ti’a nō rātou, i roto i teie mā’itira’a. A ha’amana’o na, i teie mā’itira’a i nō te fa’a’āpī i te mau mero i te Fare ‘Āpo’ora’a Rahi nō Porinetia, ‘ua tāpiri atu ‘oia i te pae rahi. Teie tā na tātarara’a : « E ti’a ihoa iā te Tāhō’ēra’a e mā’iti atu hō’ē ti’a nō roto mai i taua pūpū ra. E pāturu atu ihoa vau i te tāpura o tei vauvau mai i tetahi tārena ‘ohipa pāpū ‘e te mea ti’a, pēnei a’e tō te Tāhō’ēra’a. Na mua roa ra, tē tia’i nei au ‘eāha te fā’otira’a o te mau pūpū ‘ōtōnomi. » Ia au noa i tō na mana’o, mea hau a’e paha ‘ia horo ‘āmui atu te mau pūpū ‘ōtōnomi, o A Ti’a Porinetia, te Tāhō’ēra’a e o Porinetia Ora, ‘ia riro atu ‘ei hō’ē noa.

Rédigé par () le Mercredi 22 Janvier 2014 à 15:12 | Lu 2460 fois