Pascal Charvet, vice-recteur de Polynésie française
"Méfiez-vous des hommes qui rêvent tout éveillés, un jour ils réaliseront leurs rêves". La citation est empruntée à Lawrence D’Arabie, elle interpelle en grosses lettres, plaquée sur le mur du couloir à l’entrée du bureau de Pascal Charvet. Mercredi 18 septembre, dans l’entourage du vice recteur de Polynésie française, une certaine émulation règne en fin de journée dans le grand bureau du 4e étage de l’immeuble Uupa, à Papeete. L’instant est au débriefing du stage intensif de préparation au concours d’entrée à l’Institut d’études Politiques (IEP), qui vient de s’achever au lycée La Mennais.
Plus de 150 étudiants de Terminale ont choisi de renoncer à trois jours de leurs vacances scolaires pour y participer. En outre, tous les mercredis après-midi depuis la fin août, ces mêmes lycéens et pratiquement autant d'élèves de Première se prêtent déjà volontairement à la "Prépa Sciences-Po" organisée par le vice-rectorat, avec le concours du ministère de l’Education.
Une initiative pleine d’énergie à laquelle collaborent dans une belle émulation une quinzaine de professeurs, sous l’œil bienveillant d’un enthousiaste Pascal Charvet tantôt investi vice-recteur, souvent Inspecteur général de l’Education nationale.
En termes de moyens, cette année l’entreprise ne coûtera guère plus que l’équivalent du traitement annuel d’un mi-temps. Autant dire pas grand-chose pour un vice-rectorat qui rémunère près de 6 000 enseignants en Polynésie française. Mais l'initiative a la vertu de mettre en application ce principe républicain de l’égalité de chacun devant l’école, la promotion du mérite sans considération d’ordre social ni financier.
Tout est parti d’un terrain propice, en juillet dernier : cela fait plusieurs années déjà que les associations des "Anciens de Sciences-Po Aix" et des "Anciens élèves de l’IEP", nourrissent le projet le mettre en œuvre une telle formation permanente sur le territoire. Proche de Vincent Peillon, Pascal Charvet, ancien directeur de l'Onisep, prend ses fonctions au vice-rectorat de Papeete en mai dernier, animé par la volonté de "donner plus à ceux qui ont le moins", une idée-force prônée par le ministre de l’Education nationale.
Aujourd’hui la Prépa est en route à Tahiti, les élèves qui la suivent auront l’opportunité de passer le concours d’entrée à Sciences-Po en mai prochain pour intégrer l’un des sept instituts d’études politiques qui parrainent l’initiative avec Paris Dauphine.
Et l’IEP Aix-en-Provence envisage d’ouvrir une antenne tahitienne dès 2014 à l’Université de Polynésie française.
Sciences-Po à Tahiti en 2014
Plus de 150 étudiants de Terminale ont choisi de renoncer à trois jours de leurs vacances scolaires pour y participer. En outre, tous les mercredis après-midi depuis la fin août, ces mêmes lycéens et pratiquement autant d'élèves de Première se prêtent déjà volontairement à la "Prépa Sciences-Po" organisée par le vice-rectorat, avec le concours du ministère de l’Education.
Une initiative pleine d’énergie à laquelle collaborent dans une belle émulation une quinzaine de professeurs, sous l’œil bienveillant d’un enthousiaste Pascal Charvet tantôt investi vice-recteur, souvent Inspecteur général de l’Education nationale.
En termes de moyens, cette année l’entreprise ne coûtera guère plus que l’équivalent du traitement annuel d’un mi-temps. Autant dire pas grand-chose pour un vice-rectorat qui rémunère près de 6 000 enseignants en Polynésie française. Mais l'initiative a la vertu de mettre en application ce principe républicain de l’égalité de chacun devant l’école, la promotion du mérite sans considération d’ordre social ni financier.
Tout est parti d’un terrain propice, en juillet dernier : cela fait plusieurs années déjà que les associations des "Anciens de Sciences-Po Aix" et des "Anciens élèves de l’IEP", nourrissent le projet le mettre en œuvre une telle formation permanente sur le territoire. Proche de Vincent Peillon, Pascal Charvet, ancien directeur de l'Onisep, prend ses fonctions au vice-rectorat de Papeete en mai dernier, animé par la volonté de "donner plus à ceux qui ont le moins", une idée-force prônée par le ministre de l’Education nationale.
Aujourd’hui la Prépa est en route à Tahiti, les élèves qui la suivent auront l’opportunité de passer le concours d’entrée à Sciences-Po en mai prochain pour intégrer l’un des sept instituts d’études politiques qui parrainent l’initiative avec Paris Dauphine.
Et l’IEP Aix-en-Provence envisage d’ouvrir une antenne tahitienne dès 2014 à l’Université de Polynésie française.
Sciences-Po à Tahiti en 2014
Une partie des lycéens du stage intensif organisé à La Mennais de lundi à mercredi 18 septembre
Plusieurs enseignants de l’université travaillent déjà sur la maquette de ce que sera la scolarité dispensée pour les deux premières années de cette formation, sur le campus de Outumaoro. "Concrètement, développe le vice-recteur, cela veut dire que les jeunes qui n'ont pas l'argent pourront faire l'IEP, parce qu'au bout de 2 ans, s'ils sont méritants ils trouveront aisément les bourses ou les aides pour partir. Le bac seul en poche, sans les moyens comment voulez-vous faire pour partir en métropole ? La plupart renoncent. On a les exemples. Le côté justice sociale de ce projet, c'est permettre à des jeunes d'être formés gratuitement, en étant suivis ici".
"Nul ne sait de quoi demain sera fait : avec un diplôme, en temps de crise, c’est tout de même mieux que sans. L’IEP, c’est la possibilité de faire de l’international, c’est la possibilité de… les parents savent que ce n’est pas seulement une question de promotion sociale : il faut être ambitieux pour la Polynésie. Les jeunes Polynésiens sont excellents et on doit leur offrir – c’est un devoir de l’Etat –, nous leur devons de répondre à cette excellence par des formations qui tiennent la route. Le Pays soutient, c’est ça aussi qui fait la force de ce projet. C’est en tout cas une belle manière de dire que la Polynésie sait réinventer son avenir".
La Prépa Sciences-Po de Tahiti, c’est aussi un site internet en construction : une Prépa-IEP numérique, premier site de ressources pédagogiques destinées aux élèves conçu par une équipe constituée de professeurs du privé, du public, de la "fac", de l’Inspection de l'Education.
L'initiative dépoussière au passage une certaine image sclérosée que l'on peut se faire du système éducatif en Polynésie française. Sept lycées y participent : Taaone, Aorai, Papara, La Mennais, Sacré-Coeur de Taravao, le lycée Paul Gauguin et celui de Uturoa. "Qui aurait cru que pendant la compétition de Beach soccer, durant trois jours, autant de monde serait là, pendant les vacances scolaires, au stage intensif ?", questionne Pascal Charvet. "Il n’y avait pas de formation gratuite ici, pour eux avant cela ! Ce stage leur a proposé exactement la formation IPESUP, payante".
"Nous luttons avec les jeunes Polynésiens, pour démontrer qu’ils ont un incroyable potentiel, une incroyable motivation. Sur une classe d’âge d’à peu près mille élèves, 250 suivent la formation Prépa Sciences-Po, cette année. Un quart des élèves de la voie générale suit cette formation parce qu’ils ont compris que cela leur permettrait de faire des études supérieures mieux".
Christian Duval, le directeur de l'IEP Aix, réalise en octobre prochain une mission en Polynésie dans la perspective de l'ouverture, l'année prochaine, d'une antenne de la Grande école, à Tahiti. Mais celle-ci n'ouvrira qui si au moins 7 candidats au concours sont reçus, en mai prochain...
"On peut se tromper, mais on s’est donné tous les moyens pour réussir ; et les élèves en sont conscients", résume Pascal Charvet. "Cette conscience des élèves qui partent à l’assaut d’un concours, c’est nouveau et c’est très important".
"Nul ne sait de quoi demain sera fait : avec un diplôme, en temps de crise, c’est tout de même mieux que sans. L’IEP, c’est la possibilité de faire de l’international, c’est la possibilité de… les parents savent que ce n’est pas seulement une question de promotion sociale : il faut être ambitieux pour la Polynésie. Les jeunes Polynésiens sont excellents et on doit leur offrir – c’est un devoir de l’Etat –, nous leur devons de répondre à cette excellence par des formations qui tiennent la route. Le Pays soutient, c’est ça aussi qui fait la force de ce projet. C’est en tout cas une belle manière de dire que la Polynésie sait réinventer son avenir".
La Prépa Sciences-Po de Tahiti, c’est aussi un site internet en construction : une Prépa-IEP numérique, premier site de ressources pédagogiques destinées aux élèves conçu par une équipe constituée de professeurs du privé, du public, de la "fac", de l’Inspection de l'Education.
L'initiative dépoussière au passage une certaine image sclérosée que l'on peut se faire du système éducatif en Polynésie française. Sept lycées y participent : Taaone, Aorai, Papara, La Mennais, Sacré-Coeur de Taravao, le lycée Paul Gauguin et celui de Uturoa. "Qui aurait cru que pendant la compétition de Beach soccer, durant trois jours, autant de monde serait là, pendant les vacances scolaires, au stage intensif ?", questionne Pascal Charvet. "Il n’y avait pas de formation gratuite ici, pour eux avant cela ! Ce stage leur a proposé exactement la formation IPESUP, payante".
"Nous luttons avec les jeunes Polynésiens, pour démontrer qu’ils ont un incroyable potentiel, une incroyable motivation. Sur une classe d’âge d’à peu près mille élèves, 250 suivent la formation Prépa Sciences-Po, cette année. Un quart des élèves de la voie générale suit cette formation parce qu’ils ont compris que cela leur permettrait de faire des études supérieures mieux".
Christian Duval, le directeur de l'IEP Aix, réalise en octobre prochain une mission en Polynésie dans la perspective de l'ouverture, l'année prochaine, d'une antenne de la Grande école, à Tahiti. Mais celle-ci n'ouvrira qui si au moins 7 candidats au concours sont reçus, en mai prochain...
"On peut se tromper, mais on s’est donné tous les moyens pour réussir ; et les élèves en sont conscients", résume Pascal Charvet. "Cette conscience des élèves qui partent à l’assaut d’un concours, c’est nouveau et c’est très important".
La "Prépa numérique" à Science-Po. Le site polynésien trilingue est en construction et sera accessible début octobre.
