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Décroissance, simplicité, localisme : l’ébauche d’un programme politique pour la Polynésie ?


François Paul-Pont
François Paul-Pont
Plutôt qu’une décroissance subie, si on optait pour une décroissance volontaire ? C’est la proposition osée de François Paul-Pont. Dans un essai de philosophie économique disponible sur internet, « Et si on devenait raisonnables », cet économiste, professeur de communication à l’ISEPP, propose un nouveau paradigme économique pour la Polynésie française, fondé sur trois concepts : décroissance sélective, simplicité volontaire, localisme…Utopique ?

« Ralentir est devenu impératif », répond François Paul-Pont qui veut croire que parfois, le rêve devient réalité. Cette théorie, il l’a empruntée aux partisans de la « décroissance », ce mouvement minoritaire qui prône une rupture avec l’obsession capitaliste de la croissance et de la consommation. Et nos limites ? s’interrogent ces trouble-fêtes, qui rappellent que les ressources naturelles sont limitées, et que notre modèle s’essouffle.


Décroissance, simplicité, localisme : l’ébauche d’un programme politique pour la Polynésie ?
Privilégier la production de proximité

Contrairement au « consensus mou » qui prévaut derrière la notion de développement durable, la décroissance est un mot « choc ». Elle a pour but la réduction des inégalités, parce que ce sont elles qui créent ce besoin d’imitation des classes aisées. François Paul-Pont plaide donc pour une société qui reviendrait à l’essentiel, et sonnerait le glas de ces modes de « consommation paradoxaux » si fréquents sous nos tropiques, avec « ces personnes aux revenus modestes qui font le choix de d’endetter sur 5 ou 7 ans pour acquérir un gros 4x4 de plusieurs millions, plutôt que de refaire avec une somme moindre la toiture de leur maison qui prend l’eau à chaque pluie»...

En Polynésie, le retour à l’essentiel passera forcément par un retour à la terre, affirme Paul-Pont. A la Nature avec un grand N qui devrait « être reconnue comme un sujet de plein droit ». Et de rappeler ce précepte polynésien : Eere oe te fatu o te fenua, te fenua ra tei fatu ia oe : la terre ne t’appartient pas, tu appartiens à la terre. François Paul-Pont encourage le développement de l’agriculture en Polynésie, et propose de créer un « bassin de vie » afin de « reterritorialiser » les activités humaines. On appelle ça le localisme, « une doctrine qui consiste à privilégier ce qui est local, sans toutefois se fixer de limites frontalières, afin de favoriser la démocratie participative, la cohésion sociale et la production de proximité, donc l’emploi local et la préservation de l’environnement via une moindre empreinte écologique liée au transport de marchandises ».

Retour à la terre, aux valeurs traditionnelles… Les idées ne sont pas sans rappeler les idéaux politiques d’un certain Temaru. Une convergence d’idées que ne nie pas F. Paul-Pont, qui prend pourtant ses distances avec le personnage. « Mes divergences avec lui sont plus nombreuses que mes convergences... Se pose également le problème de sa « capabilité » à mettre effectivement en œuvre ce qu'il prône ». Qui aurait cette « capabilité » en Polynésie ? « Je travaille avec un homme politique local pour transformer cet essai en programme» explique l’économiste, qui choisit d’en taire le nom. Mais révèle tout de même que c'est... un autonomiste. Pour François Paul-Pont, c’est sur la capacité à présenter un projet de société cohérent avec ces concepts que pourraient se jouer les élections territoriales de 2013.

le Jeudi 1 Septembre 2011 à 16:52 | Lu 4673 fois